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Olmert aux abois s'en prend à la justice et à la police

Publiquement, pour la première fois, le premier ministre israélien accuse de «folie» les représentants de la loi qui le prennent pour «cible».

Un homme traqué qui joue son ultime carte et attaque tous azimuts : ainsi apparaît le premier ministre israélien, impliqué dans une affaire de transferts illégaux de fonds qui risque fort de lui coûter son fauteuil dans les prochaines semaines. S'exprimant publiquement pour la première fois, Ehoud Olmert a accusé, dans une déclaration vendredi à un quotidien, la police et le bureau du procureur de le prendre pour «cible» et d'organiser systématiquement des fuites vers les médias. «Ils ont décidé de me liquider en transformant l'enquête en une cour martiale menée en plein jour .» Et d'ajouter : «Ils sont devenus fous, ils agissent sous le coup de la colère, l'écume aux lèvres, en refusant d'admettre qu'ils se sont trompés.» Pour les commentateurs, cette diatribe contre tous ceux qui sont chargés d'appliquer la loi est sans précédent de la part d'un chef de gouvernement.

Cette violence verbale reflète surtout la réaction d'un dirigeant aux abois. Ehoud Olmert espérait en effet que sous le feu roulant des questions de ses avocats le principal témoin de ce scandale, Morris Talansky, allait être totalement discrédité. Pendant les séances publiques de contre-interrogatoire, ces derniers jours, cet homme d'affaires américain, qui affirme avoir transmis dans des enveloppes plusieurs dizaines de milliers de dollars à Ehoud Olmert ou à ses collaborateurs, a été poussé dans ses derniers retranchements. Acculé, il a multiplié les erreurs de date, les approximations et les contradictions par rapport à ses précédentes dépositions. «Que reste-t-il de ce témoignage minable ? Rien», estime le premier ministre.

Les médias ne partagent pas ce diagnostic. Selon eux, Morris Talansky n'est effectivement pas le témoin idéal. Mais l'essentiel de ce qu'il a révélé demeure. Personne ne conteste qu'il a fait pendant des années des dons en liquide à Ehoud Olmert. Toute la question est de savoir si cet argent a servi uniquement à financer une partie de ses campagnes électorales comme le prétend le premier ministre ou si ces fonds ont permis de régler des billets d'avions, des notes d'hôtels de luxe et autres «faux frais» personnels et familiaux. Depuis le début, Ehoud Olmert s'en défend en proclamant qu'il n'a jamais mis «un sou versé par Talansky dans ma poche».

«Je ne me souviens pas»

Sur ce point essentiel, les enquêteurs ont de très sérieux doutes. Ils vont d'ailleurs interroger pour la quatrième fois vendredi prochain pendant deux heures le premier ministre dans son bureau à Jérusalem. Lors d'une des précédentes séances, Ehoud Olmert avait eu, comme Morris Talansky, de très nombreux trous de mémoire. À la plupart des questions détaillées, le premier ministre avait répondu : «Je ne me souviens pas.» Le procureur Menahem Mazouz a critiqué cette attitude en déplorant que la police «rencontre des difficultés auxquelles elle n'avait pas été confrontée avec de précédents premiers ministres».

Sur le front politique cette épreuve de force juridique a fait des ravages. Selon un sondage, seuls 6 % des Israéliens estiment qu'Ehoud Olmert est «le plus digne» d'être chef de gouvernement. Le premier ministre, comme il le dit lui-même, refuse pour autant de «craquer». Mais son sort semble désormais scellé, selon la plupart des commentateurs. Le doute pourrait être levé dès le 17 août, date limite pour la présentation des candidatures à la direction de Kadima, le parti centriste au pouvoir. Ehoud Olmert tente d'entretenir le suspense. Il se refuse à dire s'il se présentera pour prendre part aux élections primaires prévues en septembre, qui désigneront le premier ministre, alors que la course à sa succession bat son plein.

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