La situation du premier ministre israélien, Ehoud Olmert, soupçonné de corruption, est de plus en plus délicate après les révélations, mardi, de l'homme d'affaires américain Morris Talansky, qui affirme lui avoir versé en quinze ans près de 150 000 dollars en liquide. De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer son départ mais, jeudi 29 mai, c'est son propre parti Kadima qui l'a défié. La ministre des affaires étrangères Tzipi Livni, numéro deux du gouvernement, a en effet appelé à la tenue de primaires au sein du parti au pouvoir en vue de lui désigner un successeur.
"Kadima devrait commencer à se préparer à tout éventuel scénario, y compris à des élections [anticipées]. Je suis une grande partisane de primaires [au sein du parti]", a-t-elle déclaré lors d'un colloque à Jérusalem. "Je pense que la majorité du 'public' [la base du parti] doit être impliquée dans l'élection de la direction. Cela nous permettra de regagner la confiance en notre parti", a-t-elle ajouté. Kadima, un parti centriste, a été formé par l'ancien premier ministre Ariel Sharon à la veille des dernières élections législatives, en mars 2006, mais il n'a pas été doté d'un mécanisme pour élire son chef, actuellement M. Olmert, ou le destituer.
L'ENQUÊTE SERA ACCÉLÉRÉE
Niant toute malversation, M. Olmert, qui a fait l'objet de plusieurs enquêtes dans des affaires de corruption, décrit les dons de Morris Talansky comme des contributions au financement de ses campagnes électorales. Jusqu'à présent, il a ignoré les nombreux appels à la démission, y compris celui d'Ehoud Barak, chef de file d'un Parti travailliste dont l'actuel gouvernement ne peut se passer, qui a lui aussi brandi la menace d'élections anticipées. Le premier ministre pourrait cependant être poussé à la démission s'il était inculpé dans le cadre de cette affaire de corruption qui l'éclabousse.
L'enquête, elle, suit son cours. Le procureur général a annoncé, après avoir consulté jeudi magistrats et policiers chargés de l'enquête, que celle-ci serait accélérée pour pouvoir la boucler le plus rapidement possible. Mais il n'a donné aucun calendrier précis quant à une décision d'inculper ou non le premier ministre. Morris Talansky sera par ailleurs interrogé une deuxième fois en juillet, en présence des avocats d'Ehoud Olmert.
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