Tempête médiatique
Yigal Amir
Photo : AFP / SVEN NACKSTRAND
Prenez note que cet article publié en 2008 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La diffusion de deux entrevues de Yigal Amir, le meurtrier de l'ancien premier ministre israélien Yithak Rabin, suscite l'indignation des milieux politiques et médiatiques.
En diffusant les extraits d'entrevues de Yigal Amir, l'assassin de l'ancien premier ministre Yithak Rabin, deux chaînes de télévision privées israéliennes ont provoqué l'indignation de la classe politique et des médias.
Dans ces entrevues téléphoniques, Yigal Amir affirmait qu'il a assassiné l'ancien premier ministre sous l'influence des discours de plusieurs personnalités politiques et militaires israéliennes.
Il cite notamment l'ancien premier ministre Ariel Sharon, l'ex-chef d'état-major, le général Rafaël Eytan, et l'ancien ministre du Tourisme Rehavam Zeevi, lui-même assassiné par un groupe palestinien en 2001.
Les personnalités citées sont apparentées à la droite nationaliste et sont hostiles aux accords d'Oslo de 1993.
« Yigal Amir doit croupir en prison pour le reste de sa vie. En aucune circonstance il ne doit participer au débat public médiatisé », a réagi dans un communiqué le ministre de la Défense Ehud Barak, chef du parti travailliste, dirigé alors par M. Rabin.
« Les propos blasphématoires que nous entendons à chaque fois que l'assassin ouvre la bouche et qui font l'objet d'une couverture médiatique nous déshonorent en tant qu'État et en tant que peuple », a renchéri le député travailliste et rabbin Michael Melchior.
La décision de diffuser les interviews, réalisées sans l'accord des autorités pénitentiaires, a également été critiquée par Zevoloun Orlev, chef du Parti national religieux (PNR), porte-voix des colons.
La presse a abondé dans le même sens. « Ces interviews ne contribuent en rien à la liberté d'expression. On assiste depuis un moment à un processus de légitimation de ce minable meurtrier », a écrit l'éditorialiste Ben Dror Yemini dans le quotidien de droite Maariv.
Pour Sever Plotzcker, un des principaux correspondants du quotidien Yedioth Ahronoth, « la diffusion d'une interview avec Yigal Amir relève d'un journalisme méprisable que rien ne peut justifier ».
Cette vague d'indignation a conduit une des deux chaînes de télévision privée à renoncer à la diffusion de l'intégrale de l'entrevue, prévue vendredi.
L'autorité pénitentiaire israélienne a décidé de punir Yigal Amir pour avoir donné les interviews sans autorisation en le transférant de la prison de Rimonim près de Tel-Aviv vers une prison du sud du pays.
Il lui sera jusqu'à nouvel ordre interdit de recevoir des visites de son épouse et de sa famille. En outre, il ne pourra pas non plus avoir accès au téléphone public de la prison.
Le 4 novembre 1995, dans le but de faire capoter ces accords de paix, Ygal Amir avait abattu de trois balles dans le dos Yitzhak Rabin, à l'issue d'un rassemblement pacifiste à Tel-Aviv.
Ygal Amir, un extrémiste juif religieux, purge une peine de réclusion à perpétuité et n'a jamais exprimé de regrets pour ce meurtre.
Avec les informations de Agence France-Presse