Joël Rubinfeld présidera le CCOJB

De coups de théâtre récurrents en coups d'Etat internes avec un détour par les prétoires, le Comité de coordination des organisations juives de Belgique sort, enfin, de près d'un an de palabres qui ont terni le blason du judaïsme belge.

Christian Laporte

De coups de théâtre récurrents en coups d'Etat internes avec un détour par les prétoires, le Comité de coordination des organisations juives de Belgique sort, enfin, de près d'un an de palabres qui ont terni le blason du judaïsme belge. Après sept tours de scrutin, les représentants des associations juives, principalement bruxelloises ont désigné Joël Rubinfeld comme successeur de M e Philippe Markiewicz par 25 voix pour 13 à son dernier challenger, Norbert Cigé, le préfet honoraire de l'athénée Ganénou. Au départ, deux autres candidats sollicitaient les suffrages : Lazard Perez qui fut très actif dans la restauration de l'aile belge d'Auschwitz et Henri Gutman, vice-président du Centre communautaire laïc juif. Après leur retrait, survint une polémique autour de quatre membres fondateurs du comité qui estimaient pouvoir participer à l'élection. La querelle finit par se transporter au Palais de justice. Finalement le 13 novembre dernier, David Susskind et trois de ses amis déposèrent les armes. Mercredi soir, il y avait 38 électeurs sur 39 associations membres; le quorum était donc atteint et valable. Pour le président sortant Philippe Markiewicz, c'est une bonne chose que l'on sorte de l'imbroglio : "Ces onze mois de campagne électorale récurrente ont nui à notre image. Laissons maintenant le nouveau président prendre ses marques avant de le juger, mais partons d'une vision positive !"

Joël Rubinfeld se dit pour sa part optimiste "malgré tout ce qui s'est passé car le CCOJB regorge d'énergies". "La prochaine étape sera l'élection du comité directeur, le 18 décembre prochain. L'heure est à une phase de réconciliation et puis on s'attellera à la tâche !" Mais Joël Rubinfeld ne manque pas d'idées pour le CCOJB.

L'affaire De Wever pas finie !

"J'entends d'abord le rendre plus transparent et plus visible avec un site internet que l'on découvrira tout début 2008." Mais l'actualité offre aussi moult thèmes de mobilisation. Les dérapages de Bart De Wever, par exemple : "Sans nous mêler de la formation d'un gouvernement, il faudra quand même revenir sur les incroyables propos à la fois négationnistes, antisionistes et antisémites du président de la N-VA. Son analogie entre Israël et le nazisme nous renvoie aux pires heures de l'antisémitisme. Sans parler de ses soi-disant excuses et de son interprétation de l'Histoire... Robert Faurisson et David Irving ne sont pas loin ! Pour moi, ce monsieur est totalement infréquentable et il n'est pas digne de gérer la destinée de mon pays et de mes enfants !" Joël Rubinfeld poursuivra aussi " le combat pour une société tolérante et humaniste avec en filigrane une volonté réelle d'approfondir le dialogue intercommunautaire". Y compris avec le monde de l'islam, notamment parce que sa mère est d'origine marocaine... "Il faudra aussi faire un pas décisif dans le dossier sur la participation des autorités belges à la Shoah. Le rapport du Ceges a été un jalon important; il revient maintenant au Sénat d'en tirer les conclusions. Certaines responsabilités doivent encore être reconnues..." Enfin, le président du CCOJB nous a dit son souci de voir la Belgique s'engager davantage dans la reconnaissance de tous les génocides. "Le Darfour vit aussi un génocide et je voudrais que notre pays s'en rende mieux compte. Nous serons aussi toujours aux côtés de ceux qui veulent faire reconnaître le génocide rwandais; mais aussi celui qui a touché les Arméniens, il y a moins d'un siècle..."


Prêt à monter sur le ring Né à Bruxelles en 1968, Joël Rubinfeld est marié et père de deux enfants. Diplômé en communication de l'Ephec, il dirige depuis 15 ans une agence de communication. Sur le terrain politique, il est secrétaire général des Amitiés belgo-israéliennes depuis 2002 sur fond de tensions entre les deux pays en raison de la loi belge de compétence universelle. Rubinfeld s'efforça de renouer le dialogue entre Bruxelles et Jérusalem par la coordination d'événements bilatéraux et de rencontres interparlementaires. En 2003, il fut un des fondateurs de l'Atlantis Institute, un thinktank ultralibéral qu'il préside désormais. Au sein de la communauté juive, Joël Rubinfeld fut parfois critiqué pour ses prises de position radicales trop pro-sionistes, mais il peut désormais démentir ces critiques. En se mobilisant d'emblée contre Bart De Wever et pour que l'on aille au-delà du rapport du Ceges, il montre en tout cas qu'il entend investir le terrain belgo-belge...

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