Tout le poids de Bush sur la négociation
Au terme de ses deux jours d'entretiens à Jérusalem et à Ramallah, George W. Bush a résumé jeudi soir sa conception de l'accord auquel Israéliens et Palestiniens doivent arriver endéans l'année. Car " il est grand temps de mettre fin à l'occupation de 1967 " et aussi " grand temps que le monde arabe tende la main à Israël ".
- Publié le 10-01-2008 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Au terme de ses deux jours d'entretiens à Jérusalem et à Ramallah, George W. Bush a résumé jeudi soir sa conception de l'accord auquel Israéliens et Palestiniens doivent arriver endéans l'année. Car " il est grand temps de mettre fin à l'occupation de 1967 " et aussi " grand temps que le monde arabe tende la main à Israël ".
Le président américain appelle à la création d'un Etat palestinien "contigu, viable et souverain, patrie du peuple palestinien", aux côtés d'un Israël sécurisé, "patrie du peuple juif". Il propose de régler le problème des réfugiés palestiniens uniquement dans la nouvelle Palestine, avec un mécanisme international de compensations. Les frontières d'armistice de 1949 (celles qu'Israël a franchies en juin 1967) devraient être "ajustées d'un commun accord, pour refléter les réalités nouvelles sur le terrain". Allusion aux blocs de colonies juives qu'Israël tient à garder en bordure de son territoire.
M. Bush insiste sur l'application de la feuille de route - lutte antiterroriste pour les Palestiniens; gel des colonies et démantèlement des colonies sauvages pour les Israéliens. Il a précisément nommé jeudi le lieutenant-général William Fraser, adjoint au chef d'état-major interarmées américain, pour superviser cette application. Le général James L. Jones, ancien commandant des forces de l'Otan, qui avait été sollicité pour cette tâche, devrait s'axer sur l'élaboration d'un plan de sécurité à long terme pour la Palestine.
Plus tôt dans la journée, chez le président Abbas à Ramallah, M. Bush a réitéré qu'il comptait "harceler" les deux camps pour qu'ils progressent rapidement. L'on confirme d'ailleurs dans l'entourage du président américain qu'il reviendra encore dans la région avant la fin de son mandat.
Le droit à se protéger
A la satisfaction du Premier ministre Fayad, M. Bush a mis Israël en garde de ne pas "entraver" les efforts que fait l'Autorité palestinienne pour "moderniser" ses troupes. Allusion aux incursions israéliennes en Cisjordanie qui entravent le déploiement de la police palestinienne par M. Fayad.
Par contre, tout en disant comprendre les frustrations palestiniennes face aux barrages israéliens qui morcellent la Cisjordanie, il a défendu le droit d'Israël à se protéger. Ces barrages disparaîtront avec la paix, a-t-il déclaré, "lorsque les Palestiniens créeront un Etat capable de se défendre intérieurement et de donner confiance à ses voisins". M. Bush a vu quelques-uns de ces barrages de près, jeudi, car, à la suite du mauvais temps, il s'est rendu à Ramallah en voiture et non en hélicoptère.
Au sujet de Gaza, c'est le flou. Pour M. Bush, "Gaza est un problème difficile, qui sera uniquement résolu si MM. Abbas et Fayad y rétablissent leur contrôle. Le Hamas n'y a apporté que misère, M. Abbas y apportera une vision d'espoir". Mais il n'a pas précisé comment MM. Abbas et Fayad devraient s'y prendre. M. Abbas insiste que les Gazaouis restent partie intégrante de la Palestine. D'ailleurs, le gouvernement de Ramallah leur consacre 58 pc de son budget. Mais il a réitéré qu'il ne parlera pas au Hamas tant que celui-ci n'aura pas abrogé son "coup d'Etat". Quant à reconquérir Gaza par la force, M. Abbas n'en a pas les moyens.
Entretiens avec Blair
M. Bush a promis, par ailleurs, de poursuivre l'aide au développement de l'économie et des institutions palestiniennes. Il doit voir Tony Blair à Jérusalem, ce vendredi, qui s'occupe de ces domaines pour le "Quartet". M. Abbas a certifié qu'il met tout en oeuvre pour instaurer un Etat de droit, des institutions démocratiques, une solide société civile, une transparence financière et les infrastructures d'un Etat moderne.
M. Bush était le premier président américain à s'être rendu dans la "capitale" Ramallah (Bill Clinton était allé à Bethléem et Gaza en 1998). Il a toutefois refusé d'y saluer la tombe de Yasser Arafat.