La perspective canadienne
Prenez note que cet article publié en 2007 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Lors du conflit de 1967, Israël avait demandé, sans succès, de l'équipement militaire du Canada. Ottawa avait évité de se mêler du conflit pour ne pas laisser l'impression d'être favorable à l'acquistion de territoires par la force.
Au Canada, la guerre des Six Jours a eu des répercussions.
En effet, au déclenchement des hostilités, le Cabinet du premier ministre Lester B. Pearson se réunit d'urgence pour étudier la situation. Au début, devant les informations partielles qu'il reçoit, le gouvernement se demande qui, entre Israël et l'Égypte, est l'agresseur.
En profondeur
La journaliste Aline Gobeil revient sur la position du gouvernement canadien de Lester B. Pearson à l'égard de la guerre des Six Jours. Écoutez le reportage.
Selon des documents déclassifiés, le ministre de la Défense de l'époque, Paul Hellyer, informe ensuite ses collègues qu'Israël a demandé de l'équipement militaire au Canada, notamment des écrans de plastique pour protéger leurs soldats dans les tranchées.
Le premier ministre Pearson rétorque qu'il serait préférable que le Canada s'abstienne de fournir de l'équipement aux belligérants.
Le ministre des Finances, Mitchell Sharp, dit alors au Cabinet que le Canada pourrait être obligé de prendre une position de principe dans le conflit. Les pays occidentaux, dit-il, ne pourraient rester immobiles devant la destruction éventuelle d'Israël. M. Pearson affirme être d'accord sur le principe, mais incite tout de même à la prudence, surtout si Israël est déclaré l'agresseur dans le conflit.
Dans les jours et semaines suivantes, le ministre des Affaires étrangères, Paul Martin père, affirme au Conseil des ministres qu'il ne faudrait pas que le Canada donne l'impression d'être favorable à l'acquisition de territoires par la force. Lester B. Pearson dit alors qu'une fois les hostilités terminées, il faudra trouver des solutions permanentes au conflit israélo-arabe, incluant toute la question des réfugiés palestiniens.
Mais la guerre des Six Jours sera surtout considérée comme l'échec canadien de la mission de paix initiée 11 ans plus tôt par Pearson lui-même, alors haut diplomate. En 1956, il s'était vu décerner le prix Nobel de la paix pour son rôle dans le règlement du conflit du canal de Suez. Cette crise était également la première intervention de la Force de maintien de la paix de l'ONU, dont Pearson était le créateur. Mais lors de la guerre des Six Jours, le Canada a été obligé de retirer ses quelque 800 Casques bleus d'Égypte, consacrant ainsi l'échec de la mission de paix dans la région.