La révélation, mardi 4 mars, de la séquestration et des violences à caractère antisémite et homophobe, subies, le 22 février, par un jeune homme d'origine juive à Bagneux (Hauts-de-Seine) suscite de vives réactions. Les six jeunes de 17 à 28 ans qui l'ont agressé sont aujourd'hui tous mis en examen et écroués pour "violences aggravées en réunion et en raison de l'orientation sexuelle vraie ou supposée, et en raison vraie ou supposée de la religion", "séquestration en bande organisée" et "acte de torture et de barbarie".
C'est néanmoins un règlement de comptes entre jeunes, tous connus des services de police, qui semble à l'origine de cette agression. Le matin du 22 février, Matthieu R., 19 ans, d'origine juive, qui a des problèmes de drogue et d'alcool et qui a déjà été mis en cause pour "vol, recel, et dégradation", croise deux amis dans sa résidence Pablo Picasso, une cité HLM de Bagneux. Très vite, le ton monte au sujet d'un caméscope, d'un téléphone portable, de résine de cannabis et d'argent qu'il aurait volés. Les trois jeunes gens se retrouvent dans l'appartement des parents de l'un d'eux, absents. Le passage à tabac commence. Il va durer près de dix heures.
Au fil de la journée, cinq autres jeunes d'origines diverses se joignent au groupe et participent à tour de rôle au passage à tabac et à l'humiliation du jeune homme. Bien que la judaïté de Matthieu R. et de sa famille, non pratiquants, ne soit pas connue dans la cité,les insultes "sale juif" et "sale pédé" lui auraient été inscrites sur le visage avec un Typex.
Il aurait été forcé d'avaler des mégots de cigarette, des médicaments comme des suppositoires et de boire jusqu'à l'ivresse. Il aurait aussi été contraint de sucer un préservatif. Transféré en cours de journée par ses agresseurs dans un box de la cité, il est relâché, en sang, en début de soirée, suite à un différend entre ces derniers. L'un des jeunes aurait réclamé qu'on lui rende les clés du box.
"CLICHÉS DANGEREUX"
Cette agression suscite d'autant plus d'émotion à Bagneux que la ville avait déjà été très choquée, il y a deux ans, par la séquestration et la mort d'Ilan Halimi. Un jeune juif torturé pendant trois semaines dans une cave par Youssouf Fofana et "le gang des barbares".
Les deux affaires semblent cependant différentes. Ilan Halimi avait été piégé par une jeune femme qui jouait le rôle d'appât et l'avait séduit, clairement en raison de ses origines juives.
SOS Racisme et Ni putes ni soumises ont toutefois dénoncé "l'installation de clichés dangereux". Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s'est également désolé d'observer que "les agresseurs sont jeunes et on constate que dans cette génération la connotation antisémite des violences vient très vite, cela fait partie de leur fonds culturel". Dans la cité, les jeunes habitants ne comprennent effectivement pas l'émotion suscitée par cette agression.
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