Accord global sur Barcelone
Un consensus global s'est dégagé mardi à Marseille, au cours d'une réunion ministérielle, pour que l'Union pour la Méditerranée siège à Barcelone et que la Ligue arabe en soit membre à part entière en contrepartie d'un secrétariat général adjoint pour Israël.
- Publié le 03-11-2008 à 00h00
Un consensus global s'est dégagé mardi à Marseille, au cours d'une réunion ministérielle, pour que l'Union pour la Méditerranée siège à Barcelone et que la Ligue arabe en soit membre à part entière en contrepartie d'un secrétariat général adjoint pour Israël.
Les pays de la rive sud ont finalement accepté que la siège de l'UPM aille à un pays du nord, obtenant en échange que le secrétariat général revienne à un pays du sud, selon des sources diplomatiques concordantes.
Au sein du secrétariat général, il a fallu créer cinq postes d'adjoints, dont un pour Israël, pour que la Ligue arabe soit acceptée comme membre à part entière de l'organisation.
"Il y a un accord sur tous les points", a déclaré à la presse un diplomate proche de la présidence française de l'Union européenne, ajoutant: "L'annonce va être faite tout à l'heure".
Selon une source diplomatique israélienne, "il y a un accord pour que le secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée ait cinq adjoints : trois Européens et deux du sud, dont Israël". En contrepartie, Israël accepte que la Ligue arabe puisse participer à l'UPM en tant que membre à part entière, une demande des pays arabes.
"C'est un compromis", a-t-on dit de même source, en estimant toutefois que "le processus de Barcelone ne peut jamais remplacer des négociations bilatérales directes" pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Israël devrait ainsi se retrouver au coeur du dispositif pour une période initiale de "deux ou trois ans", éventuellement renouvelable, selon un autre diplomate israélien. Le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana s'était déclaré auparavant "heureux" de voir qu'un consensus s'était dégagé pour que Barcelone héberge le siège de l'UPM.
Les Espagnols ont insisté sur l'importance d'avoir le siège à Barcelone pour "garder un maillon" entre le Processus de Barcelone et l'Union pour la Méditerranée, selon une diplomate marocaine.
Ayant obtenu satisfaction, ils ont proposé que le titre officiel de l'organisation : "Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée" devienne désormais "Union pour la Méditerranée" tout court, selon la même source. Le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos avait présenté début octobre la candidature de Barcelone, où a été lancé en 1995 le processus du même nom. Tunis, pourtant soutenu par la présidence française, avait renoncé vendredi à sa candidature.
Les chefs de la diplomatie de l'Union européenne et du pourtour de la Méditerranée sont tombés assez rapidement d'accord sur le siège à Barcelone, mais ont eu davantage de mal sur le statut de la Ligue arabe.
"Tous les pays arabes ont dit qu'il fallait une participation pleine et entière de la Ligue arabe", a dit la diplomate marocaine.
Traditionnellement, la Ligue arabe participait aux réunions des ministres des Affaires étrangères euro-méditerranéens, mais elle et les pays arabes n'en voulaient plus, au grand dam des Israéliens. Le résultat de la réunion de Marseille peut être considéré comme positif, après des longs mois de blocage qui renvoyaient aux clivages ayant asphyxié le précédent partenariat euro-méditerranéen.
Le sommet de Paris du 13 juillet, qui avait donné naissance à l'UPM, avait déjà dû renvoyer à cette réunion toutes les questions de "gouvernance" sur lesquelles un compromis semblait difficile.
Mais au final, c'est la question de la "politisation" du processus de Barcelone et des risques de retomber dans les pièges du passé qui est de nouveau posée.
Un secrétariat général flanqué de cinq adjoints semble en effet à l'opposé de la structure légère et technique qui avait été souhaitée pour qu'elle puisse s'occuper des projets sans être gênée par le conflit israélo-palestinien.