Le président russe, Dmitri Medvedev, reçoit le Premier ministre israélien Ehud Olmert, ce 7 octobre à Moscou, pour des entretiens centrés sur le nucléaire iranien et les ventes d'armes russes au Proche-Orient. La visite de travail doit durer 24 heures.

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Sans exagérer l'importance de cette rencontre, elle marque, d'une certaine manière, un retour de la géopolitique "classique" dans l'échiquier du Proche-Orient.    

"S'il y a regain de tension entre la Russie et l'Occident, je crains que les pays du Proche-Orient ne soient à nouveau impliqués", avait confié le roi de Jordanie, Abdallah II, , à la fin du mois d'août. Or a relancé les risques de tiraillements entre la Russie, d'une part, et les pays occidentaux, d'autre part.

Le gouvernement israélien partage les craintes du souverain hachémite, au point que le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a appelé le 5 octobre la Russie à s'abstenir de vendre des armes susceptibles de compromettre l'équilibre stratégique dans la région. "Les Russes doivent assumer un rôle positif au Proche-Orient et ne pas fournir des armements qui portent atteinte au fragile équilibre dans la région", a-t-il affirmé.   

En fait, s'inquiète d'un éventuel contrat de vente de missiles anti-aériens S-300 russes à l'Iran, son ennemi juré. Car le déploiement d'un tel armement gênerait considérablement une éventuelle opération de l'aviation israélienne contre les sites nucléaires en Iran: les missiles S-300 sont capables d'atteindre un avion à 30 km de hauteur, et leur portée est de 150 km.

Si ces armes devaient parvenir en Syrie, pays allié de l'Iran, elles menaceraient les vols de l'aviation israélienne à l'intérieur même de l'espace aérien d'Israël, selon un responsable israélien cité sous couvert d'anonymat par le quotidien Haaretz.

Au-delà du cas particulier des S-300, Israël craint un retour aux grandes manoeuvres de l'époque de la guerre froide. Avant l'éclatement de l'Union soviétique, en effet, Moscou a souvent utilisé des "pays amis" hostiles aux intérêts américains, tels que la Syrie, pour faire pression sur Washington par Israël interposé.

Rien n'empêche la Russie de renouer avec ces pratiques, avec l'appui de la Syrie ou de l'Iran. Pour les plus pessimistes, Moscou pourrait même jouer un rôle en Egypte, à terme, quitte à renverser le régime de Hosni Moubarak et à installer au Caire un régime plus proche de ses intérêts. Le président égyptien est âgé de 80 ans et les rumeurs abondent sur son état de santé.

Du point de vue russe, le raisonnement serait le suivant: "Si Washington prétend s'immiscer dans les républiques post-soviétiques, tels que la Géorgie, Moscou ne s'interdit pas d'intervenir au Proche-Orient". De l'allié israélien au chaos irakien, où 145000 soldats américains sont toujours déployés sur le terrain, les occasions ne manqueraient pas. Déjà, selon les Etats-Unis, Moscou vendrait des armes, par des biais indirects, au Hezbollah et à la Syrie.

Quand la guerre a éclaté en Géorgie, en août dernier, les Russes ont relevé la présence de conseillers américains et européens, ainsi que celle, plus anecdotique, de conseillers et d'hommes d'affaires israéliens. Dans les jours qui ont précédé le conflit, Israël a annoncé publiquement, avec une célérité inhabituelle, la fin de ses ventes d'armes à la Géorgie.

C'est dans ce contexte, sans doute, qu'il faut comprendre la visite d'Olmert à Moscou. Au Proche-Orient, la géopolitique est de retour.

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