Israël déterminé à faire tomber le Hamas
Israël a affiché sa détermination à aller "au bout" de son offensive contre le Hamas lundi, au troisième jour de ses raids sans précédent sur la Bande de Gaza. Pleins feux sur Gaza Des attaques terrestres se profilent Pourquoi les Arabes resteront frileux Edito: Les islamistes et la loi du plus fort
- Publié le 28-12-2008 à 00h00
Israël, engagé dans une "guerre sans merci" pour écraser le Hamas afin d'améliorer "à long terme" sa sécurité autour de la bande de Gaza , a attaqué lundi le mouvement islamiste pour la troisième journée consécutive. Evènement Ses raids aériens ont fait au moins 345 morts dont 57 civils, alors que se profile la perspective d'attaques terrestres. "Notre offensive a pour objectif d'améliorer la situation sécuritaire à long terme de la région bordant la bande de Gaza", a indiqué à l'AFP le capitaine Benjamin Rutland, porte-parole de l'armée israélienne. Il a ajouté que les opérations en cours visent aussi à "renforcer les capacités dissuasives de l'armée".
Douze Palestiniens ont été tués et 30 autres blessés dans deux raids aériens israéliens menés en début de soirée à Beit Lahya et Beit Hanoun, deux localités dans le nord du territoire. Ils visaient notamment la maison d'un activiste de la branche armée du Hamas. Selon un porte-parole militaire, l'armée de l'air a également détruit un camion transportant des roquettes de type "Grad" dans le secteur de Jabaliya (nord de la bande de Gaza). "Si les tirs criminels contre Israël et ses citoyens ne cessent pas totalement, Israël aura recours à tous les moyens et tous les types d'actions légaux dont il dispose pour faire en sorte que l'ennemi mette un terme à ses agressions illégales", a affirmé dans un communiqué le ministre de la Défense Ehud Barak.
Plus tôt, M. Barak avait estimé au Parlement que les Israéliens étaient "engagés dans une guerre sans merci contre le Hamas et ses alliés". Le vice-Premier ministre Haïm Ramon, N.2 du gouvernement, a encore haussé le ton en affirmant que "le but de l'opération est de faire tomber le régime du Hamas", alors que le chef d'état-major adjoint israélien, le général Dan Harel, assurait qu'"après l'opération, il ne restera plus aucun bâtiment du Hamas debout à Gaza".
Jusque-là, les dirigeants israéliens affirmaient que l'opération dite "plomb durci", d'une violence inédite depuis l'occupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, visait à mettre fin aux tirs de roquettes sur le sud du pays depuis la bande de Gaza, contrôlée depuis juin 2007 par le Hamas.
Marquant clairement son soutien, la Maison Blanche a affirmé comprendre qu'Israël "doive agir pour se défendre", estimant que l'Etat hébreu ne voulait pas reprendre le contrôle de la bande de Gaza. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a de son côté discuté par téléphone avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et des dirigeants du monde pour tenter de restaurer un cessez-le feu entre Israël et le Hamas, selon le département d'Etat.
Le gouvernement français a pour sa part annoncé la réunion en urgence mardi à Paris des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, pour se concerter sur les efforts de règlement du conflit. Après une série de raids nocturnes, dont certains menés par des bâtiments de guerre au large de Gaza, l'aviation israélienne a lancé de nouvelles frappes lundi, détruisant notamment le bureau du Premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Deux chefs du groupe radical Jihad islamique ont également été tués. Selon le dernier bilan fourni par le chef des services d'urgence dans la bande de Gaza, Mouawiya Hassanein, les attaques israéliennes ont fait depuis samedi 345 tués, en majorité des membres du Hamas, et 1.550 blessés.
Christopher Gunness, porte-parole de l'UNRWA, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens, citant des chiffres obtenus de sources hospitalières, a fait état de 57 morts civils dont 21 enfants et au moins sept femmes. A Ramallah, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé qu'il entendait "procéder à des consultations avec tous les partis palestiniens, y compris le Hamas, sur les évènements tragiques dans la bande de Gaza". Le Hamas a rejeté de telles consultations.
Laissant planer la menace d'une offensive terrestre, Israël, qui a mobilisé 6.500 réservistes, a déployé lundi des renforts d'infanterie et de blindés à la lisière de la bande de Gaza, selon des photographes de l'AFP. L'armée israélienne a aussi décrété le secteur frontalier du territoire palestinien "zone militaire fermée", une mesure qui pourrait préluder à une attaque terrestre imminente. Dans le sud d'Israël, des roquettes tirée depuis la bande de Gaza ont fait un mort, un ouvrier arabe israélien, et 15 blessés. Selon l'armée, plus de 200 roquettes et obus de mortier ont été tirés sur Israël depuis samedi, tous revendiqués par le Hamas.
Par ailleurs, une dizaine de Palestiniens ont été blessés lors de heurts avec les forces de l'ordre israéliennes en marge d'une manifestation en Cisjordanie contre les attaques à Gaza.