Le sénateur de l'Illinois se recueille au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem.

Le sénateur de l'Illinois se recueille au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem.

L'Express

Attention terrain miné. Barack Obama a entamé, ce mercredi, une visite délicate en Israël et en Cisjordanie. Des deux côtés, on attend des précisions sur ce qu'il entend faire pour le dossier proche-oriental, s'il est élu à la Maison-Blanche en novembre prochain.

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Méfiance côté israélien...

Côté israélien, le candidat démocrate n'a pas encore réussi à dissiper la méfiance. Méfiance due aux rumeurs qui courent sur lui et sa supposée préférence pour le camp arabe. Méfiance imputable aussi à certaines prises de position de sa part. Les dirigeants israéliens font preuve de réserves, notamment à cause d'une proposition d'Obama qui préconise un dialogue direct avec Téhéran afin de désamorcer le dossier nucléaire iranien.

 Dans une lettre ouverte au sénateur de l'Illinois publiée par le Jerusalem Post, Shaul Mofaz, ministre israélien des transports et ancien membre de la direction des forces armées israéliennes, le met en garde. "Le seul langage qui vaille" avec les dirigeants iraniens, "c'est le langage de la force", lui dit-il après lui avoir souhaité la bienvenue en Terre sainte. "Ensemble, nous devons protéger les valeurs qui font de nos deux pays des pays extraordinaires: la démocratie, la liberté et l'espoir", poursuit-il.

Dans le même quotidien, un éditorial souhaite que le prochain président américain soit "assez sage pour utiliser la diplomatie" mais soit aussi "assez fort et courageux pour utiliser la puissance américain quand la diplomatie ne suffit plus".

Un autre édito, publié lui dans Yediot Aharonot met en garde les Israéliens contre un candidat dont les talents d'orateur ne sont plus à démontrer. "Il ne nous mentira pas quand il se dit inquiet pour nous, que l'Amérique est notre meilleure amie, qu'il s'engage à nous aider en temps de paix comme en temps de guerre". Mais "il ne dira pas exactement la vérité: d'autres choses, plus urgentes, l'inquiètent aussi, et il a d'autres amis dans le monde, qui ont aussi besoin de lui".

Haaretz souligne aussi qu'Obama, "dont la visite suscite encore plus d'intérêt que celle de Carla Bruni", vient en Israël dans le but de séduire les électeurs juifs américains... mais pas vraiment pour séduire les Israéliens! "Les Israéliens n'intéressent ni Obama ni McCain", ajoute l'édito.

Obama, qui compte renforcer son image de présidentiable par cette tournée, s'y connaît sans doute moins en matière de politique du Proche-Orient. C'est pourquoi le quotidien publie, ce mercredi, un guide en dix points, pour qu'il s'y retrouve...

... et côté palestinien

Le changement qui va peut-être avoir lieu à la Maison-Blanche "pourrait bien ne pas nous plaire", conclut l'édition de Yediot Aharonot. Israël se sentirait plus rassuré par un John McCain, dont la politique au Proche-Orient s'inscrirait davantage dans la continuité de l'ère Bush: i la déjà affiché son soutien sans faille à Israël. Obama est perçu comme plus proche des Palestiniens.

Et pourtant... Côté palestinien aussi, Obama est très attendu et doit préciser ses positions. Notamment sur les propos qu'il avait tenus en juin: il avait affirmé que Jérusalem devait être la "capitale indivisible d'Israël", ce qui avait provoqué l'indignation des Palestiniens.

"Nous lui dirons: pas de paix sans Jérusalem comme capitale des deux Etats", a indiqué le conseiller politique du président palestinien Mahmoud Abbas, Nimr Hamad. Abbas, qu'il rencontre après le Premier ministre israélien Ehud Olmert, "mettra l'accent sur le danger de la colonisation, le mur et le fait que la communauté internationale fuit ses responsabilités sur ces dossiers", a-t-il insisté.

Obama s'est rendu à Ramallah, ce mercredi. Déplacement que McCain n'avait pas jugé utile, lors de sa tournée il y a quelques mois. Le candidat démocrate y a rectifié le tir au sujet de Jérusalem. "Il a répété que Jérusalem doit être l'un des points du statut final négocié par les deux parties, que Jérusalem restera la capitale d'Israël mais qu'elle ne doit pas être divisée par des barbelés et des points de passage", a indiqué un conseiller d'Obama pour clarifier ses propos.

Ménager les deux parties

Le candidat démocrate tente de ménager l'autre partie aussi: il a loué en Israël le "miracle" de la création de l'Etat hébreu, réaffirmé son "attachement constant à la sécurité d'Israël", refusé de parler du Hamas et souhaité encore resserrer les liens entre l'Etat hébreu et les Etats-Unis s'il accède au bureau ovale.

Parviendra-t-il, en une petite journée, à convaincre chacun des acteurs du conflit israélo-palestinien? Pas sûr. Mais, il avait prévenu, mardi à Amman, que, malgré les espoirs qu'il suscite partout sur son passage, "il n'est pas réaliste d'attendre qu'un président américain, seul, claque des doigts et apporte la paix à la région".

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