Au premier jour d'un fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza, les dirigeants de plusieurs pays européens et arabes se sont retrouvés, dimanche 18 janvier, à Charm El-Cheikh, en Egypte, pour tenter de consolider la trêve décrétée à la fois par Israël et par le Hamas palestinien. La réunion, convoquée à la hâte par les présidents égyptien, Hosni Moubarak, et français, Nicolas Sarkozy, visait à soutenir le plan de paix de l'Egypte, qui appelle les deux camps à faire des concessions. Les participants ont exhorté le Hamas à cesser ses tirs de roquettes sur Israël. Ils ont appelé l'Etat juif à annoncer un retrait rapide de ses forces de la bande de Gaza et à lever le blocus du territoire palestinien. Le président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, était présent, mais ni le Hamas ni Israël n'ont participé aux discussions.
"Il faut maintenant qu'Israël indique clairement que si les tirs de roquettes s'arrêtent, l'armée israélienne doit quitter Gaza", a prévenu M. Sarkozy. Avec les cinq autres dirigeants des pays européens présents (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni et République tchèque), le président français s'est rendu le soir même en Israël pour un dîner avec le premier ministre, Ehoud Olmert. Soucieux de montrer qu'ils sont "aux côtés d'Israël pour assurer son droit à la sécurité", les Européens ont proposé d'aider à surveiller la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza, à travers laquelle transitent, par des centaines de tunnels, les armes du Hamas.
Répondant à une préoccupation majeure d'Israël, les Etats-Unis se sont déjà engagés à participer à la surveillance de cette frontière. Les Européens rejoignent l'effort en proposant "de mettre à la disposition d'Israël et de l'Egypte tous les moyens techniques, diplomatiques et militaires, notamment naval, pour aider à arrêter le trafic d'armes vers Gaza", a expliqué M. Sarkozy. Hosni Moubarak a prévenu que toute aide "technique" était bienvenue mais a rappelé que l'Egypte n'autoriserait "jamais des observateurs étrangers sur ses territoires".
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, également présent, a tenu à préciser que "le trafic" à travers les tunnels, par lesquels passent aussi la nourriture ou le carburant, était "un problème à cause de l'étranglement de Gaza". "Que pourraient-ils faire d'autre, sinon faire passer en contrebande les produits dont ils ont besoin en raison du blocus ? La contrebande est liée à l'ouverture des points de passage et à la fin du blocus", a-t-il affirmé.
Au sixième jour d'une tournée marathon à travers le Proche-Orient, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lui aussi invité, a annoncé l'envoi d'une mission d'évaluation humanitaire à Gaza. Un peu plus tôt, il avait rencontré à Damas le président syrien, Bachar Al-Assad. "Je lui ai demandé de bien faire comprendre au Hamas qu'il devait pleinement coopérer pour que le cessez-le-feu unilatéral déclaré par Israël mène à une trêve durable", a expliqué M. Ban à des journalistes, à bord de son avion. Quelques heures plus tard, selon une source de l'ONU, le ministre des affaires étrangères syrien a appelé le secrétaire général pour lui annoncer que le Hamas allait à son tour décréter un cessez-le-feu - un "aveu" de l'influence de la Syrie sur le Hamas, selon cette source.
En route pour le Koweït, où se tenait lundi un sommet arabe, Ban Ki-moon s'est inquiété du fossé entre pays arabes "modérés", ralliés autour de l'Egypte, de la Jordanie et de l'Arabie saoudite, et les tenants d'une ligne plus radicale incarnée par la Syrie et le Qatar. Sans proposer de date, Nicolas Sarkozy avait auparavant suggéré de "profiter de cette crise" pour organiser une conférence de paix internationale qui poserait les jalons d'une "paix durable" au Proche-Orient.
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