Dans les ruines des bombardements, les Gazaouis luttent pour préserver un semblant de dignité
Dans un rapport couvrant la période d'octobre à janvier, la Banque mondiale estime que 60% des infrastructures de la bande de Gaza ont été ravagées. Elle chiffre le montant des destructions à 18,5 milliards de dollars.
Correspondant à Jérusalem
Arrivé au Caire après six mois d'errance, de peur et de privations, Samir Skaik a été saisi d'une immense fatigue. Avec sa mère âgée de 84 ans, sa femme et leur fille de 11 ans, ils sont pourtant en sécurité désormais. Ils peuvent dormir dans un lit sans être gênés par l'incessant bourdonnement des drones, sans crainte de mourir ensevelis dans un bombardement ; ils peuvent se laver à l'eau douce, se nourrir de fruits et de légumes frais plutôt que de ces boîtes de conserve fournies par l'aide humanitaire et achetées à prix d'or sur le marché noir. Mais il est fatigué. Il ne quitte pas sa chambre. « Mon corps est ici, mais mon âme est restée à Gaza », explique-t-il au téléphone.
Samir Skaik est le patron de l'hôtel al-Deira, qui se trouve au bord de la mer, dans ce qui fut jadis le quartier le plus vivant de la ville de Gaza : l'hôtel est tout proche d'Abou Asira, un fameux restaurant de poissons ; de ces bars à chicha posés sur le sable ; de ces salles…