Un cocktail Molotov a été lancé, dans la soirée du dimanche 11 janvier, contre une synagogue à Saint-Denis, provoquant un début d'incendie sur la façade d'un restaurant juif attenant, a-t-on appris auprès de la préfecture et du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme. Selon la préfecture de Seine-Saint-Denis, les faits se sont déroulés "peu avant 22 h 30", rue Emile-Connoy. Selon le président du Bureau national de vigilance, Sammy Ghozlan, le restaurant atteint est un établissement juif. "Trois personnes ont été aperçues par un témoin avant de prendre la fuite", a-t-il dit. De son côté, dans un communiqué, le Consistoire de Paris "condamne avec force [cette] très grave attaque". Le président du Consistoire central de France et de Paris, Joël Mergui, "exprime sa colère face à ce nouvel acte antisémite, qui fait suite à une succession de menaces et d'actes dangereux contre la communauté juive à travers toute la France".
La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, a condamné "avec la plus grande fermeté" ces actes "lâches et inadmissibles". Dans un comuniqué, "la ministre rappelle, comme elle l'a fait la semaine dernière avec les représentants du CRIF et du CFCM, que rien ne saurait justifier de tels agissements". Mme Alliot-Marie assure par ailleurs "que tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de cette agression afin qu'ils répondent devant la justice de cet acte intolérable".
"Ce que nous redoutions est arrivé", a déclaré Sammy Ghozlan, qui avait demandé mercredi au préfet d'interdire une manifestation de solidarité avec la population palestinienne organisée par la mairie (PCF), et qui a réuni jeudi une centaine de personnes. La manifestation "risque de provoquer des dérapages, inciter à la haine et au passage à l'acte antijuif", avaient estimé le Conseil des communautés juives de Seine-Saint-Denis et le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme.
L'Union des étudiants juifs de France dénonce ce nouvel acte antisémite, le trentième recensé en France depuis le 27 décembre 2008, premier jour de l'offensive israélienne contre le Hamas. C'est dans ce contexte que la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, Fadela Amara, doit recevoir lundi plusieurs associations pour discuter des actes antisémites qui se sont succédé depuis le début du conflit à Gaza. Seront présents notamment l'UEJF, SOS-Racisme, Ni putes ni soumises, Braves garçons d'Afrique, l'AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville), Changeons de regard, Energie citoyenne et Droit de cités.
Le nouveau grand rabbin de France, Gilles Bernheim, exprime sa compassion aux populations civiles palestiniennes confrontées au conflit à Gaza, dans un entretien au Figaro, lundi. "Ma compassion, comme celle de tous mes coreligionnaires, s'étend aux populations civiles palestiniennes, et je regrette que les guerriers du Hamas soient entrés dans une folie meutrière qui les dépasse et les broie", dit-il au quotidien. "Les juifs de France considèrent avec angoisse les combats qui font rage à Gaza. Ils sont très nombreux à avoir des proches en Israël et tremblent à l'idée des victimes et des soldats qui, à l'image de Gilad Shalit, pourraient être enlevés", affirme-t-il.
Les Français sont très partagés lorsqu'il s'agit d'attribuer à l'un ou l'autre des belligérants la responsabilité du conflit à Gaza, selon un sondage CSA publié, lundi, par Aujourd'hui en France/Le Parisien. 28 % estiment que le gouvernement israélien et le Hamas sont aussi responsables l'un que l'autre, tandis que 23 % désignent le Hamas contre 18 % qui jugent Israël le premier responsable. En outre, près d'un Français sur trois (31 %) ne se prononce pas.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu