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Les écrivains israéliens
dans l'incompréhension

Les auteurs de la gauche israélienne engagée jugent que le boycott renforce la droite extrémiste.

Les vives critiques, qui se sont élevées ces derniers jours dans le monde arabo-musulman pour dénoncer l'attitude des organisateurs du Salon du livre parisien, s'inscrivent dans une politique de boycott quasi-systématique des rendez-vous culturels auxquels l'État hébreu est convié. Ce geste est perçu en Israël comme une façon de nier l'existence même de l'État juif. « Les appels au boycottage sont une honte, estime Igal ­Palmor, un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Cela rappelle l'époque du communisme et du fascisme combattants. Il est déplorable de déplacer ainsi le conflit du terrain militaro-politique au domaine culturel. » Pour Michal Govrin, auteur francophone, invitée au Salon, «boycotter les écrivains et les livres est l'ultime étape avant de brûler les ouvrages».

De son côté, le président de l'Union des écrivains palestiniens, al-Moutawakel Taha, a appelé les maisons d'édition arabes à ne pas se rendre au Salon. Pour les Palestiniens, comme pour le reste du monde arabe, il s'agit de renforcer le front « anti-normalisation » : faire pression sur Israël, pour qu'il accorde un État aux Palestiniens et qu'il fasse la paix avec la Syrie et le Liban.

«Un rendez-vous manqué»

La plupart des écrivains israéliens jugent que les Palestiniens et les pays arabes se tirent une balle dans le pied. La délégation de 39 écrivains israéliens conviée à Paris compte, en effet, les plus grandes plumes de la gauche engagée : David Grossman, A. B. Yehoshua, Amos Oz… Ils sont les meilleurs avocats au service de la création d'un État palestinien en Israël. Le célèbre auteur Ron Barkaï, dénonce l' «idiotie» de ceux qui appellent au boycott. Âgé de 64 ans, il affirme se battre depuis l'âge de 15 ans pour la création d'un État palestinien, sur « tous les territoires occupés », vivant en paix aux côtés d'Israël. C'est, selon lui, la meilleure garantie de sécurité pour l'État hébreu. Avec Amos Oz, il a convaincu une majorité d'Israéliens de la nécessité de négocier avec le Hamas pour faire cesser la violence. «Nous n'arrêtons pas d'expliquer qu'on fait la paix avec ses ennemis, pas avec ses amis. Pour y arriver, il faut se parler», rappelle-t-il au Figaro.

Ron Barkaï regrette ce rendez-vous manqué. «Échanger nos points de vue à Paris avec des écrivains arabes, sans forcément être d'accord, était une occasion en or d'expliquer la nécessité de faire la paix et de créer un État palestinien aux communautés juives et arabes de France, dit-il. Ce boycottage est une insulte à l'intelligence. S'ils ne nous parlent pas, à qui parleront-ils? Ces idiots ne font que renforcer l'extrême droite israélienne, qui ne cesse de répéter qu'il n'existe pas de partenaire pour la paix.»

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