Mobilisation pour la libération de l'assassin d'Yitzhak Rabin
La frange la plus radicale de l'extrême droite israélienne vient de lancer une campagne nationale pour libérer l'assassin du Premier ministre Yitzhak Rabin, provoquant une vague de protestations dans le pays. "Si pour la paix Israël est prêt à libérer des terroristes, au nom du même principe, nous exigeons la libération d'Ygal Amir", a affirmé Itamar Ben Gvir, un des responsables du comité de soutien du meurtrier.
- Publié le 22-10-2007 à 00h00

La frange la plus radicale de l'extrême droite israélienne vient de lancer une campagne nationale pour libérer l'assassin du Premier ministre Yitzhak Rabin, provoquant une vague de protestations dans le pays. "Si pour la paix Israël est prêt à libérer des terroristes, au nom du même principe, nous exigeons la libération d'Ygal Amir", a affirmé à l'AFP, Itamar Ben Gvir, un des responsables du comité de soutien du meurtrier.
Le 4 novembre 1995, dans le but de faire capoter les accords de paix israélo-palestiniens d'Oslo (1993), Ygal Amir avait abattu de trois balles dans le dos Yitzhak Rabin, à l'issue d'un rassemblement pacifiste à Tel-Aviv. Le comité de soutien, "Le comité pour la Démocratie", a réalisé une vidéo de 15 minutes dans laquelle la famille du meurtrier appelle les autorités israéliennes à le libérer "au nom des droits de l'Homme" et de la "réconciliation nationale".
Le CD de cette vidéo sera distribué à 150.000 exemplaires dans les rues israéliennes et sur des sites d'extrême droite à l'occasion du 12e anniversaire de l'assassinat d'Yitzhak Rabin, qui sera marqué mercredi dans le pays, conformément au calendrier hébraïque. Aujourd'hui âgé de 37 ans, Ygal Amir, un extrémiste juif religieux, purge une peine de réclusion à perpétuité et n'a jamais exprimé de regret pour le meurtre qui avait ébranlé le pays.
"Nous ne soutenons pas l'acte d'Ygal Amir, bien que nous considérions Yitzhak Rabin comme un traître. Mais nous nous élevons contre l'hypocrisie de la gauche israélienne qui ne s'oppose pas à la libération de Marwan Barghouthi", a poursuivi M. Ben Gvir. Marwan Barghouthi, un chef du Fatah très populaire chez les Palestiniens, a été arrêté par l'armée israélienne en 2002 et condamné en juin 2004 à cinq peines de prison à vie pour son implication dans quatre attentats meurtriers.
L'avocat de Ygal Amir a toutefois indiqué qu'il ne jugeait pas "réaliste" la libération de son client. "Mon client n'a pas déposé de demande de libération anticipée ou de réduction de peine. Il a été condamné à la prison à vie et il n'a purgé que 12 ans", a souligné Shmouel Casper. Les dirigeants politiques et associatifs israéliens se sont indignés de cette campagne. "Je ne donnerai jamais mon accord à sa libération. Il s'agit d'un crime politique qui a brisé un tabou dans le pays. Si cela tenait à moi, je ne le libèrerais jamais", a affirmé l'ancien Premier ministre de droite, Benjamin Netanyahu, à la radio militaire.
"Nous condamnons cette campagne mais aussi le fait que les médias israéliens lui donne autant de place dans leur couverture", s'est indigné Yariv Oppenheimer, le secrétaire général de "La Paix Maintenant". "La presse doit être très vigilante car cela est dangereux: il semble cette année que les passions ne tournent pas autour du meurtre de Yitzhak Rabin mais autour du sort du meurtrier", a-t-il déploré.
Plusieurs cérémonies officielles marqueront mercredi en Israël l'assassinat d'Yitzhak Rabin: le Parlement tiendra une session extraordinaire. Des militants d'extrême droite ont prévu le même jour une contre-cérémonie.