La guerre à Gaza mobilise inégalement en Europe. Plusieurs manifestations sont programmées samedi 10 et dimanche 11 janvier.
Grande-Bretagne. Sur son site Internet, la coalition pacifiste Stop the War appelle à une nouvelle manifestation à Londres samedi. Au programme, un lancer de chaussures contre l'ambassade d'Israël, référence au geste du journaliste irakien qui a lancé ses souliers contre George Bush, en décembre 2008. Une première manifestation avait été organisée dans la capitale britannique le 3 janvier, rassemblant plus de 10 000 personnes selon la police, 60 000 selon les organisateurs. Depuis une semaine, chaque jour, des rassemblements propalestiniens sont organisés devant l'ambassade d'Israël. Mercredi soir, pour la première fois, des manifestants pro-israéliens leur ont succédé, demandant "la fin du terrorisme du Hamas". Scotland Yard recommande dorénavant aux personnalités juives de veiller à leur sécurité. Une synagogue a été incendiée au nord-ouest de Londres. Dans une tribune au Guardian parue jeudi, des représentants des musulmans, actifs dans la lutte contre l'extrémisme, ont averti Gordon Brown que les attaques d'Israël à Gaza ont "revigoré les groupes extrémistes et légitimé leur message de violence et de conflit perpétuel" chez les musulmans du Royaume-Uni.
Belgique. La tension est vive. Diverses manifestations ont été organisées, à Anvers notamment, et ont parfois dégénéré, des jeunes d'origine maghrébine laissant éclater leur colère. Un nouveau défilé devait avoir lieu samedi dans la principale ville flamande, à l'initiative d'un mouvement extrémiste très controversé, la Ligue arabe européenne. La municipalité socialiste avait exigé de connaître les noms des membres du service d'ordre avant de délivrer une autorisation de manifester. Les organisateurs ont refusé, mais maintenu leur mot d'ordre. A Bruxelles, quelques centaines de représentants de la communauté juive ont défilé la semaine dernière devant l'ambassade d'Iran pour dénoncer le soutien de Téhéran au Hamas. Les participants ont évoqué diverses attaques contre des habitations et des commerces juifs. Des cocktails Molotov ont été lancés sur des synagogues, à Charleroi et à Bruxelles notamment.
Pays-Bas. A La Haye, où un défilé de soutien à Israël a été organisé vendredi, la polémique est plutôt politique. Le gouvernement de centre gauche a affirmé son soutien à la "riposte" israélienne. La gauche radicale, le Socialistische Partij, qui compte une forte représentation parlementaire, a, elle, participé activement, il y a quelques jours, à un défilé qui clamait "Hamas, Hamas, les juifs au gaz".
Allemagne. Les manifestations se sont jusqu'à présent déroulées dans le calme. Il y a une semaine, quelque 30 000 personnes ont défilé à travers le pays, dont 7 500 à Berlin. De nouveaux rassemblements sont prévus ce week-end. La colère des manifestants s'accompagne d'une critique du gouvernement allemand, accusé d'être trop indulgent, voire partisan, à l'égard d'Israël. A Berlin, la communauté juive a appelé à un rassemblement dimanche.
Italie. Le pays reste pour l'heure relativement épargné par les retombées du conflit. Une manifestation propalestinienne de 5 000 personnes a eu lieu dimanche 4 janvier à Milan. Une polémique a surgi lorsque les manifestants se sont prosternés en direction de La Mecque devant le Dôme, "une incroyable provocation" pour la Ligue du Nord. A Rome, un syndicat de commerçants a provoqué l'indignation en proposant le boycott des commerces tenus par des juifs. Cette initiative a été vivement dénoncée par toutes les forces politiques.
Espagne. Alors que le gouvernement a condamné "la réponse disproportionnée d'Israël", les réactions ont été très limitées. Samedi 3 janvier à Madrid, un rassemblement autorisé devant le ministère des affaires étrangères s'est prolongé en manifestation spontanée dans le centre de la capitale. Un millier de manifestants brandissaient des chaussures et des panneaux dénonçant "le terrorisme d'Etat". Dans l'enclave espagnole de Melilla, où la moitié des 71 000 habitants sont musulmans, 1 300 fidèles ont participé à une prière de rue le 2 janvier.
Turquie. Les organisations islamistes d'un côté, les syndicats et les partis d'extrême gauche de l'autre, se sont largement mobilisés. Plusieurs manifestations ont été organisées, notamment à Istanbul, où 5 000 personnes ont défilé le week-end dernier. Samedi, Amnesty International et des associations de gauche organisaient également une manifestation. La sécurité autour des synagogues d'Istanbul a été renforcée. A Ankara, des manifestants ont jeté des chaussures sur l'ambassade israélienne.
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