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Les autorités françaises redoutent des tensions entre les communautés juive et musulmane

Les craintes du gouvernement de voir ressurgir les tensions intra-communautaires qui avaient, en France, marqué le début de la deuxième Intifada en 2000, sont réelles.

Par Stéphanie Le Bars

Publié le 06 janvier 2009 à 12h27, modifié le 06 janvier 2009 à 16h29

Temps de Lecture 3 min.

Ne pas transférer sur le sol français les derniers développements du conflit israélo-palestinien et calmer les esprits : tel est en substance le message que la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, a fait passer, lundi 5 janvier dans la soirée, aux responsables des principales institutions représentatives des communautés juive et musulmane de France, convoqués en urgence place Beauvau.

Au lendemain d'un week-end au cours duquel les partisans des deux camps ont massivement manifesté à Paris et en province, les craintes du gouvernement de voir ressurgir les tensions intra-communautaires qui avaient, en France, marqué le début de la deuxième Intifada en 2000, sont réelles.

Dès lundi, plusieurs associations juives ont fait état d'une recrudescence d'agressions, physiques et verbales, à l'égard de personnes identifiées comme juives. Dans la soirée, une voiture incendiée a été lancée contre une synagogue de Toulouse, un acte qualifié de "débile et révoltant" par Mme Alliot-Marie, qui a toutefois été prudente sur un lien éventuel entre cette incident et la situation à Gaza.

Lundi soir, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Richard Prasquier, et celui du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, ont fait part de leur accord pour "ne pas transposer"le conflit en France et tenté de désamorcer la crispation redoutée entre les deux communautés.

Des tensions sont toutefois déjà perceptibles entre certains responsables communautaires, qui s'en renvoient la responsabilité. S'il souhaite "continuer" les contacts avec certains responsables musulmans, M. Prasquier reconnaît que les relations avec le CFCM "vont traverser une phase difficile". Le président du CRIF, dont l'une des missions est "l'affirmation de la solidarité avec Israël", n'admet pas les prises de position de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), membre du CFCM, qui a qualifié l'offensive israélienne de "génocide sans précédent contre la population palestinienne". "De telles déclarations sont inouïes. Elles visent à importer le conflit en France. Je ne peux pas parler avec une organisation qui tient ces propos."

SERMONS DANS LES MOSQUÉES

De son côté, M.Moussaoui a affirmé sa volonté de "renforcer" les relations du CFCM avec la communauté juive, mais cette position pourrait ne pas faire l'unanimité au sein du Conseil ; le rapprochement, amorcé en novembre 2008, entre le CRIF et le CFCM pourrait du coup être compromis.

Représentant de l'UOIF au CFCM, Fouad Alaoui se dit "inquiet" des positions des responsables juifs français. "Leur soutien inconditionnel à Israël et l'absence de nuances dans leurs positions conduisent à l'amalgame entre la communauté juive et Israël", assure-t-il. M. Prasquier, pour qui "95 % de la communauté juive de France est en accord avec la politique d'Israël", ne voit pour sa part "aucune arrière-pensée" communautaire dans les initiatives du CRIF.

Du côté des défenseurs de la cause palestinienne, la manifestation de samedi affichait une coloration clairement communautaire, en dépit de la présence de traditionnels "compagnons de route", Parti communiste et Ligue communiste révolutionnaire notamment. Il faut dire que les appels à y participer avaient été relayés dans les mosquées et les associations musulmanes, notamment en banlieue parisienne. En milieu de semaine, plusieurs conseils régionaux du culte musulman avaient aussi incité les fidèles à organiser dans les mosquées une cérémonie à la mémoire des défunts, après la prière de vendredi ; l'UOIF avait même invité "les imams à consacrer leur sermon à la sensibilisation des fidèles à la juste cause palestinienne".

Dans ce contexte, les effets politiques de l'initiative diplomatique du président de la République sur les communautés juive et musulmane de France pourraient rester limités. En l'absence de résultats concrets, les musulmans de France conserveront l'image "d'ami d'Israël" accolée au chef de l'Etat. Si le CFCM a espéré que "les efforts" de Nicolas Sarkozy seraient "couronnés de succès", l'UOIF, elle, a jugé que "les tergiversations diplomatiques ne sont interprétées que comme un délai accordé à Israël pour terminer au plus vite son génocide".

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