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Le gouvernement israélien divisé sur l’ampleur de sa riposte après l’attaque directe de l’Iran contre son territoire

RÉCIT - Les centristes jugent qu’Israël doit préserver son alliance avec les États-Unis en cédant aux pressions de l’Administration Biden alors que les durs réclament des représailles massives.

À Tel-Aviv

«Finalement Tsahal va-t-il frapper en Iran ou pas?»: cette question a été lancée lundi presque sous une forme de boutade par la radio de l’armée israélienne sans qu’une réponse claire soit donnée. Le Cabinet de guerre s’est réuni lundi pour la deuxième fois depuis l’attaque de missiles et de drones iraniens pour trancher cette question: une mission difficile tant les dirigeants israéliens sont divisés. Certains responsables prônent des représailles massives tels que le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, qui a promis lundi une «riposte» à une agression caractérisée, ne serait-ce que pour rétablir le pouvoir de dissuasion de l’État hébreu.

D’autres membres du gouvernement estiment que mieux vaut attendre pour ne pas perdre le soutien international très large qui contraste singulièrement avec l’isolement diplomatique presque total dans lequel se trouvait avant l’attaque iranienne le gouvernement de Benyamin Netanyahou en raison de sa gestion de la guerre dans la bande de Gaza et la crise humanitaire qui sévit dans l’enclave palestinienne.

La retenue et la modération ont abouti au 7 octobre, c’est pourquoi Israël doit réimposer son pouvoir de dissuasion, y compris en faisant preuve d’un peu de folie

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale en charge de la police

De l’extérieur les pressions de Joe Biden se font durement sentir. Le président américain a poussé Benyamin Netanyahou à «réfléchir attentivement» avant de se lancer dans une aventure militaire susceptible de dégénérer en guerre régionale. La France et la Grande-Bretagne ont, elles aussi, accordé un soutien total à Israël assorti toutefois d’un appel à la modération. Autrement dit, Israël devrait se contenter d’avoir remporté une victoire en ayant intercepté 99 % des missiles et des drones tirés pour la première fois directement à partir du territoire iranien dans la nuit de samedi à dimanche.

Les dirigeants de deux partis d’extrême droite Bezalel Smotrich, ministre des Finances et Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale en charge de la police, sont montés au créneau pour exiger des représailles massives. «La retenue et la modération ont abouti au 7 octobre, c’est pourquoi Israël doit réimposer son pouvoir de dissuasion, y compris en faisant preuve d’un peu de folie», a expliqué Itamar Ben Gvir. Les responsables de l’armée, selon les médias, sont aussi favorables à une attaque en règle contre l’Iran. Mais comme le souligne Nadav Eyal dans le quotidien Yedioth Ahronoth, les renseignements militaires, qui ont été totalement pris par surprise le 7 octobre lors des massacres commis par le Hamas dans le sud d’Israël, auraient de nouveau commis une erreur d’appréciation en ne prévoyant pas la violence de la réaction sans précédent de l’Iran après l’élimination ciblée d’un haut responsable des gardiens de la révolution iraniens le 1er avril à Damas lors d’un raid aérien attribué à Israël.

Des sanctions «paralysantes» pour entraver le programme nucléaire iranien

Tiré à hue et à dia Benyamin Netanyahou semble hésiter. Plusieurs commentateurs estiment que l’agression iranienne offre une occasion inespérée de constituer une alliance entre les États-Unis, les pays du Golfe notamment l’Arabie saoudite et la Jordanie, dont l’armée de l’air a abattu plusieurs missiles et drones, qui se dirigeaient vers le territoire israélien. Cette coalition soutenue par les pays européens serait en mesure d’imposer des sanctions «paralysantes» pour entraver le programme nucléaire iranien que Benyamin Netanyahou présente depuis des années comme la plus grave menace pour l’existence même de l’État d’Israël. Mais le premier ministre pourrait malgré tout vouloir en découdre dans l’immédiat, selon des sources américaines.

Seule certitude: sur le plan militaire, l’armée israélienne a déjà fort à faire avec la poursuite de la guerre dans la bande de Gaza et les préparatifs pour une invasion de la ville de Rafah près de la frontière égyptienne, considérée comme le dernier bastion du Hamas, mais où sont réfugiés plus de 1 million de Palestiniens qui ont fui les combats. Les affrontements continuent également avec le Hezbollah, allié de Téhéran, à la frontière nord avec le Liban.

Les militaires n’ont pas non plus renoncé à des raids aériens en Syrie contre des officiers iraniens en poste dans ce pays ou des livraisons d’armes iraniennes au Hezbollah. La tension est également montée d’un cran en Cisjordanie après le meurtre vendredi d’un jeune Israélien de 14 ans près d’une colonie israélienne.

En Israël, en revanche, l’heure est plutôt au retour à la normale. Toutes les activités éducatives qui avaient été suspendues dimanche ont repris. De même, l’interdiction de rassemblement de plus d’un millier de personnes, y compris des manifestations pour des raisons de sécurité, a été levée tandis que le trafic aérien international suspendu dimanche pendant sept heures a repris.

Le gouvernement israélien divisé sur l’ampleur de sa riposte après l’attaque directe de l’Iran contre son territoire

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122 commentaires
  • dutch

    le

    Si le "dôme de fer" n'avait pas fonctionné l'Iran aurait sans doute poussé son avantage... Il faut répliquer. De la façon la plus intelligente possible. L'ennemi n'est pas l'iranien, c'est l'islamiste.

  • Tyranosaure poli

    le

    Chers amis israéliens, Il n’y a que 3 roquettes qui ont touché votre sol, sans morts ni blessés… Le mieux est peut être de calmer le jeu de ce côté là…

  • anonyme 27888

    le

    Ils peuvent pas arrêter te mettre le boxon?

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