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L'Iran a utilisé des vols humanitaires après les séismes pour livrer des armes à la Syrie

Reuters révèle que l'Iran a envoyé du matériel militaire déguisé en matériel de secours à la Syrie, dans le cadre de l'aide humanitaire aux rescapés des séismes meurtrier du 6 février. Israël a réagi en menant des attaques ciblées sur l'aéroport d'Alep, selon cette enquête. 

Déchargement de l'aide humanitaire envoyée par l'Iran à l'aéroport d'Alep, le 8 février 2023.
Déchargement de l'aide humanitaire envoyée par l'Iran à l'aéroport d'Alep, le 8 février 2023. © AFP
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Batteries de radars, équipements de communication avancés, pièces détachées pour système de défense aérienne... D'après une enquête menée par Reuters, qui s'appuie sur neuf sources d'origine syrienne, iranienne, israélienne et occidentale, l'Iran a profité des vols d'aide humanitaire vers la Syrie, à l'issue des séismes du 6 février, pour livrer des armes et de l'équipement militaire à son allié.

D'après ces sources, l'objectif était de renforcer les défenses iraniennes face à Israël en Syrie et de conforter la position du président syrien Bachar al-Assad.

Après les tremblements de terre du 6 février qui ont touché le nord de la Syrie et la Turquie, des centaines de vols depuis l'Iran ont atterri dans les aéroports d'Alep, de Damas et de Lattaquié pour apporter des fournitures, et ce sur une durée de sept semaines, ont indiqué les sources.

Les fournitures comprenaient des équipements de communication avancés, des batteries de radars et des pièces détachées nécessaires à la modernisation prévue du système de défense aérienne de la Syrie fourni par l'Iran dans le cadre de la guerre civile, ont déclaré deux sources régionales et une source de renseignement occidentale.

Reuters s'est entretenu avec des responsables des services de renseignement occidentaux, des sources proches des dirigeants iraniens et israéliens, ainsi qu'avec un transfuge militaire syrien et un officier syrien en service au sujet des vols.

L'Iran nie avoir livré ces armes

Interrogé sur le fait de savoir si les vols de soutien humanitaire après le séisme avaient servi à transférer de l'équipement militaire vers la Syrie, la mission iranienne basée aux Nations unies à New York a répondu par la négative.

"C'est faux", a-t-elle dit à Reuters. Le gouvernement syrien n'a pas répondu à une demande de commentaires. Des sources régionales ont quant à elles indiqué à Reuters qu'Israël avait été rapidement au courant de l'afflux d'armes vers la Syrie et avait monté une campagne pour contrer ces livraisons.

"Le tremblement de terre a été une triste catastrophe, mais en même temps, Dieu nous a aidé à aider nos frères syriens dans leur lutte contre leurs ennemis. Des cargaisons d'armes ont été immédiatement envoyées en Syrie", a déclaré une source régionale proche du clergé iranien.

Frappes israéliennes sur l'aéroport d'Alep

Selon le général de brigade Yossi Kuperwasser, ancien responsable de la recherche au sein de l'armée israélienne et ancien directeur général du ministère des Affaires stratégiques, des frappes aériennes israéliennes contre les cargaisons se sont appuyées sur des renseignements si précis que l'armée israélienne savait quel camion d'un long convoi viser.

"Sous le couvert de l'envoi d'aide à la Syrie pour les tremblements de terre, Israël a constaté d'importants mouvements d'équipements militaires en provenance d'Iran, principalement transportés sous forme de pièces détachées", a déclaré à Reuters un responsable iranien de la Défense, qui a souhaité conserver l'anonymat.

L'aide a été principalement fournie via l'aéroport d'Alep, au nord de la Syrie, a-t-il ajouté. Les livraisons ont été organisées, selon lui, par la division syrienne de l'unité 18 000 de la Force Al-Qods, la branche paramilitaire à l'étranger des Gardiens de la révolution iraniens, dirigée par Hassan Mehdoui.

Le transport au sol a été géré par l'unité de transports 190 de la Force Al-Qods menée par Bahanem Shahariri, a encore précisé ce responsable. Reuters n'a pas été en mesure de joindre Hassan Mehdoui et Bahanem Shahariri pour un commentaire. Les Gardiens de la révolution n'ont pas souhaité faire de commentaire.

"Les frappes israéliennes ont également visé une réunion de commandants de milices iraniennes et des livraisons de puces électroniques destinées à améliorer les systèmes d'armement", a déclaré le colonel Abdul Jabbar al-Oqaidi, un ancien colonel de l'armée syrienne qui a fait défection et qui conserve des contacts avec l'armée.

>> À lire aussi : Un raid israélien provoque la mise hors service de l'aéroport international d'Alep

Il n'a pas précisé où se tenait la réunion, ni la date de cet événement. La piste d'atterrissage d'Alep a été frappée par Israël quelques heures seulement après l'atterrissage de deux avions-cargo iraniens transportant des armes sous le couvert d'aide humanitaire, a indiqué une source régionale, une information confirmée par deux autres sources de renseignement occidentales.

L’aéroport d’Alep a effectivement été visé par plusieurs frappes israéliennes, le 7 puis de nouveau le 22 mars

Israël intensifie ses efforts pour faire reculer l'Iran en Syrie

D'après un officier de l'armée syrienne, qui a demandé à ne pas être nommé, les Israéliens intensifient leurs efforts pour vaincre l'Iran en Syrie. Début avril, l'armée israélienne a ciblé des entrepôts d'armes dans la chaîne de montagnes Jabal Manea Kiswa, située au sud de la capitale syrienne Damas, ont déclaré une source de sécurité régionale et deux sources de renseignement occidentales.

À cet endroit, les troupes iraniennes et le Hezbollah libanais ont construit ce qui est probablement leur site militaire le plus fortifié en Syrie. Une station radar utilisée pour les drones a également été touchée le 3 avril, a ajouté la source régionale, corroborant les déclarations de deux sources de renseignement occidentales à Reuters.

"Nous pensons que les milices iraniennes ont transféré d'énormes quantités de munitions - elles ont réapprovisionné les quantités perdues lors des précédentes frappes de drones israéliens", a déclaré une source de renseignement occidentale.

Avec Reuters

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