Tzipi Livni prend la relève d'Olmert
Une page israélienne est tournée. Après deux ans et demi de pouvoir, le Premier ministre Olmert et son gouvernement ne règnent plus qu'à titre transitoire.
- Publié le 21-09-2008 à 00h00
Correspondante à Jérusalem Une page israélienne est tournée. Après deux ans et demi de pouvoir, le Premier ministre Olmert et son gouvernement ne règnent plus qu'à titre transitoire.
Et la nouvelle dirigeante de Kadima, Tzipi Livni, devrait être officiellement mandatée ce lundi soir pour former la relève.
Ehoud Olmert a donc tenu sa promesse, sans manoeuvres dilatoires. Ecarté de la direction de son parti, payant le prix d'une guerre controversée au Liban et d'une série de scandales de corruption, il a remis dimanche sa lettre de démission au président de l'Etat, Shimon Pérès. La démission est entrée en vigueur sur le champ et a automatiquement entraîné la démission du gouvernement tout entier.
Celui-ci restera en place jusqu'à ce qu'un autre gouvernement voie le jour, constitué par Mme Livni ou émanant de législatives anticipées.
Le gouvernement sortant, a dit M. Olmert, "a mené des processus qui s'inscriront dans l'histoire d'Israël, certains dont on peut parler, d'autres pas, et chacun qui y a participé en sera fier".
M. Pérès a aussitôt engagé un marathon de consultations avec les 13 factions de la Knesseth, afin de déterminer si Tzipi Livni, qui dirige à présent le parti au pouvoir, est bien celle qui a le plus de chances de rassembler une majorité. Théoriquement, il a sept jours pour trancher. Mais il doit partir ce lundi soir pour les Nations Unies à New York. Il cherche donc à boucler sa mission et donner le feu vert à Mme Livni avant cela.
Tzipi Livni consulte
Celle-ci aura alors jusque début novembre pour se doter d'un gouvernement. Si elle échoue, les Israéliens seront appelés aux urnes endéans 90 jours. Normalement, la législature devait s'achever fin 2010. Mme Livni n'a pas attendu la décision présidentielle. Elle a déjà eu de premiers entretiens avec les partenaires de la coalition existante (travaillistes, religieux-sépharades de Shass, retraités), ainsi qu'avec quelques partis d'opposition qui pourraient l'étoffer, dont la gauche Meretz.
Mais elle se heurte à deux obstacles. A Shass qui exige une rallonge budgétaire et la promesse de ne pas négocier Jérusalem. Et surtout, au chef travailliste, Ehoud Barak, son collègue de la Défense, qui menace de se liguer avec le chef du Likoud, Benjamin Netanyahou, pour avancer les législatives et s'allier ensuite avec lui dans une union nationale. L'objectif des deux hommes : empêcher Mme Livni d'accéder au poste de Premier ministre, afin qu'elle n'ait pas le temps de s'ériger en leader national avant les législatives. Mais Mme Livni a mis en garde, dimanche : elle ne craint pas le suffrage de la nation et n'hésitera pas à s'y soumettre si ses interlocuteurs ne lui permettent pas de former un gouvernement dans les plus brefs délais.
La justice attend M.Olmert
M. Olmert, de son côté, compte profiter du temps qui lui reste à la tête du gouvernement démissionnaire pour poursuivre ses négociations de paix avec les Palestiniens et la Syrie. Mais même s'il en a théoriquement le pouvoir, il n'aura pas l'autorité politique pour faire accepter aux Israéliens des concessions majeures.
Et il pourrait bientôt avoir d'autres chats à fouetter. Car le procureur de l'Etat devrait prochainement décider s'il adopte les recommandations de la police et inculpe M. Olmert bel et bien de fraude et corruption dans les dossiers qui ont causé sa perte politique.