Les négociations enterrées suite aux violences à Gaza
Au moins 54 Palestiniens ont été tués vendredi soir et samedi dans des combats israélo-palestiniens, portant à 86 morts depuis mercredi le bilan provisoire de cette nouvelle flambée de violence (on dénombre 150 blessés). Saëb Erekat a affirmé que les négociations de paix avec Israël étaient "enterrées sous les maisons détruites de Gaza". Abbas réclame une réunion d'urgence du Conseil de sécuritéCes offensives condamnées de toute part Abbas: "C'est plus qu'un Holocauste"
- Publié le 01-03-2008 à 00h00

Saëb Erekat, l'un des principaux négociateurs palestiniens, a affirmé que les négociations de paix avec Israël étaient, pour l'heure, "enterrées sous les maisons détruites de Gaza", en référence à l'opération de l'armée israélienne en cours dans le territoire.
Au moins 42 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été tués et une centaine blessés samedi, jour marqué par une intensification de l'opération israélienne en cours dans la bande de Gaza.
Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières depuis la prise de contrôle en juin 2007 de la bande de Gaza par le mouvement islamiste Hamas, alors que le bilan des morts palestiniens n'a cessé d'augmenter d'heure en heure depuis l'aube.
Depuis le début de l'offensive mercredi, au moins 75 Palestiniens ont été tués. Un Israélien a péri dans le tir d'une roquette mercredi. Les groupes armés palestiniens ont pour leur part tiré samedi plus de 40 roquettes contre Israël, où six personnes, dont deux enfants et une femme, ont été blessées dans la ville d'Ashkélon (sud), distante de 10 km de la bande de Gaza, selon la radio.
Deux soldats israéliens ont été tués à Gaza, selon la télévision du Qatar al-Jazira. L'armée a fait état de cinq blessés dans ses rangs. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a jugé que l'offensive israélienne, par ailleurs condamné par la Jordanie, était "plus qu'un Holocauste", renouvelant son appel à "une protection internationale du peuple palestinien". "Il est impensable que la réaction israélienne à des tirs de roquettes palestiniens, que nous condamnons, soit aussi terrible et effroyable", a ajouté M. Abbas qui, selon son bureau, tente d'obtenir des réunions d'urgence de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité de l'ONU. Le président palestinien a toutefois été accusé par le chef du mouvement rival Hamas, Khaled Mechaal, qui vit en exil à Damas, de "couvrir, volontairement ou involontairement", l'opération israélienne, qu'il a qualifiée de "véritable holocauste".
Au moins 42 Palestiniens ont été tués et 100 blessés, dont 15 sont dans un état grave, samedi à Jabaliya (nord) et ses environs, selon des sources médicales palestiniennes. Huit au moins de ces tués sont des civils, dont quatre jeunes et quatre femmes. Quinze tués ont été identifiés comme des membres de groupes armés. Une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé dans l'après-midi à l'AFP que "l'opération se poursuivait".
De source militaire israélienne, de violents combats continuaient d'opposer en début de soirée les soldats et des activistes à Jabaliya, où opéraient des unités d'infanterie et de blindés israéliens appuyés par des hélicoptères. Les imams des mosquées récitaient des versets du Coran par haut-parleurs, les habitants de Jabaliya étant terrés chez eux. "Nous vivons une ambiance de guerre totale", a résumé Abou Alaa, 40 ans, un habitant de Jabaliya. Le Dr Mouawiya Hassanein, chef des urgences à Gaza, a affirmé que ses services étaient débordés. "Nous ne pouvons pas nous déplacer facilement, 12 de nos ambulances sont bloquées faute de carburant et les autres doivent coordonner au préalable avec l'armée israélienne".
