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Y a-t-il une importation du conflit israélo-palestinien en France ?

Par Antonin Sabot

Publié le 15 janvier 2009 à 16h13, modifié le 15 janvier 2009 à 16h45

Temps de Lecture 3 min.

"On constate une recrudescence indéniable" des actes racistes et antisémites, assure le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), chargé, sous l'égide du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), de recenser les actes antisémites en lien avec le ministère de l'intérieur. Depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza, le gouvernement se montre particulièrement vigilant sur la question. Le SPCJ a enregistré 55 actes ou menaces (allant des insultes à la tentative d'incendie) en trois semaines, alors qu'en 2008 il en a comptabilisé 261. Lundi 12 janvier, une réunion entre associations "refusant l'importation du conflit" a eu lieu au ministère de la ville ; elles y ont exprimé leurs craintes de revivre les événements de 2000, lors de la seconde Intifada.

Y a-t-il une augmentation des violences racistes et antisémites ? Depuis 2000, "on constate une augmentation globale des actes racistes, antisémites ou islamophobes et les pics se font en lien avec l'actualité au Proche-Orient", explique Michel Forst, de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, organe qui recense l'ensemble des violences racistes. Ainsi, à la fin des années 1990, on dénombrait moins de 200 actes et menaces racistes par an. En 2000, alors que la seconde Intifada commence, on passe à 902 actes et menaces, dont 743 à caractère antisémite. Autre pic en 2002 (1 331 actes et menaces, dont 932 antisémites) avec l'occupation de la Cisjordanie, puis en 2004 (1 574 actes et menaces dont 974 antisémites) au moment où la situation en Irak se détériore. L'augmentation concerne plus les menaces que les actes, mais certains faits graves, telles les tentatives d'incendie de synagogues, augmentent beaucoup – déjà trois en trois semaines, contre neuf en 2007.

Les années suivant les pics, le nombre de ces actes diminue à chaque fois significativement. Le nombre d'actes antisémites reste relativement bas en 2006 alors même qu'Israël bombarde le Liban. Certains estiment donc que le rapport des violences semble plus évident avec les manifestations en France qu'avec les événements au Proche-Orient eux-mêmes. "En 2006, les manifestations de soutien aux Libanais et aux Palestiniens ont attiré beaucoup moins de monde que celles qui avaient eu lieu pendant la deuxième Intifada et que celles que l'on observe depuis le début de la guerre à Gaza", explique Marc Hecker, chercheur à l'Institut français des relations internationales.

Est-ce une importation du conflit ? "Les auteurs des violences semblent être des délinquants, pas des militants. C'est en tout cas ce que l'on avait pu constater pendant la deuxième Intifada", analyse Marc Hecker. Dans ce sens, on ne peut pas parler d'importation du conflit. "La situation est bien différente de celle des années 1970, où une véritable stratégie d'exportation du conflit israélo-palestinien vers l'Europe était à l'œuvre. Des groupes palestiniens commettaient alors des attentats sur le sol français et plusieurs représentants de l'Organisation de libération de la Palestine ont été assassinés par les services secrets israéliens à Paris."

Toutes les associations voient aussi dans les violences des derniers jours des actes isolés plutôt qu'organisés. Les jeunes des quartiers ne sont pas entraînés dans une logique de violence et ce type d'acte "n'est pas du tout un sujet de discussion dans les quartiers", rassure Abdat Ameziane, président de l'association Zy'Va à Nanterre. Il dit en revanche déplorer certains appels à manifester qui se font par SMS et "utilisent des termes que les jeunes ont du mal à analyser. Des appels violents utilisant par exemple le mot 'génocide' attisent les tensions".

Que font les pouvoirs publics ? "Il faut voir à quelle pression médiatique sont soumises les familles qui regardent les chaînes satellitaires. Les images très dures balaient les digues que l'on a montées en France", souffle un proche de Fadela Amara. La secrétaire d'Etat a donc prévu la création d'un spot publicitaire pour "promouvoir le vivre ensemble" et ainsi contrebalancer la pression des images. Et mise sur la complémentarité des approches avec les ministères de l'intérieur et de l'éducation nationale, qui devra "donner des clés pour sortir de l'émotion".

"Les pouvoirs publics semblent avoir bien pris en compte le problème depuis l'an 2000", explique Ariel Goldman, vice-président du CRIF et président du SPCJ. Le ministère de l'intérieur a placé sous surveillance certains groupes ou personnes considérés comme "activistes". Une circulaire aux préfets leur demande de protéger particulièrement les "établissements ou institutions représentant une sensibilité particulière" et d'entrer en contact avec tous les organisateurs de manifestations. "Ce qu'on espère maintenant, confie Abdat Ameziane, c'est que le conflit de Gaza ne s'éternise pas."

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