Arcadi Gaydamak n'a pas souhaité s'expliquer avant l'ouverture du procès de l'"Angolagate", à Paris, dans lequel il est notamment renvoyé pour "commerce illicite d'armes". Il a d'autres soucis en tête. Le milliardaire israélien d'origine russe veut conquérir la mairie de Jérusalem : le scrutin a lieu le 11 novembre.
Ses chances sont minces, d'autant qu'il est pratiquement absent de la campagne électorale. Pas d'affiches, ni de slogans, ni de meetings. Cela s'explique-t-il par ses actuelles difficultés financières ? Les affaires de M. Gaydamak vont mal. Selon la presse israélienne, ce personnage controversé aurait déjà perdu 500 millions de shekels (100 millions d'euros) en dix-huit mois à la suite d'investissements peu judicieux.
Personne ne peut dire ce que cela représente par rapport à sa fortune dont les chiffres varient entre un et quatre milliards de dollars. Le flou le plus total règne sur ce qu'il contrôle, tant en Israël qu'en Russie. Cet homme de 56 ans a remis, au début du mois de septembre, une procuration à son avocat, lui demandant de "s'occuper de la gestion et éventuellement de la vente de toutes ses sociétés". Il a décidé de ne conserver que le club de football du Betar de Jérusalem ainsi que la propriété d'un hôpital de la ville sainte qu'il a acquis il y a deux ans.
Pour tenter d'accroître son influence, notamment dans l'importante communauté russe, il a créé un parti appelé "Justice sociale", avec lequel il a tenté de séduire un groupe de députés du Parti des retraités pour faire son entrée à la Knesset. L'opération a échoué. M. Gaydamak essaie néanmoins de placer des jalons pour les prochaines élections générales ; il souhaite apporter ses suffrages à Benyamin Nétanyahou, leader du Likoud.
Voilà huit ans qu'il s'est enfui de France. Le mandat d'arrêt international lancé par le juge Philippe Courroye le 6 décembre 2000 est resté sans effet. M. Gaydamak n'a pas été inquiété et le gouvernement français n'a jamais fait pression pour obtenir son extradition. Il répète qu'il est prêt à se mettre à la disposition de la justice française mais craint d'être mis en prison avant de pouvoir s'expliquer. Pour lui, l'"Angolagate" est "une affaire montée de toutes pièces".
"Je n'ai été qu'un trader de pétrole entre l'Angola et la Russie", nous avait-il déclaré, il y a un an. Que l'argent du pétrole ait permis d'acheter des armes, ce n'est pas son affaire. Il a affirmé ne pas connaître Pierre Falcone ni Jean-Christophe Mitterrand. Il n'a cessé de dire que ce dossier a été monté contre Charles Pasqua pour l'écarter de l'élection présidentielle en 2002 afin de laisser le champ libre à Jacques Chirac. Il a trouvé que la France était ingrate, après les services rendus dans la libération des otages en Bosnie en 1995 et au Daghestan en 1997. Ce qui lui avait valu d'être décoré de l'ordre national du Mérite par Charles Pasqua en 1999.
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