Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Nicolas Sarkozy scelle les retrouvailles franco-syriennes

Le président de la République est en Syrie mercredi et jeudi pour évoquer avec Bachar Al-Assad le Liban, le nucléaire iranien et la paix avec Israël.

Par Gilles Paris

Publié le 03 septembre 2008 à 09h23, modifié le 03 septembre 2008 à 15h25

Temps de Lecture 3 min.

Comme il s'y était engagé lorsqu'il avait reçu solennellement, le 12 juillet à l'Elysée, le président syrien Bachar Al-Assad, Nicolas Sarkozy effectue, mercredi 3 et jeudi 4 septembre à Damas, la première visite d'un président français depuis celle de Jacques Chirac, en octobre 2002.

Cette visite, accompagnée d'un mini-sommet régional avec la Turquie et le Qatar, jeudi, parachève les retrouvailles franco-syriennes après une brouille de près de cinq ans. Présentée comme "très politique" par l'Elysée, elle ne devrait d'ailleurs pas s'accompagner, dans le domaine économique, de signatures de contrats importants compte tenu des effets persistants de ce gel et de la modestie des échanges entre les deux pays. Ces retrouvailles sont encore bien fraîches et, si elles permettent à la Syrie de sortir de son isolement régional, chacun s'efforce de les présenter selon ses intérêts.

Le régime syrien, qui s'est montré prompt à soutenir la Russie contre les Occidentaux dans la crise géorgienne, en nostalgique de la guerre froide et de ses blocs, assure ainsi que c'est sa capacité de résistance aux pressions internationales qui a convaincu le président français, sur les conseils du Qatar, de rouvrir le dialogue avec Damas pour tenter de se gagner les faveurs d'un pays stratégique mais marginalisé au sein de la famille arabe, comme l'ont encore montré les absences de nombreux chefs d'Etat lors du sommet annuel de la Ligue arabe organisé à Damas, en mars, à commencer par le roi Abdallah d'Arabie saoudite.

L'Elysée, au contraire, défend la thèse d'une évolution syrienne illustrée, selon la présidence française, par l'apaisement relatif enregistré depuis l'accord de Doha, en mai, au Liban, l'ancien pré carré syrien, après trois années de tensions et de violences entre majorité antisyrienne et opposition libanaises.

Il est sans doute encore trop tôt pour mesurer si l'audacieux pari français sur le réengagement de la Syrie a des chances de porter ses fruits. L'Elysée dresse avec soin, pour tenter de convaincre les sceptiques arabes ou occidentaux, la liste des gestes syriens jugés prometteurs : visite à Damas, en août, du président libanais Michel Sleimane; engagement syrien, réitéré à cette occasion, d'ouvrir pour la première fois dans l'histoire des deux pays une représentation diplomatique à Beyrouth; réactivation des commissions syro-libanaises consacrées aux contentieux que constitue la démarcation de la frontière entre les deux pays, le sort des disparus libanais de la guerre civile pour lesquels la Syrie est mise en cause ou les modalités de leur normalisation diplomatique.

Contrarier l'axe Damas-Téhéran

L'attachement apporté par Nicolas Sarkozy à la piste syrienne ne se justifie pas seulement par la situation du Liban, où se tiendront d'ici un an des élections législatives dont la France attend beaucoup. Paris ne fait pas mystère de sa volonté de contrarier l'axe entre Damas et Téhéran, qui affaiblirait incontestablement le régime iranien dont les ambitions nucléaires, jugées suspectes par les Occidentaux, ont précipité l'isolement. Depuis que la Syrie a accepté l'idée d'un coparrainage franco-américain dans le cas de négociations directes avec Israël (les deux pays, pour l'instant, se contentent de contacts par le truchement de la Turquie), la France espère enfin retrouver une nouvelle influence dans la région, sur le modèle de celle obtenue lors de la crise de 1996 entre le Liban et Israël.

Les incertitudes politiques israéliennes mises à part, il est douteux, cependant, que la moindre avancée puisse être enregistrée sur ce point, comme l'avait d'ailleurs déclaré M. Al-Assad lors de sa visite à Paris, avant la mise en place d'une administration américaine décidée à rompre avec l'intransigeance manifestée par George Bush, notamment avec l'adoption de sanctions unilatérales contre la Syrie depuis 2003 (étendues récemment aux intérêts économiques d'un membre influent de la famille Al-Assad, Rami Makhlouf).

Si les démocrates ont manifesté à plusieurs reprises une volonté de dialogue avec Damas, comme en a témoigné en 2007 la visite critiquée par la Maison Blanche du "speaker" de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, les républicains se sont bien gardés pour l'instant de la moindre ouverture. Pour le régime syrien, seuls les Etats-Unis sont pourtant à même d'apporter les garanties, politiques comme économiques, nécessaires à sa pérennité.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.