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Le premier ministre palestinien souhaite "édifier un Etat en dépit de l'occupation" israélienne

Un an après sa nomination à la tête du gouvernement, Salam Fayyad estime qu'il faut agir en dépit des contraintes israéliennes pour entretenir l'espoir et la confiance.

Propos recueillis par Propos recueillis par Benjamin Barthe et Michel Bôle-Richard

Publié le 12 juin 2008 à 13h30, modifié le 12 juin 2008 à 15h31

Temps de Lecture 4 min.

Ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), né en 1952 en Cisjordanie, ministre des finances de l'Autorité palestinienne à partir de 2002, Salam Fayyad occupe les fonctions de premier ministre depuis le coup de force du Hamas à Gaza en juin 2007. Indépendant, il avait conduit sa propre liste, "Troisième voie", aux élections législatives de janvier 2006. Cette liste n'avait recueilli que deux sièges.

Vous avez envoyé une lettre aux membres de l'Union européenne critiquant l'attitude d'Israël dans les négociations de paix en cours et demandant à ce titre de suspendre le projet de renforcement des relations entre l'Etat juif et les Vingt-Sept. Pourquoi ?

Ce qui me guide, c'est la préservation de nos intérêts et de faire en sorte que le processus de paix se poursuive. Je ne demande pas à la communauté internationale de prendre position pour ou contre Israël, mais plutôt de prendre position en faveur du processus de paix. Je ne parle pas de boycottage. Notre approche est constructive. Elle est en accord avec la position de principe adoptée par le Conseil européen le 28 janvier 2008 lorsqu'il a été déclaré que la colonisation dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, est illégale au regard du droit international. C'est cela qui est en jeu. Il faut mettre un terme à l'occupation. Il faut créer un Etat viable, continu et indépendant. Conformément à la déclaration de George Bush en juin 2002.

Peu après que votre lettre à l'Union européenne eut été rendue publique, Israël a gelé pendant une semaine le transfert du produit des taxes sur les importations palestiniennes qu'il collecte en votre nom. S'agissait-il d'une punition ?

Cet argent, c'est celui des contribuables palestiniens. Il nous appartient. Aux termes du protocole de Paris, Israël est tenu de collecter ces sommes et de nous les reverser. Qu'une lettre pareille constitue la cause d'un retard ou d'une suspension de ce versement est quelque chose que je trouve incompréhensible. Une autre chose : le président Mahmoud Abbas nous soutient intégralement dans cette affaire. Mon gouvernement est d'abord son gouvernement.

Pensez-vous qu'Israël va stopper les constructions dans les colonies ?

Si vous regardez les statistiques avant et après Annapolis, plutôt qu'un gel de la colonisation, il y a eu une accélération. Nous ne pouvons l'accepter comme une fatalité. Nous tentons de faire en sorte que ça ne le devienne pas. C'est crucial pour la viabilité du processus de paix.

Dans ces conditions, pensez-vous qu'un accord de paix puisse être trouvé avant la fin de l'année, comme le demande Georges Bush ?

Si vous me demandez si cela est possible, je réponds oui. Car tous les problèmes qui sont sur la table ont déjà été discutés par le passé, et les contours d'une solution durable sont connus et font l'objet d'un consensus international. Donc, oui, c'est possible. Mais est-ce probable ? Je ne le crois pas, étant donné ce qui se passe avec la "feuille de route".

Pensez-vous qu'il y a un manque de volonté politique de la part d'Israël concernant le processus de paix ?

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Ce qui compte, ce sont les actes. Je ne veux pas perdre de temps à spéculer sur les intentions. Ce n'est pas mon tempérament. J'ai des objectifs et la communauté internationale les a acceptés lors de la conférence de Paris au mois de décembre. Chacun a des obligations pour faire assurer le succès de ce processus. Mais les progrès doivent être symétriques.

Vous ne perdez pas espoir ?

Pas du tout. Nous essayons toujours de façon non violente et civilisée de faire en sorte que ce qui peut apparaître comme un fait accompli ne soit plus un fait accompli. Je me suis engagé pour cela.

Croyez-vous qu'il soit possible de construire une économie dans un pays occupé ?

Oui, on peut le faire. Mais peut-on construire quelque chose de durable ? C'est une autre question. Cependant, cela ne veut pas dire que l'on ne doit pas essayer de renforcer nos capacités, dans le domaine économique comme sécuritaire, pour tenter d'édifier un Etat en dépit de l'occupation et des restrictions de toute nature. Car cela nous place dans une meilleure position pour mettre un terme à l'occupation.

Bien sûr, nous pourrions le faire plus rapidement, plus efficacement, s'il n'y avait pas de contraintes. Mais il est important d'agir de façon positive sur le terrain. Ne serait-ce que pour ranimer l'espoir et la confiance en nous-mêmes.

Laissez-moi vous rappeler qu'Israël n'a pas été créé le 15 mai 1948. Cette date correspond juste à la proclamation de l'Etat. Ses institutions, elles, avaient été bâties bien avant.

Jusqu'à quand allez-vous continuer à fournir des efforts qui ne sont pas récompensés par des progrès dans les négociations ?

Que pouvons-nous faire afin que les choses progressent ? J'ai deux options. La première est de m'asseoir et de me plaindre sans fin. La seconde, de prendre le risque de construire quelque chose dans l'adversité.

Y a-t-il une limite de temps pour vous ?

Pour vous dire la vérité, il m'est difficile de penser en termes de temps. Je n'ai pas de contrôle sur le temps. Je ne sais pas quand nous allons pouvoir régler tout cela. Pour le moment, nous devons nous assurer que la possibilité d'obtenir une solution soit préservée. Nous devons conserver un filet de sécurité. C'est pour cela que les négociations doivent se poursuivre. Il n'y a pas de plan B.

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