Publicité

Gilles-William Goldnadel: «Yassine Belattar, l’encombrant compagnon de route d’Emmanuel Macron»

L’humoriste Yassine Belattar, en 2018.
L’humoriste Yassine Belattar, en 2018. LUDOVIC MARIN / AFP

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Pour notre chroniqueur, le discours du président de la République pour justifier son absence à la marche contre l'antisémitisme est, en quelque sorte, un aveu que sa présence aurait été considérée comme insultante par une partie des musulmans.

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.


Cela semble tenir de la malédiction : les déclarations les plus hallucinantes - pour ne pas écrire hallucinées - de notre fantasque de président auront été prononcées quand Yassine Belattar se trouvait dans les parages.

La première n'était déjà pas piquée des hannetons, pour parler comme les entomologistes. Nous sommes le 22 mai 2018 dans la grande salle de l'Élysée. Et Jean-Louis Borloo, chargé de remettre au président son rapport sur les banlieues, trouve tout de même étrange la présence «de l'humoriste très controversé» Yassine Belattar en Monsieur Loyal.

Certes celui-ci n'a pas encore été condamné pénalement pour menaces de mort, mais il est déjà l'auteur de déclarations particulières après le massacre de Charlie et a également été le boute-en-train de la soirée du CCIF des Frères musulmans depuis dissout. C'est donc dans sa proximité que le chef de l'État aura prononcé ces propos qui feront date : «Que deux mâles blancs [lui-même et Jean-Louis Borloo], ne vivant pas dans ces quartiers, s'échangent un rapport [...] Ça ne marche PLUS (nous soulignons) comme ça».

Propos tellement déconcertants, qu'ils déconcerteront Ivan Rioufol dans les colonnes du Figaro le 23 mai 2018, qui y verra «un cautionnement du grand remplacement». Dans le cadre, ajouterai-je, d'une racialisation des rapports humains selon un wokisme précurseur. Au détriment des mâles blancs évidemment.

Un quinquennat plus tard, c'est toujours dans la proximité, on n'ose écrire intellectuelle, de l’humoriste Yassine Belattar, que son prestigieux mentor présidentiel va prononcer l'une de ses phrases les plus affligeantes.

Même l'invocation inoffensive et plate du seul antisémitisme innommé serait déjà trop périlleuse pour l'unité nationale selon son gardien, et insultante pour les musulmans! Emmanuel Macron a-t-il seulement conscience de ce que recèle implicitement son discours ?

Gilles-William Goldnadel

L'on sait en effet que deux jours avant la manifestation contre l'antisémitisme organisée le 12 novembre sur l'initiative des présidents des deux chambres parlementaires, «l'humoriste» qui est aux banlieues ce que Guillaume Meurice est à France Inter, sera reçu à l'Élysée par deux conseillers du chef de l'État avec lequel on le pensait en froid.

On ne saura jamais évidemment si ce sont les conseils, les recommandations, voire les mises en garde de l'invité, qui auront convaincu le président de ne pas se rendre au grand rassemblement. Une chose est certaine: si ce n'est pas le cas, le hasard fait mal les choses.

Non seulement le président ne se rend pas à la manifestation, mais infiniment plus grave encore, trois jours plus tard, le 15 novembre, alors qu'il se trouve en Suisse, il donne dans une conférence de presse les raisons confondantes de son absence: «Mon rôle est de travailler à la libération des otages et de continuer à préserver dans cette période l'unité de notre pays et de ne jamais renvoyer dos à dos les uns et les autres». Et de clamer: «Protéger les Français de confession juive, ce n'est pas mettre au pilori les Français de confession musulmane».

Vous avez bien lu. Aucune autre exégèse n'est possible. Une manifestation dont le seul et unique objet est la lutte contre l'antisémitisme en progression exponentielle serait vecteur de division si elle recevait la bénédiction nationale suprême.

À ce stade, je me permets de rappeler ma chronique de la semaine dernière dans laquelle je regrettais amèrement, à titre personnel, le caractère stérile d'une manifestation mutique dans laquelle on n'avait pas même pas osé nommer l'islamisme antisémite et encore moins le Hamas terroriste.

Mais même l'invocation inoffensive et plate du seul antisémitisme innommé serait déjà trop périlleuse pour l'unité nationale selon son gardien, et insultante pour les musulmans! Emmanuel Macron a-t-il seulement conscience de ce que recèle implicitement son discours ?

Les propos présidentiels de renoncement auront eu sur lui cet effet : Juifs ou pas, les Français sont abandonnés, même si pour l'heure, les Juifs français sont les plus exposés.

Gilles-William Goldnadel

Il signifie qu'il craint que derrière l'islamisme antisémite se trouvent de très nombreux musulmans qui considèrent qu'un simple défilé contre l'antisémitisme parrainé par le chef des Français serait déjà une déclaration de guerre. Redoutable et dangereux aveu en creux. Terrifiant renoncement devant la loi du nombre et de la violence. Il est vrai que bien peu de musulmans étaient présents et que les commentaires du lendemain de leurs représentants étaient consternants.

Avec l'abandon du référendum constitutionnel sur l'immigration, le chemin de la soumission est tout tracé. On peut évidemment se consoler en pensant que le droit à l'IVG sera courageusement gravé dans le marbre de la Constitution... Nous voilà sauvés.

Plus sérieusement et tristement, qu'il soit permis à l'auteur de cette chronique, amère, un aveu. Les propos présidentiels de renoncement auront eu sur lui cet effet : Juifs ou pas, les Français sont abandonnés, même si pour l'heure, les Juifs français sont les plus exposés. Il est tard.


Gilles-William Goldnadel: «Yassine Belattar, l’encombrant compagnon de route d’Emmanuel Macron»

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
129 commentaires
  • Francis92S

    le

    Il serait temps de changer d’equipe....quoi qu'il en coute !

  • Mr Spoke

    le

    Plus les années avancent, plus le Président Macron me révulse. Merci de ce billet M. Goldnadel

  • ROSITA 4

    le

    Après Benalla , voilà Belattar ....)))

À lire aussi

Charles Consigny : «Javier Milei nous montre la voie à suivre»

Charles Consigny : «Javier Milei nous montre la voie à suivre»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Face à la situation désastreuse de nos finances publiques et la dégradation spectaculaire du niveau de vie des Français par rapport aux Américains, l’avocat et essayiste invite la France à s’inspirer des réformes économiques radicales engagées par le président argentin.

Regarder la vidéo