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Une fable sur la paix
entre Juifs et Arabes

Ronit Elkabetz incarne Dina, une femme israélienne à son image : libre et sans préjugés.

Primé au dernier Festival de Cannes, le cinéaste israélien Eran Kolirin évoque avec humour et gravité les mésaventures d’une fanfare égyptienne égarée dans une ville israélienne.

L’histoire n’a pas marqué les mémoires, mais elle a impressionné la pellicule. Un beau jour, une fanfare de la police égyptienne débarque dans une petite ville israélienne. Sans contact, les huit membres de l’orchestre tentent de se débrouiller entre désarroi et maladresse avec, pour tout bagage, un mauvais anglais. L’un guide les premiers pas d’un amoureux transi avec sa timide fiancée, tandis que le chef est apprivoisé et bientôt séduit par la belle Dina, une femme seule et provocante jouée par l’actrice israélienne Ronit Elkabetz. Révélée en France avec Prendre femme ou Mon trésor, elle est le point de mire de ce film symbolique du réalisateur Eran Kolirin, couronné d’une multitude de prix, dont celui de la critique internationale et de la jeunesse au dernier Festival de Cannes.

«Le récit a un style poétique, raconte Ronit Elkabetz. Dina m’a permis de révéler un aspect plus léger de ma personnalité. Comme elle, j’avais envie de faire passer le sourire avant les larmes, de vivre les bras ouverts et d’accepter les autres avec bonhomie et simplicité. Chaque personnage que j’interprète est une part de moi-même. À travers eux, je me découvre et je peux avancer. Dina incarne la liberté et une certaine modernité. Elle ne dégage pas cette peur, cette inquiétude, reflet des préjugés qui compliquent et enveniment tout. Elle vit l’instant et peut s’amuser au milieu du chaos.»

C’est le message de cette tragi-comédie qui s’empresse de sourire des paradoxes et des quiproquos en suivant l’uniforme bleu ciel incongru de ces musiciens perdus en terre familière et étrangère. «Je crois que le réalisateur a songé à Tati et à son humour qui peut faire exister cette histoire à la fois réaliste et absurde, grave et cocasse. J’ai beaucoup ri en lisant le scénario. C’est ce qui m’a décidée. Eran m’a vue sur une chaise en balançant les jambes, et il a dit : ça, c’est Dina. À partir de ce choix, nous avons appris à nous connaître. La réflexion et l’intuition font le reste.»

Une forme idéale de pardon

Quant aux rapports avec les acteurs, tous Palestiniens, Ronit, la vedette israélienne, les voit comme une continuité de la vie : «Un lien étrange nous unit. Ce sont nos voisins. À Jaffa, on les croise tous les jours... Le film nous a permis de passer un moment de paix au milieu des conflits, de se rencontrer, d’échanger. Un moment de grâce ! D’ailleurs, je suis restée en contact avec l’un d’eux, Saleh Bakri.»

La Visite de la fanfare exprime bien cette grâce et illustre cette possibilité de voir dans l’art la forme idéale du pardon et du rapprochement. «Pardonner certes, rectifie Ronit Elkabetz. Mais surtout retrouver le respect de l’autre. C’est ce qui demeure le plus important !»

C’est aussi le respect qui entoure la silhouette sculpturale et le beau visage de l’actrice, symbole de la nouvelle femme israélienne dans son pays et sa ville, Tel-Aviv. Un symbole qui peut aussi bien illustrer les tendances de la mode que l’émancipation de la femme pour celle qui est l’une des deux ou trois réalisatrices israéliennes. «Beaucoup de femmes me contactent pour s’informer. Je suis un peu devenue un exemple», reconnaît en souriant Ronit Elkabetz qui va bientôt redevenir réalisatrice pour tourner Shiva, un nouveau film avec son frère, sur le deuil d’une famille juive marocaine. Et en la regardant, on pense à Dina accueillant cette fanfare incongrue et salvatrice. Autre exemple, autre symbole qu’elle porte si bien !

La Visite de la fanfare. Comédie dramatique d’Eran Kolirin. Avec Ronit Elkabetz, Sasson Gabai. Durée : 1 h 30.

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