Ehud Olmert est dans de sales draps...
Le témoin clef dans une affaire de corruption impliquant Ehud Olmert a affirmé mardi à la justice avoir versé près de 150.000 dollars au Premier ministre israélien en liquide pour ses campagnes électorales et insisté sur le goût du dirigeant pour "la bonne vie et les hôtels de luxe".
- Publié le 27-05-2008 à 00h00

Le témoin clef dans une affaire de corruption impliquant Ehud Olmert a affirmé mardi à la justice avoir versé près de 150.000 dollars au Premier ministre israélien en liquide pour ses campagnes électorales et insisté sur le goût du dirigeant pour "la bonne vie et les hôtels de luxe".
Le témoignage de l'homme d'affaires israélo-américain Morris Talansky est présenté comme crucial dans une procédure judiciaire qui pourrait à terme entraîner l'inculpation et la démission de M. Olmert.
"J'ai donné des sommes en cash à Olmert pour ses campagnes de 1991 et 1992 (...) Il m'a dit qu'il préférait du liquide, et je lui ai donné d'abord de l'argent sur mes fonds privés, puis des sommes collectées aux Etats-Unis à son intention", a affirmé M. Talansky, 75 ans, selon des journalistes admis au tribunal de district de Jérusalem.
"En 1998 également, des sommes, à chaque fois en général de 3.000 à 8.000 dollars, ont été données, toujours en liquide, car Olmert ne voulait pas de chèques. Il a expliqué que ces fonds seraient ainsi plus faciles à répartir", a ajouté M. Talansky.
L'homme d'affaires, qui vit à New York, a affirmé qu'il "n'attendait rien en échange", et indiqué avoir connu M. Olmert durant la guerre du Golfe (1990-91).
"Il était alors ministre de la Santé. C'était un prince du Likoud (droite), un homme intelligent que j'admirais (...) et qui, de mon point de vue, devait être aidé", a dit M. Talansky dans des propos rapportés par la radio publique.
M. Talansky n'a pas été en mesure de spécifier comment les fonds transférés à M. Olmert, soit quelque 150.000 dollars en 15 ans, avaient été utilisés, laissant entendre qu'une partie l'avait été à des fins privées.
A cet égard, il a indiqué avoir prêté de 25.000 à 30.000 dollars à Ehud Olmert pour un voyage en Italie.
"Je sais qu'il aimait la bonne vie, les hôtels de luxe, les cigares fins, les stylos coûteux et les montres, et je trouvais cela étrange", a-t-il dit, selon les journalistes au tribunal.
Convoqué vers 09H00 locales (06H00 GMT), M. Talansky devait répondre sous serment jusqu'à 16HOO locales (13H00 GMT) aux questions du Procureur de l'Etat, Moshé Lador, ainsi qu'à celles du Procureur du district de Jérusalem, Eli Abarvanel.
"A ce stade, il s'agit d'une enquête préliminaire. Le dossier peut évoluer, comme il peut être clos. Il peut y avoir d'autres décisions. J'espère qu'après ce témoignage, nous pourrons prendre la bonne décision", a déclaré à la presse M. Lador, avant le début de la déposition de M. Talansky.
Auparavant, il avait affirmé que M. Olmert était soupçonné de "fraude" et "d'abus de confiance", et souligné que la déposition de M. Talansky pourrait constituer une pièce maîtresse étayant l'éventuelle inculpation du Premier ministre.
M. Olmert est soupçonné d'avoir reçu de M. Talansky des "sommes importantes" et "non autorisées", notamment lorsqu'il était maire de Jérusalem (1993 à 2003), puis ministre du Commerce et de l'Industrie jusqu'en 2006.
L'homme d'affaires a indiqué avoir transmis ces sommes aussi bien en Israël qu'à l'étranger en liquide dans des enveloppes par l'intermédiaire de Shoula Zaken, l'ancienne directrice de cabinet du Premier ministre.
Les avocats de M. Olmert et de Mme Zaken doivent procéder au contre-interrogatoire de M. Talansky à une date qui n'a pas encore été arrêtée.
M. Olmert a publiquement reconnu avoir reçu des contributions destinées à financer ses campagnes électorales pour la mairie de Jérusalem et les primaires du Likoud, mais a affirmé sa probité et s'est engagé à démissionner si la justice décidait de l'inculper.
Il a déjà été interrogé deux fois à propos de cette affaire, et fait l'objet de trois autres enquêtes de police sur des transactions immobilières douteuses et des nominations politiques abusives à l'époque où il gérait le portefeuille du Commerce et de l'Industrie.