Pleins feux sur Gaza
Le secteur frontalier longeant la bande de Gaza a été décrété lundi "zone militaire fermée" par l'armée israélienne, a annoncé un porte-parole militaire. Le porte-parole a indiqué que les routes de ce secteur étaient interdites à la circulation des civils sauf autorisation spéciale de l'armée, et que seuls les habitants des localités israéliennes avaient le droit d'accès à cette zone. Multiples raids aériens durant la nuit: sept tués dont six enfants Pourquoi les Arabes resteront frileux Edito: Les islamistes et la loi du plus fort
- Publié le 28-12-2008 à 00h00
Cela a commencé samedi à 11h30 locales. Les Gazaouis avaient justement relâché leur vigilance. Malgré les avertissements israéliens, ils ne croyaient pas que l'attaque se produirait si vite et si massivement. Beaucoup vaquaient à leurs affaires courantes; les écoliers étaient en récréation; de nouvelles recrues de la police fêtaient leur fin de cours, lorsque 80 avions et hélicoptères d'assaut ont surgi et commencé à pilonner des dizaines de sites simultanément à travers toute la Bande. Et depuis, les frappes n'ont pas cessé. Un blitz sans précédent depuis la guerre de '67. Cibles : les bases et Q. G. des diverses branches paramilitaires du gouvernement Hamas, le palais présidentiel et le complexe sécuritaire central du Hamas à Gaza-ville, la prison centrale, des arsenaux, camps d'entraînement, ateliers de roquettes, des mosquées, des logements d'activistes, la radiotélévision du Hamas, les bunkers et tunnels desservant le Hamas et d'autres factions armées, y compris les tunnels de contrebande à la frontière égyptienne, des batteries de roquettes et leurs commandos de tireurs. Bref, à la fois l'appareil institutionnel du Hamas et l'infrastructure terroriste.
Le bilan des premiers jours de "Plomb durci" est imprécis. Quelque 300 morts et un millier de blessés répertoriés. Mais d'autres seraient restés sous les décombres. Parmi les tués, en majorité des activistes et membres des forces de sécurité - dont le commandant de la Police du gouvernement Hamas, Tawfik Jabber, le commandant des Services de Sécurité et Protection du gouvernement, Ismaïl Al Ja'abri, et le gouverneur du district central de Gaza, Ahmad Abou Achour. Mais aussi quelques civils, dont une vingtaine de femmes et enfants. Des civils dont la mort est à imputer aux activistes qui opèrent à partir des habitations privées, souligne Tsahal. Celle-ci a mis en garde par des tracts et des messages radiodiffusés que "quiconque aide ou abrite des terroristes risquera sa propre vie et ses biens".
Le bilan des morts s'alourdira encore à cause du blocus israélien, accuse le Hamas. Car beaucoup de blessés succomberont rien que par manque de médicaments et d'équipements hospitaliers. Israël a autorisé dimanche l'entrée à Gaza de convois d'aide humanitaire. En fin de journée, plusieurs Gazaouis ont commencé à forcer la frontière égyptienne, mais ont été repoussés par la police égyptienne.
Face au million et demi de Gazaouis sous assaut, un demi-million d'Israéliens ont été placés en état d'alerte dans le sud d'Israël. Car selon l'estimation israélienne, le Hamas possède encore un arsenal de tir suffisant pour plusieurs jours. Durant le week-end, il a tiré quelque 180 roquettes et obus. Samedi, un Kassam a fait un mort dans la petite ville Netivoth. Dimanche, des Grad ont atteint pour la première fois les abords de la ville portuaire d'Ashdod à quelque 35 km de Gaza. Israël a aussi haussé son état d'alerte en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, craignant une intifada généralisée. Des Palestiniens s'en sont déjà pris à coups de pierre, tout le week-end, contre des soldats et policiers à Jérusalem-Est, Hébron et Niline où un jeune manifestant a été tué. Des marches de protestation contre "l'agression israélienne" se sont également déroulées à Nazareth et d'autres villes arabes d'Israël.
© La Libre Belgique 2008