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Le jeu dangereux d’Israël avec le Hamas et les milices palestiniennes

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Benyamin Netanyahou après une conférence de presse à Jérusalem.
Benyamin Netanyahou après une conférence de presse à Jérusalem. Ronen Zvulun / REUTERS

DÉCRYPTAGE - L’appui donné par l’État hébreu à un gang hostile au Hamas dans la bande de Gaza est un nouvel épisode de la politique israélienne consistant à renforcer ses pires ennemis dans le camp palestinien.

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Avigdor Lieberman, ancien ministre de la Défense devenu opposant, a accusé jeudi publiquement Benyamin Netanyahou d’armer des milices rivales du Hamas à Gaza, notamment celle dirigée par Yasser Abou Shabab, un chef de gang lié aux services de renseignements, qui a pillé de l’aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza pour y semer le chaos. Dans une vidéo, le Premier ministre a reconnu qu’Israël «travaille à vaincre le Hamas par divers moyens». Cet aveu ajoute un chapitre supplémentaire à une stratégie ancienne - «diviser pour mieux régner» - mise en œuvre par Israël depuis au moins quatre décennies. Une stratégie pragmatique mais risquée, dont les racines remontent à la période d’avant la création du Hamas en 1987.

Un fil rouge historique : Israël et le financement de groupes islamistes

Dès la fin des années 1970, les autorités israéliennes, qui occupaient militairement la bande de Gaza, y ont soutenu le développement d’associations islamistes, notamment celle du cheikh Ahmed Yassine liée à la branche locale des Frères musulmans, qui donna naissance au Hamas en 1987, pour affaiblir l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), alors l’ennemi-juré de l’État hébreu.

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Laïque et nationaliste, l’OLP représentait pour Israël un adversaire structuré, capable de fédérer la population autour d’un projet national cohérent. Israël vit d’un bon œil la montée de courants islamistes, jugés moins dangereux politiquement. Les archives du Shin Bet (le service de sécurité intérieure) et divers travaux de spécialistes confirment que l’État hébreu autorisa alors la création du Mujama al-Islamiya, l’organisation dirigée par Ahmed Yassine, qui devint ensuite le chef spirituel du Hamas.

«Nous avons pensé que l’islam modéré était préférable au nationalisme laïc», confiera Yitzhak Segev, ancien gouverneur militaire de Gaza, au New York Times en 1981. Avner Cohen, ancien responsable des affaires religieuses israéliennes, reconnaîtra publiquement que le Hamas était «la création d’Israël». La première Intifada, lancée à Gaza en décembre 1987, transforma le Mujama en Hamas, qui rapidement échappa au contrôle israélien pour devenir un acteur central de la «résistance» palestinienne.

Le Hamas, instrument de division palestinienne

Après les accords d’Oslo de 1993, auxquels le Hamas s’opposa par de nombreux attentats-suicides en Israël, la rivalité entre les islamistes et l’Autorité palestinienne (AP) de Yasser Arafat se transformera en affrontements, qui culmineront en 2007 en une guerre ouverte à l’issue de laquelle les intégristes expulseront les armes à la main l’Autorité Palestinienne de Gaza, sans qu’Israël ne vole à son secours.

Les gouvernements israéliens successifs chercheront à maintenir cette division pour empêcher la formation d’un front palestinien uni en vue de la création d’un État palestinien. En 2019, Benyamin Netanyahou l’assumera devant son parti en déclarant : «Quiconque est contre un État palestinien doit être pour le transfert de fonds à Gaza, car maintenir une séparation entre l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas à Gaza aide à empêcher la création d’un État palestinien», selon le Jerusalem Post.

À partir de 2018, cette logique se traduit par l’autorisation de transferts de fonds qatariens vers Gaza. Chaque mois, 30 millions de dollars étaient ainsi acheminés à Gaza par un responsable du Qatar via le territoire israélien. Officiellement destinés à l’aide humanitaire, ces fonds ont permis au Hamas de payer ses fonctionnaires, de consolider son pouvoir, mais surtout de renforcer ses capacités militaires (missiles, tunnels, notamment).

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Le suprémaciste, Bezalel Smotrich, aujourd’hui ministre des Finances dans le gouvernement Netanyahou, résuma en 2015 cette stratégie : «L’Autorité palestinienne est un fardeau. Le Hamas est un atout». Mais pour l’ancien chef du Shin bet, Ami Ayalon, «en soutenant des groupes radicaux pour affaiblir nos ennemis, nous risquons de créer des monstres incontrôlables». Les sanglants massacres du 7 Octobre 2023, pire tragédie subie par l’État hébreu depuis sa création en 1948 en témoignent. Mais l’affaire Abou Shabab montre que l’actuel gouvernement israélien campe sur son refus d’en tirer les conséquences.

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60 commentaires
  • lamda45

    le

    Fabius nous avait bien dit qu'Al Qaida avait fait du "bon boulot" contre Basha El Assad en Syrie.

  • Zinc

    le

    Israel n'avait il pas financé le Hamas par Quatar interposé contre le Fatah. Israle n'est pas assez idiot pour ne pas savoir ce qu'il fait. Provoquer une attaque contre son pays pour justifier une invasion est une politique vieille comme le monde.

  • marlon

    le

    oui on appelle aussi cela faire la guerre ..

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