C'est avant tout l'affaire de Rice
Sept ans après le sommet avorté de Camp David sous les auspices du président Bill Clinton, George W. Bush fait à son tour une tentative tardive pour réactiver un processus de paix israélo-palestinien, largement relégué à l'arrière-plan de sa politique au Moyen-Orient.
- Publié le 26-11-2007 à 00h00
Correspondante à New York Sept ans après le sommet avorté de Camp David sous les auspices du président Bill Clinton, George W. Bush fait à son tour une tentative tardive pour réactiver un processus de paix israélo-palestinien, largement relégué à l'arrière-plan de sa politique au Moyen-Orient.
Critiqué pour son implication en Irak, le Président américain cherche à redorer son blason en faisant asseoir à la table des négociations les représentants israéliens et arabes, dont, fait exceptionnel, ceux de l'Arabie Saoudite (qui n'a jamais reconnu Israël) et de la Syrie (accusée par les Etats-Unis de soutenir le terrorisme). Le mérite en revient surtout à la chef de la diplomatie américaine, Condoleeza Rice, pour qui la conférence d'Annapolis marque l'aboutissement de mois de travail et de huit voyages au Proche-Orient cette année. Si Mme Rice joue sa légitimité à Annapolis, elle remporte déjà une victoire sur le vice-président Dick Cheney, réfractaire à tout geste " amical " au Proche-Orient.
Si la rencontre fait grand bruit, les attentes, de l'aveu même de l'administration américaine, sont modestes. " Ceci n'est pas une session de négociations, mais une mise en route des négociations ", a tenu à préciser dimanche Stephen Hadley, le conseiller à la Sécurité nationale de George W. Bush. A Annapolis, les Etats-Unis espèrent voir des avancées dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens devant mener à un Etat palestinien, couplé à la baisse des tensions sur le terrain, la réalisation des engagements pris en2003 dans le cadre de la "feuille de route", et le soutien international accru aux institutions palestiniennes.
Les pierres d'achoppements sont bien connues. Elles portent sur la question des frontières du futur Etat palestinien et du statut de Jérusalem, le retour des réfugiés et la sécurité d'Israël.
Derrière les intentions affichées de la conférence, se cachent, de façon plus ou moins explicite, les manoeuvres de la Maison-Blanche pour isoler l'Iran. En étendant son invitation à tous les pays arabes, l'administration américaine cherche à se rallier les faveurs des dirigeants arabes sunnites, dont ceux de la Syrie, pour faire contrepoids à l'Iran.
Simple opportunité photo ?
Les Américains ont donc consenti à un geste qu'ils avaient jusqu'ici toujours refusé : autoriser la Syrie à revendiquer auprès d'Israël la restitution du plateau du Golan. Une carotte visant à remettre la Syrie dans le jeu pour la détacher de son alliance avec l'Iran. Alors que les espoirs de succès sont réservés, les analystes pressent pour une implication personnelle accrue de George W. Bush dans les pourparlers. Or, selon des proches du dossier, celui-ci a trop d'affinités avec Israël, notamment sur la question de la menace terroriste, et ne croit pas suffisamment dans la volonté des Palestiniens de faire les compromis nécessaires, pour tenter d'imposer lui-même un accord de paix à l'arraché. Selon Bruce Riedel, auteur du discours dans lequel le Président américain déclarait en 2002 son soutien à la création d'un Etat palestinien, les dirigeants arabes " veulent entendre des progrès réels " de la part de M. Bush lui-même. Faute de quoi la conférence d'Annapolis risque de n'être rien de plus que la simple opportunité photo à laquelle tout le monde s'attend.