En Cisjordanie, 300 Palestiniens ont manifesté à Ramallah contre l'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Selon le vice-ministre israélien de la Défense, Matan Vilnaï, il s'agit d'une opération terrestre "élargie" dans le nord de la bande de Gaza. "Nous agissons surtout avec l'aviation même si nous recourrons aussi à des forces terrestres". Il a cependant nié que l'objectif soit une réoccupation partielle de la bande de Gaza évoquée en Israël, qui avait évacué ce territoire en 2005. Pour le ministre de l'Environnement, membre du cabinet de sécurité, Gideon Ezra, il faut "éliminer tous ceux qui sont impliqués dans les tirs de roquettes y compris Ismaïl Haniyeh", le chef du gouvernement Hamas à Gaza, non reconnu par la communauté internationale.
Les derniers décès portent à 6.236 le nombre de personnes tuées dans les violences israélo-palestiniennes depuis 2000, pour la plupart des Palestiniens, selon un bilan.
La journée la plus sanglante depuis des années
Avec plus de 50 Palestiniens tués dans le cadre de l'opération israélienne contre la bande de Gaza, ce samedi est la journée la plus meurtrière dans le territoire palestinien, contrôlé par le Hamas, depuis le retrait israélien de l'été 2005.
27 février: Au moins 26 roquettes palestiniennes sont tirées à partir de la bande de Gaza sur le sud d'Israël. Un Israélien est tué par l'une d'elles à Sdérot. La branche militaire du mouvement islamiste Hamas revendique la responsabilité des tirs, affirmant qu'il s'agissait d'une riposte à un raid aérien israélien qui a coûté la vie à cinq de ses activistes.
Des raids israéliens font 11 morts, dont cinq activistes du Hamas, quatre civils, et deux enfants. Des missiles tirés par un hélicoptère israélien endommagent à Gaza le bâtiment abritant le ministère de l'Intérieur du gouvernement du Hamas.
28 février: Dix-neuf Palestiniens, dont huit membres du Hamas et quatre enfants, sont tués dans des raids israéliens. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak menace d'une opération terrestre de grande envergure. Onze roquettes palestiniennes s'abattent sur le sud d'Israël, notamment à Sdérot et à Ashkélon, faisant deux blessés.
29 février: Le vice-ministre israélien de la Défense Matan Vilnaï avertit qu'Israël est prêt à user de tous les moyens nécessaires pour faire cesser les tirs de roquettes. Des dizaines de milliers de Palestiniens manifestent à Gaza à l'appel du Hamas. Un militant de la branche militaire du Hamas est tué au cours d'un raid aérien dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord). Décès d'une fillette de 2 ans, grièvement blessée par l'explosion d'un obus de char près de Beit Hanoun.
1er mars: au moins 52 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, meurent dans des raids aériens et une opération terrestre de l'armée israélienne contre la bande de Gaza, selon des sources médicales. Quelque 150 Palestiniens sont blessés, dont au moins 15 grièvement. Le président palestinien Mahmoud Abbas appelle à une réunion d'urgence du conseil de sécurité de l'ONU et qualifie l'offensive de "plus qu'un Holocauste". L'armée israélienne annonce de son côté la mort de deux soldats israéliens à Gaza au cours de la même journée.
Israel ne réoccupera pas Gaza Israël est déterminé à tout faire pour que cessent les tirs de roquettes en provenance de Gaza mais ne compte pas reprendre le contrôle du territoire côtier dont il a retiré ses troupes en 2005, a déclaré samedi l'adjoint du Premier ministre Ehud Olmert. "Nous devons agir de toute notre force, mais sans prendre de mesures qui nous porteraient préjudice plus qu'elles ne nous serviraient - je veux parler d'une réoccupation de Gaza", a dit le vice-Premier ministre Haïm Ramon à la télévision israélienne. Il a ajouté que l'offensive en cours visait les responsables des tirs de roquettes et plus généralement les dirigeants islamistes: "Il nous faut prendre pour cible toute personne qui est directement ou indirectement impliquée dans les tirs de roquettes. Prendre pour cible (...) l'infrastructure dirigeante de Gaza."