Une percée possible sur le Golan
Si les négociations de paix avec les Palestiniens piétinent, des perspectives semblent se rouvrir avec la Syrie.Le Premier Ministre turc en Syrie pour les pourparlers de paix entre la Syrie et IsraëlRaids aériens sur Gaza: un mort
- Publié le 24-04-2008 à 00h00
Si les négociations de paix avec les Palestiniens piétinent, des perspectives semblent se rouvrir avec la Syrie.
Pour la première fois, le président Bachar al Assad a confirmé cette semaine avoir reçu un message du Premier ministre Ehoud Olmert, selon lequel ce dernier sera prêt à rendre le Golan en échange de la paix. Le message lui est parvenu par l'intermédiaire du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Et M. Erdogan doit se rendre personnellement à Damas ce samedi, pour poursuivre sa médiation.
Médiation turque
M. Olmert n'a ni confirmé ni démenti.
Les gouvernements Rabin, Barak et Netanyahou avaient déjà négocié avec la Syrie d'Assad père, le président Hafez al Assad. Mais sans résultat. Des contacts secrets avaient repris ces dernières années avec la Syrie du fils Bachar, tant sous le gouvernement Sharon que sous le gouvernement Olmert. D'abord, via des médiateurs européens et américains. Puis, via les bons services turcs. Mais jusqu'il y a peu, ces contacts demeuraient infructueux - du moins, à en croire les déclarations publiques de part et d'autre.
A présent, estiment les analystes, MM. Assad et Olmert seraient tous deux résolus à aller de l'avant, chacun pour ses raisons propres. Le premier, pour récupérer le Golan et faire ainsi oublier aux Syriens leur perte du Liban. Le second, pour doter son palmarès politique d'une alternative au cas où les négociations avec les Palestiniens échoueraient.
Cependant, l'accord est encore loin. A cause de la conjoncture environnante bien plus qu'à cause des éventuelles négociations elles-mêmes. Car MM. Rabin, Barak et Netanyahou étaient déjà disposés, eux aussi, à faire des concessions sur le Golan en échange d'une paix complète. Et M. Assad a écarté un écueil supplémentaire, ces derniers jours, en signalant qu'après le retrait israélien du Golan, il ne touchera pas aux sources sur le plateau qui alimentent les rivières et ressources d'eau d'Israël. Les négociations porteraient donc essentiellement sur les futurs arrangements de sécurité et la normalisation bilatérale.
"Axe du mal"
Mais c'est au-delà des deux hommes que les choses se compliquent. Primo, les Etats-Unis. M. Assad a souligné cette semaine que des négociations directes avec Israël seront impossibles tant que l'administration Bush sera en place. Car celle-ci maintient Damas dans "l'axe du mal". Elle est encore revenue à la charge, jeudi, arguant devant le Congrès américain - à l'appui de documents de la CIA et apparemment d'Israël - que la Syrie se faisait aider par la Corée du Nord pour construire un réacteur nucléaire (lire ci-dessous). Un réacteur " qui était en voie d'achèvement au moment où Israël l'a bombardé en septembre 2007 ". Israël reste muet sur toute l'affaire.
Opposition des colons
Secundo, la droite israélienne, dont les quelque 17 000 colons installés sur le Golan depuis son occupation en 1967. Ces irréductibles menacent de légiférer de façon à compliquer l'aval du retrait du Golan. Ce retrait devra notamment être entériné successivement à la Knesseth et par référendum populaire. M. Olmert a donc peu de chances d'imposer un accord israélo-syrien dans la législature actuelle. Mais il envisagerait de progresser dans les négociations avec la Syrie de façon à pouvoir avancer les législatives et s'y présenter alors avec la future paix israélo-syrienne comme programme électoral.
Selon un sondage publié vendredi, 51 pc des Israéliens veulent garder la totalité du Golan, même au prix de la paix; 32 pc sont prêts à le rendre entièrement, 17 pc à en rendre une partie.