Israël : Tzipi Livini appelle à des élections anticipées

Israël : Tzipi Livini appelle à des élections anticipées

    Après plus mois de tractations, elle n'est pas parvenue à obtenir une coalition gouvernementale. Dimanche, Tzipi Livini s'est résignée à appeler à l'organisation d'élections anticipées en Israël, «le plus vite possible». Une annonce qui fait sérieusement tanguer le processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne.

    «Il y a un prix que je ne suis pas disposée à payer»

    Le sort de Tzipi Livni, chef du parti Kadima au pouvoir (centre), a été scellé par la défection ces derniers jours des ultra-orthodoxes du Shass (12 députés sur les 120 de la Knesset) et de la Liste unifiée de la Torah (6 députés). Ces deux formations, dont l'appui était indispensable pour dégager une majorité au Parlement, avaient exigé de Mme Livni qu'elle s'engage par écrit à ne mener aucune négociation avec les Palestiniens sur la question ultra-sensible de Jérusalem-est.

    «J'ai constaté ces derniers jours que les négociations menaient à des exigences exorbitantes tant au niveau économique que politique (des partis). Il y a un prix que je ne suis pas disposée à payer», a-t-elle martelé.

    Une image de femme intègre

    Donnant le coup d'envoi d'une campagne électorale en vue d'un scrutin prévu au plus tard en février, elle s'est présentée comme une dirigeante aux principes politiques «propres», face aux accusations de ses opposants selon lesquels son échec à former un cabinet illustrait son manque d'expérience politique. Le chef de l'opposition de droite, Benyamin Netanyahou, fait figure de favori.

    Le président israélien, Shimon Peres, a déclaré qu'il inviterait «dans les trois jours» les chefs des différentes formations politiques pour les informer de la décision de Mme Livni, ministre des Affaires étrangères, de renoncer à former un gouvernement.

    Avec cet échec, la crise politique provoquée par les affaires de corruption qui ont éclaboussé le Premier ministre démissionnaire, Ehud Olmert, s'envenime. Sans majorité au Parlement, le gouvernement de transition de M. Olmert toujours en place n'est pourtant pas habilité à prendre des décisions capitales pour l'avenir du pays.

    La fin du processus de paix relancé en 2007

    Pour les commentateurs, qu'ils soient palestiniens ou israéliens, l'annonce d'élections anticipées marque définitivement la fin du processus de paix entamé par l'administration de George W. Bush à la conférence d'Annapolis qui avait relancé les négociations en novembre 2007. «Annapolis est mort. Olmert et Livni ne pourront pas parvenir à un accord car il n'y a plus de médiateur américain. Aucun accord ne peut-être signé sans la présence d'un intermédiaire américain actif entre les parties israélienne et palestinienne», déclare Menahem Klein, professeur en sciences politiques à l'Université Bar-Ilan de Tel-Aviv.

    Côté palestinien, le même pessimisme prévaut. «Le processus de paix est directement lié à cette crise car elle permet à Israël de ne pas s'engager dans des négociations», dit le politologue Hani al-Masri.

    Tout dépend du scrutin américain

    Tous les yeux sont désormais tournés Outre-atlantique : Israéliens et Palestiniens sont suspendus au résultat de l'élection présidentielle aux Etats-Unis le 4 novembre. «En fin de compte, tout dépend de qui sera le futur président américain, car le scrutin aux Etats-Unis aura des conséquences sur les élections israéliennes», estime Akiva Eldar, éditorialiste au quotidien Haaretz. Une victoire du candidat démocrate Barack Obama, donné favori par les sondages, pourrait remettre le conflit israélo-palestinien au centre des préoccupations de la nouvelle administration américaine, selon lui.

    Mais une cohabitation entre le chef de l'opposition de droite, Benjamin Netanyahou, et M. Obama pourrait s'avérer difficile. «Tout le monde sait que les Israéliens n'aiment pas entrer en confrontation avec les Américains», poursuit-il. Netanyahou, un faucon, s'est dans le passé catégoriquement opposé à la création d'un Etat palestinien au côté d'Israël, a rejeté les accords de 1993 sur l'autonomie palestinienne et refuse toute concession sur Jérusalem, un programme en contradiction avec les plans de paix internationaux.