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Tollé en France après
la provocation algérienne

Les propos antisémites du ministre algérien des Anciens combattants, Cherif Abbés, visaient le président Sarkozy.

L’étonnement revient, comme un leitmotiv, dans les commentaires des déclarations du ministre algérien Mohammed Cherif Abbés sur l’influence d’un «lobby juif» dans l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Tenus lundi dans les colonnes du quotidien arabophone algérien El-Khabar et rapporté hier par Le Figaro, les propos avaient de quoi provoquer la stupeur. «Vous connaissez les origines du président français et les parties qui l’ont amené au pouvoir. [...] Ceci était le résultat d’un mouvement qui reflète l’avis des véritables architectes de l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, le lobby juif qui a le monopole de l’industrie en France», avait affirmé Mohammed Cherif Abbés. Ne prévoyant aucune détente entre les deux pays, le ministre des moudjahidins estimait, au sujet de la visite d’État du président français en Algérie, que «c’est une visite de courtoisie, sans plus, qui vise à garder les relations bilatérales actuelles en attendant de voir ce que nous réserve l’avenir. Aujourd’hui des rapports d’égal à égal ne sont pas envisageables, les Français ne sont pas prêts, en particulier durant le mandat de M. Sarkozy. Si je devais rencontrer le président français, je lui dirais faute avouée est à demi pardonnée», avait-il conclu son entretien dans El-Khabar, en évoquant la résurgence des polémiques sur la guerre d’Algérie.

«Nous nous étonnons de ces propos qui ne correspondent pas au climat de confiance et de coopération dans lequel nous préparons la visite d’État du président de la République» à Alger, a répliqué hier la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Pascale Andréani.

«Totalement déplacé»

Ne voulant pas jeter de l’huile sur le feu à quatre jours de la visite d’État de Nicolas Sarkozy en Algérie, elle a affirmé que les relations entre les deux pays «n’ont jamais été aussi denses». Axel Poniatowski (UMP), président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale s’est tout de même indigné des dérapages du ministre algérien. «C’est à la fois grotesque, inutilement blessant, totalement déplacé et extrêmement grossier», a estimé le député. Trois associations françaises de défense des droits de l’homme ainsi que le CRIF se sont également déclarées «scandalisées». «Les considérations de ce ministre sur l’origine juive du président ou de tel ou tel de ses ministres... témoignent de la résurgence des préjugés antisémites les plus nauséabonds», indique la Ligue des droits de l’homme.

Mohammed Cherif Abbés se distingue par une nouvelle réaction déroutante. Le ministre des moudjahidins déclare «avoir appris avec beaucoup d’étonnement et de mécontentement certains propos» qui lui ont été prêtés, sans pour autant les démentir de manière formelle. «Il n’a jamais été dans (mon) intention... de porter atteinte à l’image d’un chef d’État étranger », ajoute-t-il. En suscitant la polémique par n’importe quel moyen, Cherif Abbés paraît vouloir relancer le débat sur la repentance. Un sujet que Sarkozy et Bouteflika ont décidé d’un commun accord de mettre entre parenthèses.

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