Trois jeunes juifs ont déposé plainte, samedi 6 septembre, affirmant avoir été agressés pour des motifs antisémites, dans le 19e arrondissement à Paris. Les victimes ont été "légèrement blessées" et se sont vu reconnaître des interruptions totales de travail (ITT) de trois à quatre jours pour des contusions au visage et des fractures du nez provoquées par des coups de poings. Les violences ont eu lieu rue Petit, à proximité du square ou un autre juif, Rudy H., avait été agressé en juin par une bande de jeunes après une série d'affrontements entre communautés.
Selon la police judiciaire, les trois jeunes auraient d'abord fait l'objet d'un jet de pierre, suivi d'une discussion, puis d'une bagarre provoquée par un groupe de 6 à 7 personnes. D'après le président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Raphaël Haddad, qui a révélé l'incident, les agresseurs seraient des gens du quartier et le plus violent était de type européen. Lundi matin, la PJ indiquait que l'enquête se poursuivait avec, en particulier, l'exploitation de vidéos de surveillance.
"AUCUN PROPOS ANTISÉMITE"
"Selon les témoignages unanimes des trois garçons, aucune injure ni propos antisémites n'ont été prononcés" pendant l'agression, a relevé la PJ, citée par l'AFP. Au cours d'une conférence de presse, dimanche 7 septembre, le directeur de cabinet de la préfecture de police, Christian Lambert, a néanmoins indiqué qu'"il y a de grandes chances" que l'agression présente un caractère antisémite dans la mesure où les trois victimes portaient des kippas.
Les associations et les responsables politiques ont réagi très rapidement en retenant la nature antisémite des violences. La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, a condamné dimanche "avec la plus grande fermeté les violences antisémites perpétrées samedi à l'encontre de trois jeunes qui se rendaient à une synagogue". Le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, a également dénoncé une "agression à caractère manifestement antisémite".
Le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), Richard Prasquier, a estimé que l'agression était "incontestablement antisémite", se demandant : "Comment une agression ne serait pas antisémite", quand "ceux à qui l'on jette des pierres portent une kippa" et que d'autres qui n'en portent pas sont laissés en paix ? Faisant référence à l'agression de Rudy H., en juin, il a dénoncé, "dans cet arrondissement", "un problème de vie au quotidien, pourrie par des insultes, des incivilités" qui "témoignent de la profondeur des préjugés antisémites".
L'association SOS Racisme s'en est prise aux élus locaux estimant qu'il était "temps que le maire de l'arrondissement cesse de fermer les yeux sur les inquiétants processus à l'oeuvre sur son territoire". Le maire (PS) du 19e, Roger Madec, a reconnu qu'il y avait dans son arrondissement "plus de difficultés que dans d'autres où la population est moins mélangée", mais a estimé qu'on pouvait y "vivre ensemble". Dans l'affaire de l'agression de Rudy H., deux jeunes hommes, dont un militaire, ont été mis en examen pour "tentative de meurtre et violence en réunion" aggravées par leur caractère antisémite, et écroués.
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