des enfants Loubavitch sont en classe, le 21 octobre 1999 dans l'�cole de Bethaya Mouchka � Paris. Les Loubavitch, mouvement ultra-religieux et messianique du juda�sme, aussi connu sous le nom de mouvement Hadad, s'inspire de l'enseignement du rabbin Isra�l Baal Chem Tov, cr�ateur du hassidisme au 18�me si�cle. Fond� sur la joie et l'esp�rance, ce mouvement est apparu en r�action aux pogromes et � la mis�re dont (...)

des enfants Loubavitch sont en classe, le 21 octobre 1999 dans l'�cole de Bethaya Mouchka � Paris. Les Loubavitch, mouvement ultra-religieux et messianique du juda�sme, aussi connu sous le nom de mouvement Hadad, s'inspire de l'enseignement du rabbin Isra�l Baal Chem Tov, cr�ateur du hassidisme au 18�me si�cle. Fond� sur la joie et l'esp�rance, ce mouvement est apparu en r�action aux pogromes et � la mis�re dont (...)

L'Express

La Torah? "Elle m'apprend à ne pas dire de gros mots", lance Tom, 5 ans. "Et à ne pas jouer à la DS [console de jeu] pendant le shabbat", ajoute son frère Sacha, 7 ans, tandis que Benjamin, un gamin turbulent et malicieux de 12 ans, reconnaît, lui, que la loi écrite hébraïque lui impose des "limites" et que "c'est bien". Pour ces enfants marseillais, le texte sacré et ses 613 commandements sont avant tout une discipline, "une leçon de vie", martèle Rivka Sellem, directrice des Talmud Torah (enseignement religieux en vue de préparer la bar-mitsva) de Marseille, une ville où la communauté juive (60 000 personnes) dispose de neuf centres de Talmud et de 39 écoles.

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Il règne un joyeux désordre, ce dimanche matin de novembre, dans la grande synagogue de la rue de Breteuil, à 200 mètres du Vieux-Port. Nous sommes à trois semaines de Hanoukka (fête des Lumières) et le centre est en effervescence. Après une heure et demie de cours et la prière, les élèves du jardin d'enfants (4-6 ans) et ceux de la classe supérieure (7-11 ans) se dépensent dans la cour. Certains font tourner une toupie, d'autres serrent contre eux des rouleaux de Torah en peluche, répliques approximatives des vrais. Les fillettes portent des jupes (pas obligatoires mais conseillées), les garçons des kippas.

Si les tout-petits se contentent d'apprendre à chanter et à se familiariser avec les lettres hébraïques et le texte sacré affichés au mur, les 7-11 ans s'interrogent beaucoup plus. "Où est Dieu? Pourquoi on fait shabbat? C'est quoi, être juif?" demandent-ils à l'envi.

La fréquentation est à la baisse

Dans la classe de préparation à la bar-mitsva, composée d'ados de 12 à 13 ans, l'ambiance est plus studieuse. Tous les élèves savent que, le jour de leur majorité religieuse, ils devront lire un verset en hébreu (paracha) directement sur le parchemin de la Torah, dépouillée pour l'occasion de ses habits de velours. Une fois la lecture terminée, les jeunes garçons devront promener les rouleaux sacrés avec un infini respect. Moment fort où les fidèles envoient des baisers vers la Torah, qui sera ensuite rangée dans l'arche sainte. L'épreuve est difficile, mais les bar-mitsva ressentent une véritable fierté, comme Théo, à "devenir des hommes".

Malgré son enthousiasme, Rivka Sellem ne fait pas d'angélisme: le taux de fréquentation de ses cours l'inquiète. "A chaque rentrée, le nombre d'enfants inscrits chute, soupire-t-elle. Bien sûr, les écoles juives ont absorbé pas mal d'élèves, mais beaucoup de jeunes échappent à tout enseignement religieux. Ils vivent dans une famine spirituelle." A qui la faute? Aux activités extrascolaires qui, selon elle, ont supplanté l'étude de la Loi. Mais la patronne de l'éducation juive marseillaise n'est pas femme à baisser les bras. Afin d'inciter les parents à faire venir leurs enfants, elle vient de lancer l'opération "une heure de Torah, une heure de soutien scolaire gratuit".

Pour l'heure, les enfants s'amusent. Devant le film commémorant la révolte des juifs contre Antiochos (- 167), ils gigotent, chantent, discutent avec leurs copains... Aussitôt le film terminé, à midi, la dispersion est rapide. "Il y a la Torah et il y a la vraie vie, avec l'école, le sport, les consoles de jeu et Facebook", lance Benjamin. En attendant le dimanche suivant...

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