Un (re) commencement
Palestiniens et Israéliens sont d'accord : c'est au lendemain de la conférence d'Annapolis que tout se jouera. Car la conférence internationale qui s'ouvre ce lundi aux Etats-Unis doit uniquement donner le coup d'envoi aux négociations que les deux camps vont tenir dans les mois à venir pour un accord de paix final.L'édito de Gérald Papy
- Publié le 25-11-2007 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Palestiniens et Israéliens sont d'accord : c'est au lendemain de la conférence d'Annapolis que tout se jouera. Car la conférence internationale qui s'ouvre ce lundi aux Etats-Unis doit uniquement donner le coup d'envoi aux négociations que les deux camps vont tenir dans les mois à venir pour un accord de paix final. Et tous mettent en garde : si ces futures négociations échouent, c'est le Hamas qui en tirera profit pour se renforcer et étendre son emprise sur l'ensemble des territoires palestiniens. Ce qui risque alors de remettre la région à feu et à sang.
Sans relation avec Israël
La conférence marquera cependant un tournant : pour la première fois, le dialogue israélo-palestinien sera coiffé d'un "patronage" panarabe. Acquis historique aux yeux du président palestinien Mahmoud Abbas et du premier ministre israélien Ehoud Olmert. A la conférence participeront en effet des représentants de haut niveau de la Ligue arabe, y compris de pays sans relations avec Israël, dont le chef de la diplomatie saoudienne. Même Damas envoie son vice-ministre des Affaires étrangères, les hôtes américains et Israël ayant accepté que la problématique du Golan syrien (occupé par Israël depuis 1967) soit mentionnée à Annapolis dans la perspective d'éventuelles négociations israélo-syriennes à un stade ultérieur (lire ci-dessous).
Pas de déclaration commune
Les rencontres débutent ce lundi à Washington avec des entretiens entre le président Bush, M. Abbas et M. Olmert, puis une première réunion informelle de toutes les délégations à un dîner de la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice. Mardi, tous se rendent à l'Académie navale d'Annapolis, dans le Maryland, pour la séance plénière qui formera l'essence du sommet, ainsi que pour divers contacts bilatéraux et forums de travail élargis. Mercredi, auront lieu de nouvelles rencontres américano-israélo-palestiniennes. C'est à la séance plénière, mardi, que seront proclamées les visées des futures négociations israélo-palestiniennes.
Arrivés à Washington dimanche, MM. Olmert et Abbas n'avaient toujours pas conclu de déclaration commune à ce sujet. Mais Mme Rice tâchera jusqu'en dernière minute de les y acculer. Principale divergence : le calendrier des futures négociations.
M. Abbas veut pouvoir établir son Etat avant que George W. Bush ne quitte la Maison-Blanche, début 2009. M. Olmert est disposé à conclure d'ici là un accord de principe sur l'Etat palestinien, y compris sur ses problèmes-clés (Jérusalem, frontières, réfugiés), mais veut en différer la mise en oeuvre tant que l'Autorité palestinienne n'aura pas fait ses preuves en matière de sécurité.
En tout cas, même séparément, les deux hommes souligneront ce mardi l'urgence du processus de paix et leur détermination à s'y consacrer. Les dissensions sur la déclaration commune présagent toutefois des difficultés que les deux leaders rencontreront au lendemain d'Annapolis.
Des dirigeants fragilisés
Leur handicap : leur propre fragilité politique. En Israël comme dans les territoires palestiniens (lire en page 3), la majorité de l'opinion publique appuie la relance du processus diplomatique, même si beaucoup doutent de son aboutissement. Mais dans les deux camps, les extrémistes s'emploieront à tout torpiller. Côté israélien, la droite alliée au gouvernement Olmert - le parti russophone d'Avigdor Lieberman et les ultra-orthodoxes sépharades Chass - menacent de "faire sauter" le gouvernement si M. Olmert s'avise de céder du terrain sur les problèmes-clés. Par ailleurs, la guerre au Liban de l'été 2006 et diverses affaires de corruption n'ont pas fini d'hypothéquer la carrière personnelle de M. Olmert.
Côté palestinien, le gouvernement Hamas à Gaza fulmine contre la participation arabe à la conférence, et insiste : M. Abbas n'est pas mandaté à "brader" les droits du peuple palestinien. Les islamistes comptent manifester à Gaza durant toute la conférence et promettent d'intensifier les tirs et attentats-suicides contre Israël. Les tensions s'amplifieront d'autant plus qu'Israël menace de réenvahir Gaza après Annapolis, en riposte aux attaques palestiniennes.