Le plan Olmert, "une perte de temps"
Dimanche dernier, le négociateur en chef des Palestiniens, Ahmed Koreyié, a révélé que les tractations de paix avec Israël étaient dans l'impasse. Au point, disait-il, que les Palestiniens pourraient renoncer à créer un Etat séparé d'Israël et chercher plutôt à former avec Israël un Etat unique, binational, où les Palestiniens exigeraient la concitoyenneté à part égale.
- Publié le 13-08-2008 à 00h00

Correspondante À Jérusalem Dimanche dernier, le négociateur en chef des Palestiniens, Ahmed Koreyié, a révélé que les tractations de paix avec Israël étaient dans l'impasse. Au point, disait-il, que les Palestiniens pourraient renoncer à créer un Etat séparé d'Israël et chercher plutôt à former avec Israël un Etat unique, binational, où les Palestiniens exigeraient la concitoyenneté à part égale.
Mardi, on a compris pourquoi. Et l'impasse s'est encore durcie d'un cran. Le quotidien israélien "Haaretz" a, en effet, publié le plan de paix que le Premier ministre Olmert a soumis au président palestinien, Mahmoud Abbas. Une paix que M. Olmert espère conclure avant son propre départ du pouvoir en Israël d'ici quelques mois.
Mais, suite à cette publication, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Rodeiné, s'est empressé de rejeter le plan, lui reprochant de " manquer de sérieux ", car il ne prévoit pas un Etat palestinien à continuité territoriale, débarrassé des colonies juives, revenu aux frontières d'avant juin 1967 et avec Jérusalem pour capitale. "Une perte de temps ", disent donc les Palestiniens, tant en termes de substance qu'en termes de calendrier.
Le plan Olmert prévoit notamment un accord de principe qui fixera dès à présent les bases du futur Etat palestinien (frontières définitives, sort des réfugiés, modalités de sécurité), mais qui ne sera pas mis en oeuvre avant que l'Autorité palestinienne puisse l'assumer. En l'occurrence, pas avant qu'elle n'arrache la Bande de Gaza des mains du Hamas islamiste. Une perspective peu réaliste à l'heure actuelle. Et puis, le plan laisse l'avenir de Jérusalem sans réponse, M. Olmert ayant différé les négociations à ce sujet, afin de satisfaire l'aile religieuse-nationaliste de son gouvernement actuel.
M. Olmert propose un échange de territoires : Israël annexera 7 pc de la Cisjordanie, à savoir les enclaves où se trouvent aujourd'hui les principaux blocs d'implantation juive, et il cédera aux Palestiniens l'équivalent de 5,5 pc de la Cisjordanie sous la forme de territoires jouxtant la Bande de Gaza dans le sud d'Israël. Un couloir permettra aux Palestiniens de circuler librement entre la Cisjordanie et Gaza.
Mais les Palestiniens refusent d'échanger plus de 2 pc de territoires et s'opposent au maintien de toute présence juive. D'autant plus que l'échange proposé par M. Olmert se ferait de façon inégale : Israël prendrait immédiatement possession de ses blocs d'implantation juive, tandis que les Palestiniens recevraient leurs nouvelles terres uniquement après le retour de Gaza dans le giron du régime Abbas. Même l'évacuation des colonies juives en dehors des futurs 7 pc annexés par Israël ne se ferait que de façon graduelle, dépendant du progrès des Palestiniens dans leurs propres réformes internes et leur construction nationale.
Démilitarisation totale
Le plan Olmert prévoit aussi la démilitarisation totale de la future Palestine, alors que les Palestiniens exigent d'avoir des troupes pouvant les défendre de " menaces extérieures ". Il rejette le droit au retour des Palestiniens en Israël, à l'exception d'un nombre limité de réunifications familiales, et stipule que les réfugiés de la diaspora pourront uniquement revenir dans la future Palestine.
Selon "Haaretz", M. Olmert tient absolument à conclure cet accord, afin de prouver qu'Israël ne tient pas à rester indéfiniment maître des Territoires et d'écarter ainsi toute velléité palestinienne d'Etat binational, où la communauté juive serait rapidement marginalisée par la croissance démographique arabe.