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arme incendiaire

Qu'est-ce que le phosphore blanc, que des ONG accusent Israël d'utiliser à Gaza ?

Deux associations humanitaires accusent l'armée israélienne, qui dément, d'avoir fait usage contre Gaza de phosphore blanc. De quoi s'agit-il, et quelles sont les règles qui encadrent l'usage de cette arme incendiaire, source de dégâts humains considérables ? Explications.

Une arme incendiaire israélienne larguée au-dessus du port de la ville de Gaza, le 11 octobre 2023.
Une arme incendiaire israélienne larguée au-dessus du port de la ville de Gaza, le 11 octobre 2023. © Mohammed Abed, AFP
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Au cours de son assaut aérien contre la bande de Gaza, en réponse aux attaques du Hamas, l'armée israélienne aurait eu recours à du phosphore blanc, les 10 et 11 octobre. C'est ce qu'affirment deux ONG sur place, Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International.

"Israël a utilisé du phosphore blanc lors d’opérations militaires à Gaza et au Liban, exposant les civils à des risques de blessures graves et à long terme ; a assuré HRW dans un post sur X (ex-Twitter). Le phosphore blanc est susceptible de causer des brûlures insupportables et de mettre le feu à des habitations. Son usage dans des zones peuplées est illégal." 

Pour appuyer ces allégations, l'association a relayé des vidéos qui montrent des colonnes de fumée blanches et denses, à la suite des bombardements. Plusieurs experts interrogés par nos confrères de France info et par le Washington Post confirment cette hypothèse.  

De leur côté, les autorités israéliennes ont officiellement démenti. "L'État d'Israël dément toute utilisation du phosphore blanc, a écrit l'ambassade d'Israël en France dans un communiqué. Conformément au droit international, ce type d'arme n'est pas utilisé par Tsahal contre le groupe terroriste Hamas. Nous condamnons avec la plus grande fermeté la presse et les élus qui font état, sans aucune autre preuve que des vidéos détournées d'une autre guerre, de l'utilisation du phosphore blanc par Tsahal." 

Alors quelle est cette arme au cœur de la controverse, et quels sont les enjeux autour de son utilisation ? Ce produit inflammable, qui dégage une odeur comparable à l'ail, peut être contenu dans des bombes ou des munitions. Sa caractéristique principale, c'est qu'il est incendiaire ; cette substance réagit directement à l'oxygène, en conséquence de quoi, elle peut brûler très fort, jusqu'à 816 degrés, et très longtemps.

Sur des terrains de guerre, il est employé comme écran fumigène, qui masque, grâce à l'épaisse fumée dégagée par la combustion, les opérations des soldats. "Il est fréquemment utilisé pour masquer les mouvements de troupes, confirme le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies. Le problème, c'est que le phosphore dispersé brûle, et qu'en zone urbaine comme Gaza, c'est un peu difficile de savoir à quel moment vous tirez sur les populations, ou pas." 

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"C'est une arme employée entre unités militaires, sur le champ de bataille, comme récemment au cours de la guerre en Ukraine", précise Jean-Paul Palomeros, ancien chef d'état-major de l'Armée de l'air et ancien commandant suprême allié de la transformation de l'Otan "J'ai du mal à voir l'intérêt pour Israël sur le plan militaire, d'avoir recours au phosphore blanc, juge-t-il, sans se prononcer sur la véracité ou non des accusations des ONG. Si l'armée devait y recourir, ce serait dans le cadre de son offensive terrestre, sur le champ de bataille. Il faut rappeler que ses effets sont très graves pour les civils."

Des brûlures dévastatrices

Car le phosphore blanc cause des ravages humains considérables. Les incendies qu'il cause sont très difficiles à maîtriser, et ses brûlures peuvent ronger la peau jusqu'à l'os. La substance s'avère également soluble dans la chair humaine, et est susceptible d'endommager les organes au point que les scientifiques estiment qu'il suffit qu'un corps humain soit brûlé à 10% pour risquer la mort. Sa fumée est également très corrosive, et suffit à causer des brûlures aux yeux et à la peau. 

Le recours au phosphore blanc, tant qu'il vise des cibles militaires, n'est pourtant pas interdit. "Si vous ne vous en servez pas pour viser des civils, mais qu'ils sont touchés à titre de dommages collatéraux, il ne s'agit pas d'un crime de guerre", dit le général Dominique Trinquand. 

Son usage, en tant qu'arme incendiaire, est encadré par le protocole sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des armes incendiaires (Protocole III) de Genève de 1980. Le traité restreint l'usage de l'arme, sans l'interdire ; Human Rights Watch a dénoncé les "lacunes" du texte et a appelé à renforcer les restrictions. Par ailleurs, Israël ne fait pas partie des signataires de ce protocole, et n'y est donc pas soumis.

Par le passé, l'État hébreu a nié tout recours à cette substance, avant de faire volte-face et d'admettre en avoir fait usage ; c'était en 2009, dans le cadre du rapport sur l'opération "Plomb durci", une offensive menée contre Gaza. L'agent chimique avait été utilisé, d'après Tsahal, pour former des écrans de fumée afin de protéger l'avancée de ses soldats. Par la suite, en 2013, Israël s'est engagé à renoncer progressivement à cet usage.

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