Publicité

La force des Nations unies
sur le qui-vive au Liban

Des Casques bleus patrouillent, jeudi, dans la région de Kfar Hama, au Liban-Sud, où la Finul a intensifié sa surveillance. AP

La Finul est en alerte renforcée depuis que trois roquettes ont été lancées sur le nord d'Israël depuis le Liban-Sud jeudi dernier.Une petite quantité d'explosifs a été saisie dans une benne à ordures qui pénétrait sur une base de l'ONU dans le sud du Liban. Le chauffeur de la benne et un autre employé, deux Libanais, ont été arrêtés et remis aux forces armées libanaises.

Au sommet du mirador du poste «6-50», élevé en pleine campagne, à quelques mètres de la blue line dessinée par l'ONU pour séparer les forces de Tsahal du Hezbollah libanais, les soldats français sont en alerte depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza. Au nord, à deux kilomètres à vol d'oiseau, le village de Yaroun, qui pendant la guerre de 2006 hébergeait les premières positions armées du mouvement fondamentaliste chiite, paraît presque assoupi. Mais au sud, l'attention des forces israéliennes ne se relâche pas. Les patrouilles frontalières sont plus fréquentes que d'ordinaire. En haut sur la colline, un centre d'écoutes a ouvert grand ses oreilles. Quant aux drones, ils n'hésitent pas à s'aventurer en zone interdite, au-delà de la blue line, pour recueillir leurs images.

On dit d'elle, c'est selon, qu'elle ne sert à rien ou qu'elle est le plus grand succès des opérations de paix de l'ONU. Placée en «alerte renforcée» depuis que trois roquettes ont été tirées contre Israël jeudi dernier, la Finul, force intérimaire des Nations unies au Liban, a bandé ses muscles. Cinq mille hommes sur le terrain, la «Force de réaction rapide» et ses chars Leclerc sur les routes, des reconnaissances hélicoptères, des patrouilles 24 heures sur 24. «Comme souvent, pour se faire respecter, il faut montrer sa détermination de manière ostensible», affirme le général Olivier de Bavinchove, chef d'état-major de la Finul.

Effet dissuasif

Déconsidérée en 2006, quand elle s'était retrouvée, après vingt-huit ans d'existence, impuissante au milieu des combats, la Finul a depuis sorti ses griffes. L'écureuil s'est mué en ours pour faire régner l'ordre entre le fleuve Litani et la frontière israélo-libanaise. De 2 000, les effectifs sont passés à 12 000. Jamais opération onu­sienne n'avait connu une telle concentration de Casques bleus. Les nations européennes, au premier rang l'Italie et la France, ont investi la force. Mais surtout, son mandat a été durci par la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui, pour empêcher la reprise des hostilités entre Israël et le Liban et permettre aux Forces armées libanaises (FAL) de réinvestir le sud du pays, a pourvu les Casques bleus de règles d'engagement robustes.

«Ces deux ans ont été les plus calmes de l'histoire de la mission. Nous avons réussi à faire respecter la trêve», se félicite le général italien Claudio Graziano, qui commande la Finul. Jusqu'à jeudi, aucune roquette n'avait été tirée contre Israël depuis juillet 2007. Pour le colonel Casanova, c'est l'effet dissuasif de la Finul, le quadrillage très serré de la région, qui a permis «de réduire considérablement le risque de guerre» et calmé les ardeurs du Hezbollah.

Mais c'est aussi parce que le Hezbollah, qui a capitalisé sur sa «victoire» de 2006, s'est volontairement tapi dans l'ombre. En pleine campagne électorale, le mouvement chiite n'a sans doute pas intérêt à rallumer maintenant la guerre avec Israël. Dans son grand bureau surplombant Beyrouth, le chef d'état-major de l'armée libanaise, Jean Kahwaji, est sûr de lui : «Je ne laisserai personne nous entraîner dans un conflit régional. Le Hezbollah ne tirera pas de roquettes contre Israël», promet-il.

«Usines à terroristes»

Si elle interdit toute manifestation visible de la force armée du Hezbollah, la Finul n'est pas ­censée fouiller les habitations ­privées. Dans cette région chiite qui lui est largement acquise, le «parti de Dieu» est considéré comme un mouvement de résistance à Israël par la population. Selon les services de renseignements israéliens, il s'est renforcé depuis 2006 et posséderait aujourd'hui 40 000 roquettes, dont certaines pourraient atteindre Tel-Aviv. Vendredi, les Casques bleus sont tombés sur une cache de 34 roquettes et un stock de munitions du Hezbollah, dans la région de Kafer Chouba. Quant aux camps palestiniens qui ont poussé sur le littoral et les collines libanaises pour abriter environ 700 000 réfugiés apatrides, ils sont devenus, selon les mots d'un officier français, «des usines à terroristes», pénétrés par tous les groupes fondamentalistes de la région.

Ce sont les limites de la Finul. «En sécurisant la zone, nous avons rempli notre mission et ouvert une opportunité. Ce qu'il se passe au nord du Litani et à Beyrouth ne fait pas partie de mon domaine de compétence. Il appartient désormais à la diplomatie et aux partis politiques libanais de saisir cette oppor­tunité. Sinon, la situation se dégradera à nouveau», prévient le général Claudio Graziano. Il reconnaît une autre faiblesse à la force : «Nous sommes censés partir lorsque l'armée libanaise pourra prendre notre place. Mais elle est loin d'avoir l'équipement nécessaire.» Quant à exporter le mo­dèle à Gaza, il reste prudent. «La Finul est un projet pilote qui a fait ses preuves. Mais, pour pouvoir reproduire ce succès, il faut qu'il y ait une paix à sauvegarder, ce qui est loin d'être le cas à Gaza.»

» Les islamistes palestiniens campent sur leurs positions

» DOSSIER SPECIAL - La guerre à Gaza

La force des Nations unies
sur le qui-vive au Liban

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
2 commentaires
  • Meldon

    le

    et ceux des autres qui prennent des risques pour en retirer bien peu de gloire.

  • Fenac

    le

    Incident. Observation et compte-rendu immédiat de la part des forces de l'ONU. Vérification par les états-majors (il ne faut pas transmettre n'importe quoi...). Analyse de la situation, 48h, rapport à L'ONU après encore 48h pour bien peser chaque terme du rapport, chacun doit avoir entériné le texte. le rapport arrive à New-York, il faut demander à l'EM au Liban s'il est bien sûr de ce qu'il avance, éventuellement demander une vérification (48h car on a semé le doute...). Confirmation. Comment présenter l'affaire, à qui? Réunion de quelques initiés. Discussions pour savoir si l'évènement vaut le coup d'être révélé. Finalement, on en rend compte au cabinet du Président, lequel ne veut en référer à son "Maître" que si cela est bien avéré, contrôlé, confirmé. Re-contrôles, une semaine. Finalement, on décide d'en parler au chef, lequel réfléchit pendant quelques jours, en prenant le conseil de quelques amis du sérail. Doit-on ou non convoquer la réunion du conseil de sécurité? Une semaine. On convoque pour dans une semaine, le temps que chacun ait pu s'imprégner du dossier, d'en avoir référer à son gouvernement qui, lui aussi doit en débattre à son niveau. Bref, tout cela pour dire que les forces de l'ONU ne sont mises en place, parfois au péril de leur vie, uniquement parce que le "Machin", comme l'appelait le général de Gaulle, puisse faire de la gesticulation qui paie des qens qui ne servent à rien. Au fait, l'incident initial n'a pu être traité que 4 mois après son déclenchement. Ainsi va la vie....politique.

À lire aussi