La poursuite des combats : les risques et les atouts

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Freddy Eytan – Illustration : Le président Emmanuel Macron avec le roi de Jordanie Abdallah II, février 2024 (Royal Hashemite Court)

En accueillant récemment le roi de Jordanie à l’Elysée, Emanuel Macron déclarait sans ambigüité : “La reconnaissance d’un État palestinien n’est pas un tabou pour la France. Nous le devons aux Palestiniens, dont les aspirations ont été trop longtemps piétinées. » Vraiment ? Qui est le véritable responsable ? Rappelons au président français que le grand-père du roi hachémite, Abdellah 1er, avait rejeté le plan de partage de la Palestine (résolution 181 de l’ONU) puis a annexé la Cisjordanie et Jérusalem-Est. En fait, c’est un Etat arabe qui a privé les Palestiniens de leur Etat. Comment donc ignorer les faits historiques ? Pourquoi ne pas dire clairement la vérité : depuis 1948, les Arabes ratent à chaque fois les rendez-vous de l’Histoire. Leurs chefs piétinent les aspirations des palestiniens et refusent toute coexistence avec l’Etat juif.

Emanuel Macron a assuré que la « priorité absolue » était d’aboutir à un cessez-le-feu immédiat, et il met en garde Israël contre une offensive militaire à Rafah.

Les démarches diplomatiques de la France sont incompréhensibles. En réalité, elles encouragent indirectement les Palestiniens de poursuive « la lutte armée » et de s’assoir à la table des négociations sans conditions préalables. D’ailleurs, c’est bien la première fois dans l’Histoire contemporaine que le vaincu, l’agresseur, dicte ses conditions malgré ses cuisantes défaites. Dans ce contexte, le gouvernement israélien a bien raison de rejeter le diktat insensé de la France.

La victoire est l’objectif principal de la guerre mais une noble victoire est acquise par le combat d’une juste cause. Le but n’est pas de punir les Palestiniens, une vengeance aux crimes barbares commis par le Hamas. Depuis notre indépendance, nous n’avons jamais mené une guerre si juste, mais aussi si longue, si pénible. Le 7 octobre 2023, est déjà inscrit dans les annales comme l’événement le plus grave, le plus traumatisant que nous avons connu depuis la renaissance de l’Etat juif.

Tsahal poursuit les combats sur terre et sous terre, dans des chemins tortueux truffés de mines, roquettes et d’explosifs. Des unités d’élite circulent dans les tréfonds des longs tunnels, dans des véritables labyrinthes inextricables. Après plus de quatre mois de luttes acharnées, les succès de Tsahal sont considérables mais les troupes israéliennes n’ont pas encore atteint leurs objectifs : le Hamas est toujours omniprésent dans la bande Gaza et les otages sont toujours détenus dans des conditions inhumaines.

La communauté internationale s’alarme inutilement et exige un cessez-le-feu immédiat et même évoque sérieusement une reconnaissance de l’Etat de Palestine, notamment au sein de l’ONU. A-t-elle revendiqué avec force la libération de tous les otages comme condition préalable ?

Cependant, pour pouvoir affronter intelligemment les pressions internationales et particulièrement celles des Etats-Unis, nous devons dialoguer avec nos alliés et prendre des initiatives courageuses, en exposant clairement les risques d’un cessez-le-feu, mais surtout les atouts à long terme que nous pouvons tous gagner en poursuivant les combats jusqu’à la victoire.

Pour échapper aux sanctions et à l’isolement d’Israël dans l’arène diplomatique, nous devrions proposer une alternative, un plan généreux et viable qui sera appliqué par étapes, après la guerre.

Une campagne d’information préliminaire est nécessaire pour expliquer à tous les acteurs les avantages de l’offensive militaire à Rafah malgré les dangers humanitaires.

La récente libération des deux otages fut un exploit militaire audacieux qui prouve les capacités des services du renseignement, de la technologie de pointe ainsi que de l’intelligence artificielle. Cette opération effectuée héroïquement par un commando d’élite, encourage aussi les soldats de Tsahal à poursuivre les combats malgré les pertes de leurs camarades.

Après avoir conquis le nord et le centre de la bande de Gaza, la bataille à Rafah sera sans doute la plus rude, la plus compliquée qu’aucune armée au monde n’a menée à ce jour. Avant la guerre, Rafah comptée 200 000 habitants dont une partie installée en territoire égyptien. Aujourd’hui, plus d’un million trois cents mille gazaouis sont entassés dans cette région et dans une enclave du littoral méditerranéen.

Comment donc, lancer une offensive terrestre, maritime et aérienne, sans causer des pertes humaines ? Comment démanteler les infrastructures, rechercher les otages, éliminer les chefs terroristes dont le tristement célèbre, Ye’hia Sinouar ? Tsahal a sans doute des réponses, mais pourra-il achever toutes les missions dans le contexte politique actuelle, face aux pressions de l’opinion publique et les instances internationales ?

L’état-major israélien a déjà préparé des plans opérationnels, il attend le feu vert du cabinet de guerre. Au sein du gouvernement, les divergences sont profondes mais tout dépendra de la position américaine. Les deux derniers entretiens Netanyahou-Biden et la récente visite à Jérusalem du chef de la CIA, William Burns, indiquent plusieurs réticences surtout sur les pertes humaines au sein des réfugiés palestiniens. Qui prendra la responsabilité administrative et humanitaires après la guerre, Mahmoud Abbas était à Doha dans ce but mais il n’a aucune influence sur la marche à suivre. Les couteaux sont déjà tirés et la bataille de succession est depuis longtemps déclenchée entre les militants de Marwan Barghouti et les sympathisants de Mohamed Dahlan et de Khaled Mashal. Les Américains et les Européens préfèrent, eux, voir un gouvernement de technocrates à la tête du futur Etat palestinien.

Une fois encore, il semble que de part et d’autre, les mêmes erreurs du passé vont être commises. Comme à Oslo, à Camp David et à Taba, on mettra une fois encore la charrue avant les bœufs. Par précipitation, sans calculer tous les enjeux, on envisage de maintenir les activités de l’UNRWA, cet organisme de l’ONU accusé de connivence avec le Hamas.

C’est clair, une pause prolongée de nombreuses semaines mettra un arrêt total des combats. Dans ce contexte explosif sans solution adéquate, une victoire absolue contre le Hamas deviendra une mission quasiment impossible.

Les provocations quotidiennes du Hezbollah sont également très inquiétantes, mais même si une guerre contre la milice chiite libanaise est inévitable, elle ne pourra être lancée sans achever d’abord toutes les opérations dans la bande de Gaza et atteindre tous les objectifs. A l’approche du Ramadan, il faut aussi s’attendre à une nouvelle vague d’attentats terroristes à Jérusalem et sur les routes du pays.

Notre vie en Israël est un combat rude et perpétuel. Face à toutes les menaces et aux grands dilemmes, et devant les fortes pressions internationales, dotons-nous de nerfs d’acier et de volonté de fer pour enfin gagner toutes les batailles et assurer une sécurité absolue.

1 Commentaire

  1. Je doute fort que le roi de Jordanie veuille sincèrement un Etat palestinien à ses portes : rappelons-nous de septembre noir, les palestiniens vont bouffer son pays. Le roi est bien content qu’Israël fasse la police…

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