L'armée israélienne resserre son étau sur le Hamas

Après une nuit et un jour d'une offensive terrestre qui a fait plusieurs dizaines de morts parmi les Palestiniens, Tsahal a démontré ,hier, sa puissance de feu. Mais hésite à rentrer dans la ville de Gaza.

L'armée israélienne resserre son étau sur le Hamas

    L'armée israélienne a poursuivi, hier, son incursion terrestre dans la bande de Gaza. L'état-major de Tsahal évoque une campagne qui va durer, tout en affirmant que son intention n'est pas d'occuper à nouveau ce territoire palestinien. Mais on s'interroge sur sa stratégie à long terme. Et sur les capacités réelles du Hamas à riposter.

    1 Pourquoi cette guerre a commencé ? Par l'entremise de l'Egypte, médiateur accepté par les deux parties, une trêve de six mois avait été décrétée en juin entre le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et Israël. S'est ensuivi une période de calme relatif entre les deux ennemis. Les assassinats d'activistes palestiniens par Israël ont presque cessé, les tirs de roquettes du Hamas sur le sud d'Israël se sont espacés. Cette trêve de six mois s'est achevée quelques jours avant Noël et n'a pas été reconduite. Dénonçant le blocus total de Gaza, le Hamas en rejette la faute sur Israël qui avait lancé un raid le 4 novembre, tuant six de ses militants. De son côté, l'Etat hébreu a constaté que le mouvement palestinien, soutenu par l'Iran, avait massivement repris ses tirs de roquettes sur les villes du sud.

    D'où son intention d'en découdre.

    2 Que cherche Israël ? L'opération a été planifiée avec minutie : l'armée israélienne s'est entraînée pendant un an et demi sur un modèle réduit de la ville de Gaza construit sur l'une de ses bases avant de lancer son offensive terrestre. Elle vise, selon l'état-major de Tsahal, deux objectifs essentiels : prendre le contrôle des zones du nord de la bande de Gaza, d'où le Hamas tire ses roquettes, et détruire les nombreux tunnels creusés entre Gaza et l'Egypte pour mettre fin à la contrebande d'armes. Israël veut aussi effacer le souvenir de la guerre du Liban, en 2006, lorsque les miliciens du Hezbollah lui avaient tenu tête.

    3 Le Hamas peut-il gagner ? Militairement, non. Soutenu par les Etats-Unis, Israël dispose de la technologie la plus moderne, de l'armement le plus sophistiqué. Avions, chars, bateaux de guerre, drones, dispositifs de vision nocturne, unités d'élite : sur le papier, Tsahal est imbattable. Mais le Hamas veut refaire le coup du Hezbollah en 2006. Pour l'heure, ses brigades Ezzedine al-Qassam, 20 000 hommes entraînés et préparés à une guerre urbaine, n'ont pas été vraiment utilisées. L'enclave de Gaza étant surpeuplée 30 km de long et 10 km de large pour 1,5 million d'habitants , si Tsahal veut en éradiquer le Hamas, il devra engager ses soldats dans les rues et s'exposer à une guérilla dangereuse. « Gaza sera votre cimetière », proclament les dirigeants du mouvement islamiste. Mais pour l'instant, les troupes israéliennes ne rencontrent pas de réelle opposition sur le terrain.

    4 Quelles solutions diplomatiques ? Nicolas Sarkozy part aujourd'hui au Proche-Orient pour « trouver les chemins de la paix ». Avec des ambitions limitées, même s'il a un plan en tête. D'autant que l'Europe est divisée. Samedi, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est montré incapable de s'entendre sur un texte appelant à un arrêt des hostilités, en raison de l'opposition des Etats-Unis. Barack Obama a les mains liées jusqu'au 20 janvier, date à laquelle il s'installera officiellement à la Maison-Blanche. Il est réputé moins pro-Israéliens que son prédécesseur, George W. Bush. La plupart des experts estiment qu'Israël, insensible aux pressions, n'arrêtera ses opérations que lorsque ses buts de guerre auront été atteints. Au risque de brouiller son image dans le monde occidental et de déclencher une nouvelle fois la colère des opinions arabes.