Le gouvernement Olmert est fragilisé
Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert ne s'émeut pas de perdre le parti nationaliste russophone "Israël Beiténou" ("Israël notre foyer"). Il y voit au contraire l'occasion de consolider la couleur centre-gauche de son gouvernement et appuyer ainsi les négociations de paix avec les Palestiniens. Mais dans son entourage, beaucoup craignent que cette perte ne marque " le début de la fin" pour le gouvernement actuel.
- Publié le 16-01-2008 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert ne s'émeut pas de perdre le parti nationaliste russophone "Israël Beiténou" ("Israël notre foyer"). Il y voit au contraire l'occasion de consolider la couleur centre-gauche de son gouvernement et appuyer ainsi les négociations de paix avec les Palestiniens. Mais dans son entourage, beaucoup craignent que cette perte ne marque "le début de la fin" pour le gouvernement actuel.
Le chef d'"Israël Beiténou", Avigdor Lieberman, a donc mis sa menace à exécution, mercredi. Puisque les frontières d'Israël, les réfugiés palestiniens et surtout Jérusalem font désormais l'objet de tractations concrètes, ses ministres et sa faction parlementaire - onze sièges au total - quittent la coalition gouvernementale. M. Olmert, il est vrai, n'a rien fait pour l'en dissuader. Au contraire, il lui avait encore confirmé la veille, dans un dernier entretien d'éclaircissement, qu'il comptait bien "mettre tous les sujets, y compris les plus controversés, sur la table des négociations" avec les Palestiniens, car "c'est la seule vraie chance de garantir paix et sécurité aux citoyens d'Israël".
En annonçant sa démission, M. Lieberman a réitéré le credo qu'on lui connaît et que beaucoup qualifient de raciste. Au lieu de "paix en échange de territoires", il continuera à prôner "l'échange de territoires et population", à savoir le transfert des Arabes israéliens (20 pc de la population d'Israël) en territoire palestinien. Car leurs leaders - il a notamment cité les députés arabes israéliens Ahmad Tibi et Mouhammad Baraké - "détruisent l'Etat juif de l'intérieur et sont plus dangereux que Machal (chef du Hamas) et Nasrallah (chef du Hezbollah)".
M. Lieberman était chargé du portefeuille des Affaires stratégiques et, à ce titre, du délicat dossier iranien. Il oeuvrera à présent pour des législatives anticipées en Israël.
Quid du Chass ?
Cette démission ne met pas encore M. Olmert en minorité. Elle lui laisse 67 sièges sur les 120 de la Knesset. Mais elle risque de précipiter un second départ du gouvernement, celui du parti religieux sépharade Chass, qui priverait M. Olmert d'encore douze sièges et rétrécirait son assise parlementaire à une minorité de 55 sièges sur 120. Son parti Kadima n'aurait alors plus que les travaillistes et les pensionnés pour partenaires.
M. Olmert a cru pouvoir préserver l'alliance avec les religieux sépharades, la semaine dernière, en rétablissant le ministère des Cultes (aboli en 2003) et en le confiant aussitôt à Chass. Mais le maître de Chass, le rabbin Ovadia Yossef, n'en a pas moins surenchéri. Il a ordonné à Chass de quitter le gouvernement "dès que des négociations sérieuses commenceront" sur Jérusalem, alors que jusqu'à présent, le parti devait rendre son tablier "uniquement si un accord était conclu" à ce sujet. Pour renflouer sa majorité, M. Olmert cherchera à présent à s'allier les religieux ashkénazes ("Judaïsme Unifié de la Torah"), généralement plus souples sur les questions politiques, et le parti de gauche Meretz. Cependant, ses efforts resteront vains si Ehoud Barak et ses travaillistes quittent le gouvernement après la publication, ce 30 janvier, du rapport final sur les erreurs de la guerre d'Israël au Liban en 2006.
Un rapport qui s'annonce accablant pour M. Olmert. M. Olmert table précisément sur le credo pacifiste qu'il a si ouvertement affiché face à M. Lieberman pour dissuader les travaillistes de claquer la porte dans l'intérêt de la paix. Pour l'heure, ceux-ci sont divisés sur la question.