Des attaques terrestres se profilent

Les raids israéliens ont fait plus de 345 morts dont 57 civils, alors que se profile la perspective d'attaques terrestres. Pleins feux sur Gaza Multiples raids aériens durant la nuit: sept tués dont six enfants Pourquoi les Arabes resteront frileux Edito: Les islamistes et la loi du plus fort

AFP
Des attaques terrestres se profilent
©EPA

Israël, engagé dans une "guerre sans merci" contre le Hamas, a attaqué lundi des cibles du mouvement islamiste pour la 3e journée consécutive dans la bande de Gaza où ses raids ont fait 345 morts dont 57 civils, alors que se profile la perspective d'attaques terrestres.

Douze Palestiniens ont été tués et 30 autres blessés dans deux raids aériens israéliens menés en début de soirée à Beit Lahya et Beit Hanoun, deux localités dans le nord du territoire. La première attaque a visé la maison d'un activiste de la branche armée du Hamas et le second un véhicule dont l'identité des occupants n'était pas connue dans l'immédiat. "Après l'opération, il ne restera plus aucun bâtiment du Hamas debout à Gaza", a affirmé le chef d'état-major adjoint israélien, le général Dan Harel, dans des propos rapportés par les médias.

"Nous ne frappons pas uniquement les terroristes et les lance-roquettes mais aussi l'ensemble du gouvernement du Hamas. Nous visons des édifices officiels, les forces de sécurité, et nous faisons porter la responsabilité de tout ce qui se passe sur le Hamas et ne faisons aucune distinction entre ses différentes ramifications", a-t-il ajouté.

Après une série de raids nocturnes, dont certains menés par des bâtiments de guerre israéliens au large de Gaza, l'aviation israélienne a lancé de nouvelles frappes lundi, détruisant notamment le bureau du Premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Deux chefs du groupe radical Jihad islamique ont également été tués. Dans la nuit, un appareil israélien avait bombardé l'Université islamique de Gaza, un bastion du Hamas, et détruit une mosquée à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Cinq soeurs d'une même famille habitant près de la mosquée ont été tuées dans ce raid.

Selon le dernier bilan fourni par le chef des services d'urgence dans la bande de Gaza, Mouawiya Hassanein, les attaques aériennes israéliennes ont fait depuis samedi au total 345 tués, et 1.550 blessés. La majorité des morts se recensent dans les rangs du Hamas.

Christopher Gunness, porte-parole de l'UNRWA, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens, citant des chiffres obtenus de sources hospitalières, a fait état de 57 morts civils dont 21 enfants et au moins sept femmes. L'opération dite "plomb durci", d'une violence inédite depuis l'occupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, vise selon l'Etat hébreu à mettre fin aux tirs de roquettes sur le sud du pays depuis la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas qui en a délogé en juin 2007 les forces fidèles au président palestinien Mahmoud Abbas.

A Ramallah, M. Abbas a affirmé qu'il entendait "procéder à des consultations avec tous les partis palestiniens, y compris le Hamas, sur les évènements tragiques dans la bande de Gaza". Le Hamas a rejeté de telles consultations. L'OLP, la centrale palestinienne présidée par M. Abbas, a en outre appelé à l'envoi d'une force internationale à Gaza pour protéger ses habitants "des crimes israéliens".

Laissant planer la menace d'une offensive terrestre, Israël, qui a mobilisé 6.500 réservistes, a déployé lundi des renforts d'infanterie et de blindés à la lisière de la bande de Gaza, selon des photographes de l'AFP. L'armée israélienne a aussi décrété le secteur frontalier du territoire palestinien "zone militaire fermée", une mesure qui pourrait préluder à une attaque terrestre imminente. L'opération israélienne n'a pas empêché de nouvelles roquettes de s'abattre lundi sur le sud du pays, où un ouvrier arabe a été tué et huit autres civils blessés à Ashkelon, à quelque 13 km de la bande de Gaza.

Il s'agit du deuxième civil tué par des roquettes palestiniennes en Israël depuis le début des raids aériens. Plus de 200 roquettes et obus de mortier ont été tirés sur le territoire israélien depuis samedi, selon l'armée. Ces tirs ont été revendiqués par le Hamas.

La défense passive israélienne a en outre fait savoir que les écoles se trouvant dans un rayon de 20 km aux alentours de la bande de Gaza resteraient fermées mardi. Par ailleurs, des heurts ont eu lieu en Cisjordanie entre forces de l'ordre israéliennes et des Palestiniens manifestant contre les attaques à Gaza, faisant une dizaine de blessés palestiniens léger.

Des manifestations ont eu lieu dans le monde arabe notamment au Caire, à Beyrouth et Amman. A Téhéran, des milliers de personnes ont scandé "mort à Israël". A Washington, la Maison Blanche a réclamé lundi que le Hamas cesse ses tirs de roquettes sur Israël et accepte un cessez-le-feu "durable" pour que prennent fin les hostilités en cours.


"Faire tomber le Hamas" Le but de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza est de faire tomber le régime du Hamas, a affirmé lundi le vice-Premier ministre israélien Haïm Ramon sur la chaîne privée "10". "Le but de l'opération est de faire tomber le régime du Hamas", a déclaré M. Ramon, numéro 2 du gouvernement et membre du cabinet de sécurité. "Nous cesserons le feu immédiatement si quiconque prend la responsabilité de ce gouvernement (à Gaza), tout le monde sauf le Hamas", a martelé M. Ramon. "Nous sommes favorables à n'importe quel autre gouvernement qui prendra la place du Hamas" dans le territoire, a-t-il encore dit. "Ce que fait l'armée (israélienne) en ce moment, c'est d'empêcher le Hamas de contrôler le terrain", a-t-il insisté. "Le Hamas n'est pas une superpuissance. Nous n'avons pas affaire à la Russie ni aux Etats-Unis". "Nous avons à faire à une organisation terroriste qui a pris le contrôle par la force lors d'un putsch militaire (en juin 2007), à l'encontre de toutes les lois internationales", a-t-il ajouté. Il a estimé qu'il n'y avait plus "en ce moment" de gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza. "Il n'est plus efficace, il ne fonctionne plus. Il n'est capable que de lancer une roquette ici et là. Car nous ne lui permettons pas de contrôler le territoire. Le Hamas se planque", a-t-il affirmé. Depuis samedi, les raids aériens israéliens sur la bande de Gaza ont fait au moins 345 morts dont 57 civils, alors que se profile la perspective d'attaques terrestres.

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