Un long et vibrant hommage à Israël et à son histoire, puis un plaidoyer pour un rôle accru de l'Europe et de la France dans le processus de paix au Proche-Orient : telles sont les composantes du discours prononcé devant la Knesset Nicolas Sarkozy, lundi 23 juin, au deuxième jour de sa visite d'Etat en Israël, marquée par de nombreuses déclarations d'amitié.
Premier discours d'un président français devant le Parlement israélien depuis la visite de François Mitterrand en 1982, cette allocution intervient au moment où la France prend, le 1erjuillet, la présidence de l'Union européenne (UE) et figurera, à ce titre, au sein du Quartet (Etats-Unis, Russie, ONU, UE).
M. Sarkozy qualifie Israël d'"une des plus authentiques démocraties du monde" et assure que "le peuple français sera toujours [à ses côtés] quand son existence sera menacée". Face à l'Iran, "Israël n'est pas seul!", souligne-t-il.
"La France, qui aime et qui respecte tous les peuples du Moyen-Orient, veut apporter sa contribution à la paix", annonce le chef de l'Etat. "Elle est prête à organiser sur son sol tous les pourparlers qui pourraient y conduire, qu'il s'agisse de la négociation israélo-palestinienne, du dialogue syro-israélien ou des discussions qui devront reprendre, un jour prochain je l'espère, entre Israël et le Liban."
"Sur ces trois volets du processus de paix, la France est prête à apporter sa garantie, prête à mobiliser sa diplomatie, ses ressources, ses soldatsn comme elle le fait déjà, avec d'autres partenaires européens, au Sud-Liban", propose M. Sarkozy.
A des endroits différents du discours, il décrit la France comme l'"amie" d'Israël, puis l'"amie" des Palestiniens.
A chacun, il délivre un message. "La sécurité d'Israël ne sera véritablement assurée que lorsque, à ses côtés, on verra enfin un Etat palestinien indépendant, moderne, démocratique et viable", affirme-t-il. "Il ne peut y avoir de paix", poursuit M. Sarkozy, sans "un arrêt total et immédiat de la colonisation", sans "la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de deux Etats".
"DÉSORMAIS, DE NOUVEAU, TOUT LE MONDE SE PARLE"
Les Palestiniens doivent de leur côté "combattre le terrorisme". "Nul ne peut espérer rétablir les droits du peuple palestinien en niant ceux du peuple israélien et en appelant à la destruction d'Israël", observe M. Sarkozy, qui considère que "le problème des réfugiés palestiniens" doit être résolu "dans le respect de l'identité et de la vocation d'Israël".
Le président français évoque la trêve à Gaza, les contacts indirects noués entre Israël et la Syrie, et la conférence d'Annapolis de novembre 2007, "qui a relancé une dynamique de paix". "Les efforts seront difficiles et douloureux", commente-t-il, mais "peut-être sommes-nous tout près du but puisque désormais, de nouveau, tout le monde se parle". L'Europe "peut apporter une contribution décisive".
Attentif à l'un des objectifs de la diplomatie israélienne, M. Sarkozy assure que, lors de sa présidence de l'UE, la France "travaillera au rehaussement des relations entre l'Union et Israël". Le 16 juin, les Vingt-Sept ont décidé de commencer à négocier avec l'Etat juif un partenariat renforcé, en le liant – mais sans le conditionner explicitement – à des avancées dans le processus de paix.
M. Sarkozy s'attache par ailleurs à mettre en valeur le projet de l'Union pour la Méditerranée, qui doit être lancé le 13 juillet lors d'un sommet à Paris : "Israël, comme l'Autorité palestinienne, comme le Liban, comme la Syrie, y trouveront leur place aux côtés de l'Egypte, de la Jordanie et de tous les pays du Maghreb arabe". Dimanche, en l'accueillant à l'aéroport Ben Gourion, le président israélien, Shimon Pérès, a qualifié M.Sarkozy d'"ami intime d'Israël".
A l'issue d'un dîner de travail avec le premier ministre, Ehoud Olmert, on expliquait, dans l'entourage du président français, que "le pari de Nicolas Sarkozy, c'est de voir le rôle de l'Europe s'accroître pas à pas", et que l'effacement relatif, au Proche-Orient, de l'administration Bush en fin de mandat fait qu'"un espace s'est ouvert à qui souhaite s'y placer".
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