Vive émotion après l'agression d'un jeune juif
L'agression d'un jeune juif de 17 ans, grièvement blessé après avoir été attaqué par des jeunes à Paris, a suscité dimanche une vive émotion en France et la "profonde indignation" du président Nicolas Sarkozy, qui entame une visite d'Etat en Israël.
- Publié le 21-06-2008 à 00h00
L'agression d'un jeune juif de 17 ans, grièvement blessé après avoir été attaqué par des jeunes à Paris, a suscité dimanche une vive émotion en France et la "profonde indignation" du président Nicolas Sarkozy, qui entame une visite d'Etat en Israël.
Le jeune homme était toujours dimanche après-midi, en réanimation à l'hôpital, dans un "état stationnaire" avec "un pronostic réservé". Cinq mineurs ont été placés en garde à vue et se trouvaient toujours dans les locaux de la police dimanche après-midi. L'enquête a été confiée à la police judiciaire. La communauté juive a dénoncé un "acte antisémite". Le jeune homme a été agressé en plein jour peu avant 20H00 (18H00 GMT) dans le 19ème arrondissement, un quartier cosmopolite du nord-est de Paris où vit une importante communauté juive.
Selon le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, une association juive, il a été agressé "à coups de barres de fer par un groupe de six ou sept jeunes". "On était shabbat, mon fils avait la kippa sur la tête et il rentrait à la maison", a expliqué son père à la radio RTL. "Il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'un acte antisémite", a déclaré Ariel Goldmann, vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Selon Haïm Musicant, directeur général du Crif, qui a eu un contact avec les parents du jeune homme prénommé Rudi, il s'agit d'"une famille pratiquante et traditionaliste".
Le président Nicolas Sarkozy a exprimé sa "profonde indignation", peu avant d'arriver en Israël pour une visite d'Etat de trois jours. Il a "assuré la victime et sa famille de son soutien" et renouvelé "sa totale détermination à combattre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme". De son côté, Rachida Dati, la ministre de la Justice, a demandé au procureur de "donner des instructions pour que les auteurs de cet acte inqualifiable" soient "poursuivis avec la plus grande rigueur".
Le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë a condamné "avec la plus totale fermeté ces faits insupportables" et assuré "la jeune victime ainsi que ses proches de (sa) plus grande solidarité". Dans le quartier où a eu lieu l'agression, les habitants issus de différentes communautés étaient divisés sur les raisons d'un tel acte, certains mettant en cause des "bandes qui traînent dans le quartier".
Trois associations de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, SOS Racisme, le Mrap et la Licra ont également vigoureusement dénoncé l'agression. La Ligue internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra), en rappelant le meurtre d'un jeune juif en février 2006, Ilan Halimi, a jugé qu'il était "plus que temps de porter un coup d'arrêt aux agissements d'une violence inouïe dont les Juifs sont victimes de manière récurrente au coeur de la capitale de la République française". Ilan Halimi, 23 ans, était mort après avoir été enlevé, séquestré et torturé par un gang en région parisienne. Ce drame avait suscité une immense émotion dans le pays, et les autorités avaient renouvelé leur engagement à lutter contre l'antisémitisme.
L'antisémitisme est un sujet sensible en France, où vit une communauté juive de près de 600.000 personnes. En 2004, l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon avait invité les juifs de France à émigrer en Israël pour fuir un "antisémitisme déchaîné", avant de saluer un an plus tard les efforts déployés par la France en la matière.