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Notre critique du Golem : le super-héros prend vie à La Colline

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Golem.
Golem. Simon Gosselin

CRITIQUE - Dans ce nouveau spectacle, Amos Gitaï raconte comment est né le mythe du « super-héros » juif, métaphore, selon lui, du monde contemporain. Un hymne à la tolérance.

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Tableau 1. Le spectateur est accueilli dans la salle de La Colline par un morceau de harpe. Suit un film d’une vingtaine de minutes. Des soldats forcent des hommes à se regrouper. Autre séquence, dans un hôpital de fortune. Une femme raconte l’histoire d’une fillette à laquelle sa famille raflée a confié la garde de la maison, mais la petite a peur au son des détonations. Des images, en noir et blanc cette fois, montrent des enfants qui regardent la caméra avec curiosité.

L’image disparaît. Une dizaine de comédiens déambulent en silence. De nombreux paquets de vêtements tombent soudain des cintres. Les acteurs s’en emparent avec lenteur, les endossent ou s’assoient dessus. Micha Lescot dit avec un humour pince-sans-rire les mots de Joseph Roth, auteur de Juifs en errance, qui évoque la persécution des juifs d’Europe de l’Est. « Mais les hommes savent que les catastrophes sont de courte durée. En revanche, si cette folie se prolonge, les bras secourables se paralysent, le feu de la miséricorde s’éteint. »

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Un chaos organisé

Tableau 2. En chemise et pantalon, Irène Jacob explique de sa belle voix de conteuse le mythe du Golem dans la tradition juive. Et la « nécessité de créer un être artificiel pour se protéger », un « super-héros » fabriqué dans de l’argile, capable de sauver l’homme, à condition qu’il en garde le contrôle. Interviendra-t-il en faveur du rabbin accusé d’avoir enlevé et tué la fille d’un chrétien pour boire son sang ? Où est-il pendant les pogroms ? Le public est plongé dans l’effroi. En français, yiddish, espagnol, anglais, arabe et hébreu, les récits prononcés par les « personnages » restituent fièrement et de manière glaçante les exactions. Il respire enfin, mais pas longtemps, face au juge joué par Micha Lescot ou le domestique du rabbin.

Après House, qui mettait en scène l’histoire d’une maison située à Jérusalem Ouest, en 2023, Amos Gitaï a puisé dans ses propres films (Naissance d’un Golem, 1991, Golem. L’esprit de l’exil, 1992 et Golem. Le jardin pétrifié, 1993) et des textes de Joseph Roth et d’Isaac Bashevis Singer (Le Golem, 1969) pour écrire avec Marie-José Sanselme un spectacle patchwork, anarchique, bigarré esthétiquement et narrativement. Multidisciplinaire aussi. L’architecte de formation mêle jeu, mime, musiques, chants et vidéos.

Un chaos organisé règne sur le vaste plateau. Des éléments de décors suspendus ; façades de maison, table ou encore échelle retiennent les lumières rougeoyantes des projecteurs. Pour le cinéaste, le Golem est la métaphore du monde contemporain. Et celui-ci va mal. Sans illusion, mais ayant foi en l’humanité, Amos Gitaï offre une réponse cathartique, un plaidoyer contre toutes les guerres, comme une ode à la fraternité.

« Golem », à La Colline (Paris 20e), jusqu’au 3 avril.

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1 commentaire
  • VENDEE22

    le

    Le nombre de clichés paresseux enfilé dans cet article sur "cet ode à la fraternité, ce réalisateur ayant foi en l'humanité, et ce spectacle bigarrée... " semble au niveau du travail paresseux de collage de Gitai. On est vraiment très loin de ce que furent les grandes plumes du figaro

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