La trêve tacite vole en éclat
L'élimination par les forces israéliennes de cinq activistes palestiniens en Cisjordanie met fin à la trêve tacite, augurant mal des chances de progrès lors des négociations de paix qui reprennent vendredi.
- Publié le 12-03-2008 à 00h00
Une trêve tacite des violences à Gaza a volé en éclats jeudi après l'élimination par les forces israéliennes de cinq activistes palestiniens en Cisjordanie, augurant mal des chances de progrès lors des négociations de paix qui reprennent vendredi.
En guise de "première riposte" à la mort de quatre de ses membres, dont trois ont été liquidés mercredi par une unité spéciale à Bethléem et le quatrième tué lors d'un accrochage dans le nord de la Cisjordanie, le groupe radical Jihad islamique a tiré de nouvelles salves de roquettes sur le sud d'Israël depuis la bande de Gaza. Le Jihad a affirmé dans des communiqués à Gaza avoir tiré "25 roquettes et obus de mortier" sur des localités israéliennes du Néguev, notamment Sdérot, et trois autres roquettes sur la ville d'Ashkelon, plus au nord.
L'armée israélienne a confirmé que 12 roquettes avaient été tirées depuis Gaza, sans faire de victime. Un bâtiment a été endommagé à Sdérot. Israël a affirmé qu'il tenait le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, pour responsable de ces tirs. Dans la foulée, l'armée de l'air israélienne a mené un raid au nord de la bande de Gaza, le premier du genre depuis près d'une semaine, visant "un lanceur de roquettes prêt à être actionné", selon la même source. L'attaque n'a pas fait de victime.
Outre les trois activistes du Jihad, qui étaient recherchés depuis plusieurs années par Israël, un membre des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, un groupe armé issu du Fatah, a été tué lors de l'opération à Bethléem, où une grève générale était observée jeudi en signe de deuil. "Nous avons prouvé hier encore à Bethléem qu'Israël poursuivra et frappera tout assassin ayant du sang juif sur les mains. Israël les atteindra, peu importe le temps écoulé", a affirmé jeudi le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak.
Cette opération est survenue au moment ou Israël et les groupes armés palestiniens observaient une trêve tacite de violences que l'Egypte s'efforçait d'officialiser à la faveur d'une médiation entre les différents protagonistes. Elle s'était traduit par une baisse sensible des violences qui avaient tué plus de 130 Palestiniens depuis le 27 février dans des attaques israéliennes menées à Gaza en représailles à des tirs de roquettes. Cinq Israéliens, dont quatre soldats ont été tués lors de la même période. Le Jihad et le Hamas ont affirmé après la mort des activistes en Cisjordanie qu'une trêve était "hors de question". "Ce crime ne sera pas passé sous silence", a affirmé le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.
Dans une réaction d'une rare virulence, la présidence de l'Autorité palestinienne a affirmé que la "résistance" se poursuivrait contre l'occupation israélienne, faisant assumer à Israël "toutes les conséquences de ses crimes barbares". "En dépit de toutes les fausses allégations du gouvernement israélien sur son attachement à la paix, il poursuit dans la pratique la colonisation à Jérusalem et ailleurs, faisant fi de ses engagements trompeurs pris à Annapolis, sans oublier l'holocauste barbare commis contre notre peuple, ses femmes et ses enfants, dans la bande de Gaza", a ajouté dans dans un communiqué un porte-parole de la présidence de l'Autorité, exercée par Mahmoud Abbas.
C'est dans ce contexte que les négociations israélo-palestiniennes, suspendues par M. Abbas le 2 mars pour protester contre les attaques israéliennes à Gaza, doivent reprendre vendredi avec une rencontre entre M. Barak, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad et l'émissaire américain William Fraser chargé de superviser l'application de la Feuille de route, un plan de paix international. Outre la violence, les négociations, relancées en novembre, ont été plombées par la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-est et en Cisjordanie.