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En Israël, Tzipi Livni renonce à former un nouveau gouvernement

Après plus d'un mois de tractations, le premier ministre israélien désigné n'a pu former une coalition gouvernementale. Des élections anticipées sont prévues mi-février.

Par Benjamin Barthe

Publié le 27 octobre 2008 à 13h35, modifié le 27 octobre 2008 à 13h35

Temps de Lecture 3 min.

L'Etat d'Israël s'achemine vers ses quatrièmes élections générales en l'espace de huit ans. La mine abattue du premier ministre désigné Tzipi Livni, dimanche 26 octobre, en disait plus qu'un long discours. Mme Livni, chef du Parti Kadima, vainqueur des primaires organisées au début du mois de septembre et chargée, à ce titre, de former un nouveau gouvernement, venait d'annoncer au président Shimon Pérès qu'elle renonçait à cette tâche.

En dépit de plus d'un mois de tractations, Mme Livni, qui avait obtenu le soutien du Parti travailliste, n'a pas pu persuader le parti religieux séfarade Shass de reformer la coalition qu'avait dirigée le premier ministre Ehoud Olmert, avant d'être poussé à la démission par des accusations de corruption.

"Lorsqu'il est devenu évident que des partis profitaient de l'occasion pour avancer des exigences illégitimes, à la fois économiques et politiques, j'ai décidé d'arrêter", a déclaré Mme Livni en référence aux demandes du Shass au titre de son ralliement. Confrontée à l'impossibilité de bâtir une majorité stable, la ministre des affaires étrangères du gouvernement de transition piloté par M. Olmert a annoncé que "dans les conditions présentes, nous devons organiser le plus vite possible des élections. Le peuple choisira ses dirigeants".

Pourtant, jeudi 23 octobre, les responsables de Kadima se disaient encore optimistes. Mme Livni, qui venait d'obtenir une rallonge de quinze jours pour former une coalition, paraissait en mesure de s'allier au Shass, qui détient douze sièges à la Knesset. Une formule de compromis était en préparation, qui aurait permis d'accommoder les deux principales revendications de ce parti : une enveloppe de plusieurs centaines de millions de shekels pour les allocations familiales et un engagement à ne pas aborder le statut de Jérusalem dans les négociations de paix avec l'Autorité palestinienne.

Une ultime surenchère du mouvement séfarade, familier de ce genre de marchandage a, semble-t-il, eut raison de la patience de Tzipi Livni. Le lendemain, le Shass annonçait officiellement qu'il ne participerait pas au gouvernement. Plusieurs tentatives ont alors été menées pour mettre sur pied une coalition ad minima, avec notamment le soutien du parti ultraorthodoxe de La liste unifiée de la Torah.

Mais outre que Shaul Mofaz, le perdant des primaires de Kadima, n'était pas favorable à un tel scénario, cette faction a posé des conditions jugées là aussi "exorbitantes". Rappelant qu'elle croit toujours en "Jérusalem, capitale unifiée de l'Etat d'Israël", le slogan des adversaires du partage de la Ville sainte avec les Palestiniens, Mme Livni a néanmoins affirmé qu'un premier ministre "ne peut conduire un processus de paix en annonçant qu'une de ses questions ne sera pas discutée". Après s'être donné jusqu'à dimanche pour mener à bien sa mission, elle a tiré les conséquences de son échec. "Je ne me laisserai pas extorquer. Nous irons aux urnes. Je ne suis pas ici pour survivre, mais pour diriger", a-t-elle déclaré au quotidien Maariv.

En théorie, passé trois jours de consultations, le président Shimon Pérès peut confier le soin de former un gouvernement à un autre responsable politique. En pratique, il est hautement improbable qu'un député se porte candidat, Mme Livni étant la seule qui disposait d'une chance d'y parvenir.

Un intervalle de trois semaines va cependant s'ouvrir pour respecter cette obligation légale. Puis une période de quatre-vingt-dix jours sera consacrée à la campagne électorale. Le scrutin anticipé devrait donc se tenir à la mi-février, à la date du 17 précisément, à moins que les députés ne conviennent de le repousser.

Dans tous les cas, le jeu politique israélien est une nouvelle fois rebattu. Vainqueur sur le fil des primaires de Kadima, Tzipi Livni espérait faire l'économie d'une seconde bataille électorale. Elle se retrouve aujourd'hui face à trois rivaux à l'appétit décuplé : Shaul Mofaz, qui risque de monnayer son soutien au prix fort ; Ehoud Barak, le chef des travaillistes, qui va s'empresser de reprendre son indépendance ; et surtout Benyamin Netanyahou, le leader du Likoud qui a torpillé en coulisses l'alliance Shass-Kadima et à qui les sondages prédisent une courte victoire.

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Durant la campagne, ces trois hommes auront beau jeu de stigmatiser le supposé amateurisme de leur adversaire, bernée par la roublardise du Shass. Pour sa part, Tzipi Livni entend se présenter comme une femme de principes, allergique aux combines qui font et défont les gouvernements. Les Palestiniens, quant à eux, s'apprêtent à méditer une fois de plus sur l'instabilité structurelle du système politique israélien. Et sur le temps précieux qu'elle fait perdre aux négociations de paix.

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